Aussitôt annoncée par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, la décision du gouvernement interdisant la prise de photo avec le hidjab et la barbe dans le passeport et à la carte d'identité biométriques a suscité les réactions des uns et des autres. Si le ministre de l'Intérieur a coupé court à toute spéculation, les islamistes, ne l'entendant pas de cette oreille, se sont lancés dans une «fausse polémique» autour de cette question. Mobilisés plus que jamais, les partis politiques islamistes ont affiché leur refus catégorique de cette décision. Ils estiment que la femme n'a pas le droit, vis-à-vis de la religion, d'enlever son voile pour prendre une photo. Un avis perçu comme une réponse à la déclaration de Zerhouni qui avait indiqué que le voile devra être ôté conformément au règlement international et la donne actuelle qui exigent que le front et les oreilles soient apparents sur la photo. Le MSP, parti du feu Nahnah, a été le premier à fustiger les déclarations du ministre de l'Intérieur. Son président, Bouguerra Soltani, s'est dit «étonné» par les déclarations «de certains responsables au sujet de la nécessité d'enlever le voile et de se raser la barbe pour se faire délivrer le passeport et la carte d'identité biométriques. Le chef de file du MSP a préféré lancer le débat sur l'exigence d'enlever le voile sur les photos alors que cette dernière, qui a été fixée par les instances internationales, existait depuis toujours . La polémique stérile n'est pas un phénomène nouveau en Algérie. Après la peine de mort et le Code de la famille, c'est au tour des documents biométriques de remettre sur le tapis les réticences de certains, mettant, ainsi, les dossiers chauds au placard. Le même avis est exprimé par le parti d'El-Islah, qui a souligné, dans un communiqué, que le port du voile ne pose pas problème pour l'identification des personnes. Le même parti a fait part de son intention de soulever ses inquiétudes aux hautes instances du pays. Le ministre des Affaires religieuses, M. Ghlamallah, a été fustigé par les uns et les autres sur ses récentes déclarations concernant ce sujet. «Si la loi oblige la citoyenne de prendre une photo où doivent apparaître ses traits, cette dernière doit s'y conformer, mais si la loi lui laisse le choix, elle a alors la liberté de décider», a déclaré M. Ghlamallah. Il a, ainsi, lancé un véritable pavé dans la mare. De son côté, le président de l'Association des ouléma algériens, Abderrahmane Chibane, a qualifié la décision du ministère de l'Intérieur de violation de la religion et de la constitution. Le religieux s'est interrogé sur la raison qui a poussé le gouvernement à prendre une telle décision sans consulter les spécialistes. Le Front des forces socialistes, par le biais de son premier secrétaire Karim Tabbou, a affiché, alors que tout le monde s'attendait au contraire, son mécontentement face aux mesures prises par le ministère de l'intérieur. Quoique les procédures pour la constitution du dossier du passeport biométrique sont très compliquées – les citoyens se plaignent de la complication du formulaire et des documents à fournir –, les regards sont braqués, aujourd'hui, sur la question du foulard et de la barbe.