Avec ses quatre millions de palmiers dont plus de deux millions et demi qui donnent des dattes de première qualité, la wilaya de Biskra se trouve bouclée par une présence permanente des gendarmes sur le terrain à travers des patrouilles mobilisées jour et nuit notamment au niveau du Ziban ouest où se situent plus de deux millions de palmiers dont plus de 50% à Tolga et Fourala. Selon le commandant de groupement de Gendarmerie, le lieutenant-colonel Abdelkrim Remli, le vol des dattes a enregistré un recul notable depuis la mise en œuvre dudit dispositif permettant de faire avorter toutes les tentatives de vol et l'arrestation immédiate des malfaiteurs. «Après étude de la carte de criminalité dans la wilaya, nous avons mis en place un plan d'action spécial pour la lutte contre le vol de dattes et ce, par la mobilisation de plusieurs véhicules de différentes brigades qui investissent les alentours des palmiers en permanence. Informés du dispositif, les habitants n'ont pas hésité à coopérer en dénonçant les malfaiteurs et en contactant les gendarmes en cas de présence de personnes douteuses. En étant déjà sur le terrain, les éléments arrivent à temps et appréhendent les voleurs en flagrant délit» a affirmé le représentant de la Gendarmerie nationale en indiquant que ses services sont intervenus depuis le début de l'année dans neuf tentatives de vol où les criminels ont tous été arrêtés, présentés à la justice et écroués. Selon des témoignages recueillis sur place, les malfaiteurs envahissaient les lieux durant la nuit, montaient les palmiers et coupaient le maximum de branches de dattes avant de les transporter vers des destinations inconnues à bord de véhicules avant même que les services de sécurité ne soient avertis. Avec le dispositif actuel, les gendarmes sont près des lieux et sont aussitôt avertis qu'ils peuvent intervenir efficacement. D'ailleurs, la présence de leurs véhicules a pu à elle seule gêné les criminels qui ne trouvent plus de solutions. Une action fort appréciée par la population locale qui témoigne de l'efficacité du dispositif sécuritaire et exprime un meilleur sentiment de sécurité. A noter, par ailleurs, que les dattes de Biskra déjà exportées vers plusieurs pays du monde, ont toujours attiré les contrebandiers nationaux et étrangers qui tentent de les transférer illégalement via les frontières Est et Ouest d'où le durcissement des contrôle sur les différents axes routiers pour préserver ce produit de l'activité criminelle. Cette marchandise juteuse est transportée, par des agriculteurs ou commerçants qui doivent présenter la carte d'agriculteur ou les factures d'achat aux points de contrôle leur permettant de la revendre dans d'autres wilayas. Certains de ces personnes procèdent légalement jusqu'aux wilayas frontalières où les dattes de Biskra sont souvent victimes de la contrebande alors que plusieurs Algériens ne les ont jamais goûtées. 400 hectares de légumes irrigués d'eau usée La fertilité de la terre et les nappes phréatiques bien remplies, ont permis à la porte du Sahara une diversité agricole de fruits et légumes de premier choix. La wilaya est, en effet, de vocation agricole en premier lieu avec une superficie de terres fertiles de plus de 178 000 hectares. L'agriculture est encore plus intense et réussie dans la région du Ziban est (Sidi Okba et Zeribet-El-Oued) connue par la diversité et la bonne qualité de plusieurs produits dont la tomate, le piment, le melon et la pastèque qui sont cédés à des prix très bas avant de flamber sur leur trajet vers le Nord du pays. Biskra a connu ces dernières années l'implantation de centaines de serres occupant actuellement 2 318 hectares et permettant d'augmenter son activité agricole. Les terres irriguées s'étendent sur près de 110 000 hectares, soit environ 60% des terres agricoles mais cela reste insuffisant pour les agriculteurs qui utilisent les eaux des nappes nécessitant d'énormes dépenses d'où l'avènement du phénomène de l'irrigation avec des eaux usées. En effet, au Ziban est et un peu plus loin, l'eau est moins disponible et plus coûteuse si elle est cherchée sous les nappes, alors des affaires d'irrigation avec des eaux usées sont souvent enregistrées. Pas plus tard que vendredi dernier, les gendarmes de la compagnie de Biskra ont traité une affaire du genre à Mesdour impliquant sept personnes. Les mis en cause ont été interpellés en flagrant délit en train de pomper les eaux de l'oued Zarzour et les utiliser pour l'irrigation de plus de 400 hectare de terre agricole. Un matériel important a été saisi sur place dont 17 moteurs et deux pompes à eau que les malfaiteurs utilisaient pour une activité qui porte atteinte à l'environnement et à la santé publique et durement sanctionnée par la loi, soit dans le code des eaux qui édicte en son article 179 des peines d'emprisonnement allant d'une à cinq années de prison ferme et des amendes allant de 50 à 100 millions de centimes. Les mis en cause ont été verbalisés et seront convoqués par la justice qui les condamnera selon la gravité des délits. Quand le cheptel est trahi par le berger La porte du désert est aussi une région pastorale notamment au Ziban sud-ouest où l'élevage du cheptel est l'activité la plus fréquente. Aussi la qualité du cheptel de Ouled Djellal et Sidi-Khaled est très réputée attirant ainsi les voleurs et les contrebandiers. Avec les moyens de surveillance presque inexistants, les habitants du Ziban pastoral sont souvent victime des vols de cheptel par des malfaiteurs qui profitent de la nuit pour conduire ces animaux chers vers d'autres lieux où ils sont revendus ou destinés à la contrebande via les frontières est du pays. D'autres vols sont enregistrés même en plein jour quand certains bergers sont agressés dans des lieux isolés où quant ils manquent à leurs principes et deviennent complices des voleurs auxquels ils cèdent le cheptel avant de déclarer une agression suivie de vol. Devant l'ampleur qu'a pris cette forme de criminalité organisée, les gendarmes ont adopté leur dispositif et tentent de faire de leur mieux en assurant des patrouilles et en sensibilisant les propriétaires sur la nécessité de renforcer la surveillance et accélérer la déclaration des vols avant que leurs biens ne disparaissent dans la nature. Suite au dispositif sécuritaire adapté, le phénomène du vol de cheptel a connu durant le premier trimestre de l'année en cours un recul par rapport aux périodes précédentes. Deux affaires ont été traitées engendrant l'arrestation de onze malfaiteurs et la récupération de 135 têtes de cheptel volés. A noter que la situation géographique de la wilaya de Biskra a fait d'elle un point de passage de plusieurs formes de criminalité organisée entre les six wilayas limitrophes. Elle est délimitée au nord par la wilaya de Batna, au nord-est par la wilaya de Khenchela (Biskra partage 120 km des montagnes des Aurès avec ces deux wilayas), au nord-ouest par la wilaya de M'sila, au sud-ouest par la wilaya de Djelfa, au sud-est par la wilaya d'El-Oued et au sud par la wilaya de Ouargla. Deux faux agents Sonelgaz arrêtés Bien que Vescera (appellation romaine de Biskra signifiant carrefour des échanges commerciaux) ne soit pas une région de forte activité criminelle, elle n'a pas été épargnée de nouvelles formes d'atteinte à la sécurité et à la quiétude des habitants. Ces derniers qui croient beaucoup à la confiance et la parole sont souvent victimes de situations d'arnaque causées par des escrocs professionnels qui profitent de leur naïveté. Durant le mois de mars dernier, deux escrocs ont réussi leur coup en se faisant passer par des agents Sonelgaz spécialisés dans l'installation de compteurs d'électricité et l'établissement des factures. La première affaire a été enregistrée à Ourlal où suite à des renseignements faisant état d'activité douteuse d'un «agent de ladite entreprise», les gendarmes ont ouvert une enquête ayant permis l'arrestation d'un agriculteur universitaire âgé de 37 ans, pour escroquerie et faux et usage de faux. Le mis en cause se faisait passer pour un professionnel qui proposait aux habitants d'une localité, l'installation rapide des compteurs d'électricité contre le paiement de 20 000 DA avant de revenir vers ses victimes pour encaisser les factures «fictives» de consommation d'énergie électrique en présentant des fausses factures et des reçus de paiement. L'escroc a arnaqué plus d'une vingtaine de familles avant qu'il ne soit arrêté en possession de 57 compteurs mécaniques et numériques volés. Un autre malfaiteur a été arrêté pour la même activité dans la région de Laghrous suite à une enquête ouverte à l'issue d'une plainte déposée par Sonelgaz ayant découvert dans une maison un compteur non répertorié par ses services. Par ailleurs, le groupement de gendarmerie de Biskra a planifié de jeudi à hier une opération de grande envergure dans toutes les régions dépendant de son secteur de compétence. L'intervention s'est soldée par l'identification de plusieurs centaines de personnes et véhicules. Six personnes recherchées en vertu de mandats de justice ont été appréhendées, 15 autres ont été arrêtées pour port d'armes blanches prohibées, cinq pour détention et consommation de psychotropes et 21 autres pour ivresse publique et manifeste. Il s'agit de la 56e opération coup-de-poing des gendarmes depuis le début de l'année. Ainsi, nous quittons la reine des Zibans et son charme naturel empreint du calme de ses habitants qui maîtrisent parfaitement leurs nerfs et ne manifestent jamais de mécontentement par la violence mais une grande compréhension et coopération avec les différentes autorités locales. Caractère spécifique aux habitants du Sud dont le calme est une autre richesse. De notre envoyée spéciale à Biskra, Radia Zerrouki