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La datte, victime de son abondance"
Spéculations sans scrupules et craintes des fellahs
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2006

Pour combien de temps encore, le palmier dattier demeurera-t-il la clé de voûte de l'agriculture algérienne ?", s'interrogent les fellahs. Il n'y a pas si longtemps, il jouait un rôle de première importance dans la vie sociale, culturelle et économique des Oasis en général et des Ziban en particulier ; il y créait et crée toujours les conditions propices et environnementales qui permettent à d'autres activités agricoles et pastorales — arboriculture, cultures fourragères, élevage de moutons, maraîchage en plein champ et plasticulture, activités encouragées, il est vrai, par les multiples aides et subventions de l'Etat — de se développer exponentiellement… à ses dépens !
Cette année les fruits du palmier et de notre labeur, les dattes en l'occurrence et particulièrement la Deglet Nour sont victimes de leur abondance" répètent à l'envi, les fellahs des Ziban, à qui veut bien leur prêter une oreille attentive et compatissante. Et ce n'est pas " Si Saïd Barkat " le ministre de l'agriculture et du développement rural "un enfant du pays et qui autrefois après avoir passé la journée à soigner les malades, allait dans un coin récupéré sur le désert, planter des palmiers de ses propres mains à une époque où personne ne misait un centime sur le devenir de l'agriculture " ajoutent ces fellahs, qui les contredira., Lui qui, dans une récente déclaration, en marge d'une journée d'information, affirmait que la production de dattes des quelque 11 millions de palmiers en rapport, sur les 17 millions que compte l'Algérie et dont plus de la moitié, tous les fellahs en conviennent, a été plantée ces dernières années grâce aux subventions du PNDA, va atteindre cette année, selon les estimations les plus rigoureuses, 550.000 tonnes "un record jamais atteint en Algérie".
Récolte execeptionnelle
Or cette récolte "exceptionnelle" ne trouve pas pour l'instant, preneur ni sur le marché intérieur, ni à l'exportation, disent amèrement certains producteurs. Faut-il rappeler qu'en tout et pour tout, seulement 11 000 tonnes de Deglet Nour ont été écoulées à l'étranger, en 2005 ? Ce qui représente à titre d'exemple, le tiers du tonnage de dattes qu'a pu placer en France, l'année dernière, un seul exportateur privé natif du Djerid, parmi la vingtaine que compte la corporation en Tunisie, un pays qui produit 3 fois moins de dattes que l'Algérie et exporte 10 fois plus, semble-t-il !. Les craintes des producteurs sont-elles fondées ? On est tenté de répondre par l'affirmative dans la mesure où selon les observateurs de la "bourse" des dattes, au moins trois facteurs se sont ligués, cet automne, contre les intérêts particuliers des fellahs. D'abord, et il faut le répéter encore, il y a eu l'effet d'annonce de l'exceptionnelle abondance de la récolte prévue pour cette année ; ensuite la rapacité des spéculateurs s'est mise en branle, enfin les aléas du calendrier ramadhanesque n'ont rien arrangé du tout .En effet dans l'agenda de tout négociant en dattes — la campagne de vente durant tout au plus 4 mois par an — le début du mois du Ramadhan et la période des fêtes de fin d'année, sont en quelques sorte pour le commerce des dattes ce que sont les heures de pointe pour la circulation automobile. Fatalement il y a précipitation et encombrement. Effectivement avant l'entame du mois sacré, les prix des dattes molles avaient déjà atteint sur les marchés du gros comme au détails des pics jamais égalés, à la grande satisfaction bien sûr, des petits fellahs heureux d'écouler leurs dattes primeurs : Mnaggar, Itma et autres Zogg El Moggar, cueillies une à une, à la main, aux faîtes des palmiers à des prix allant jusqu'à 250 Da le Kg.
World datte center
Il faut noter qu' à cette période précise de la campagne des dattes, des spéculateurs sans scrupules, venus de nulle part, faisaient déjà tous les marchés, à la recherche de la moindre datte ; ils s'y baladaient, avec leurs sacs plastiques en bandoulières bourrés de liasses de 1000 DA, portés en bandoulière si ostensiblement et si négligemment que plusieurs d'entre eux, en furent rapidement délestés, sans vergogne par des voleurs à la tire qui profitant de l'absence de forces de sécurité à ces endroits précis, écumaient et écument encore impunément les marchés de gros situés à la périphérie de la ville. Parlons-en de ces marchés : le plus important est formé d'une barre de baraquements métalliques, de méchante allure, et se trouve à l'est du chef-lieu de la wilaya à l'entrée de Filiache ; l'autre, un terrain vague de la zone ouest, est coincé à l'intersection des nationales N° 3 et 86 et érigé sur le territoire de la commune d'El Hadjeb qui en tire de substantiels droits de stationnement sans pour autant y investir le moindre sou dans les infrastructures les plus élémentaires ! Pas d'eau, Pas d"électricité, Pas de sécurité… Est-il convenable de faire découvrir à un visiteur local ou étranger, la diversité de nos dattes et lui faire goûter leur reine, la Deglet Nour dans des endroits pareils ? La Deglet Nour de réputation mondiale et qu'on compte sérieusement labelliser, ne mérite-t-elle pas une maison de la datte ou plutôt un palais, que dis-je ? Une tour en verre et en aluminium, un World Date Center d'autant que ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent à l'état mais des idées novatrices. Dans cette prestigieuse institution où seraient installés tous les opérateurs publics, privés et étrangers ayant un quelconque lien avec la datte en plus des représentants pouvoirs publics, des banques des producteurs, des consommateurs et des exportateurs, un guichet unique facilitera grandement le travail aux exportateurs comme aux investisseurs de la filière agroalimentaire.
Le couloir vert
Aujourd'hui, sur les marchés de gros d'innombrables piles de caisses de dattes posées à même le sol et exposées à la poussière , au pullulement des insectes et surtout aux chocs thermiques du soleil "dans l'ignorance totale de l'effet qu'un entreposage dans de telles conditions puisse avoir, à la fois sur l'apparence et sur la qualité de la datte : dégradation de la couleur qui vire au brun puis au noir, perte d'eau ou démarrage rapide du processus de décomposition", précise un agronome spécialisé en phœniciculture, qui nous a accompagné dans notre enquête sur les marchés. Nous y avons rencontrés des petits producteurs renfrognés, le jeûne y est peu -t- être pour quelque chose ? Ils attendaient en tout cas, vainement le gros client et finissent par brader leurs produits, pourtant d'excellente qualité au premier venu, à des prix dérisoires : 50 à 80 DA le Kg, moins chers que les patates à 60 DA. En attendant des jours meilleurs les producteurs et autres exportateurs ont appris dernièrement qu'un nouveau dispositif appelé "couloir vert" va être mis en place et ce à fin d'assurer "une fluidité maximale des opérations d'exportation permettant l'acheminement rapide de la datte aux ports d'entrée", a-t-on indiqué au ministère de l'agriculture et du développement rural. M. B. Mohellebi, directeur des douanes à Biskra nous a expliqué qu'en ce qui concerne le passager qui rentre ou qui sort d'un pays et qui ne possède pas d'articles pouvant faire l'objet de droits de douane, s'il veut gagner du temps, emprunte le couloir vert pour réduire les formalités de douanes à leur strict minimum. En ce qui concerne les produits et particulièrement les dattes, les déclarations parvenues à la douane font l'objet d'un tri automatique par le système intégré de gestion ( SIGAD ) vers l'un de trois couloirs ( rouge, orange, vert ) en fonction de certains critères, notamment la nature et la valeur du produit, l'origine du produit et l'identification de l'exportateur (Pas de contentieux avec la douane) . Des douaniers aux petits soins avec les exportateurs Les marchandises considérées comme ne présentant aucun risque (de fraude), sont dirigées vers le "couloir vert". Pour ces marchandises, le bon à enlever (BAE) est émis automatiquement après vérification sommaire des documents déposés ou transmis par TTN." A Biskra nous faisons encore mieux, ajoute B Mouhalbi, mes agents et les inspecteurs vérificateurs sont à la disposition des exportateurs 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7". A n'importe quelle heure du jour ou de la nuit les douaniers a-t-on assuré, se rendent dans l'usine de l'exportateur et au fur et à mesure que les colis de dattes destinés à l'exportation sont présentés pour être chargés dans le conteneur, ils sont physiquement contrôlés : on en vérifie le poids et la qualité phytosanitaire. A la fin du chargement le conteneur est plombé et le BAE apposé. Le conteneur peut immédiatement prendre la route. Une fois arrivé au port, après un simple contrôle des scellés et la vérification du BAF, le conteneur, en principe, est aussitôt chargé sur le bateau. "Seulement voilà conclut le directeur des douanes de Biskra, sur les 30 exportateurs enregistrés dans la wilaya des Ziban , 5 travaillent avec nous ; les autres préfèrent, je ne sais pour quelle raison, déclarer et expédier leurs marchandises hors de Biskra ? C'est leur bon droit, après tout ! "Je n'en disconviens pas, confirme Mr Hassan Soltani ingénieur agronome, PDG de SUDACO, lui qui dirige depuis une dizaine d'années l'unité de conditionnement de dattes de Biskra issue de la restructuration de l'Office National de la Datte (OND) le plus ancien et le plus sérieux des exportateurs des Ziban, "les douaniers viennent effectivement sur le site de l'usine contrôlent le marchandise, plombent le conteneur et nous délivre le bon à enlever (BAE). Les contraintes liées à l'exportation de la datte sont ailleurs".
Des clentts exigeants
Il y a d'abord les clients étrangers et moyens orientaux, précise H. Soltani ; Ils ne badinent ni avec la traçabilité ni avec la qualité du produit qu'ils achètent pour le compte des consommateurs européens, ou musulmans du Golfe, réputés très exigeants. Une seule erreur dans un colis de 500 grammes (défaut de calibrage ou présence à des doses infinitésimales de produits chimiques bannis par le règlement phytosanitaire) et c'est la cargaison tout entière qui est refusée et retournée à l'expéditeur, à ses frais bien entendu. Il y a ensuite la corporation des exportateurs, ajoute-t-il, elle n'a pas su ou n'a pas voulu s'organiser en association de professionnels, sans compter les problèmes du fret, la rareté de la desserte à partir des ports algériens vers Marseille ou vers d'autres destinations (une rotation unique de bateau par semaine). Quant aux fameuses subventions au transport des dattes destinées à l'exportation, disent les exportateurs que nous avons contactés, il semble qu'elles n'auraient jamais été réglées de façon convenable. Du reste les banques ne jouent pas pleinement leur rôle précieux de conseils au près de leurs clients et ne les accompagnent pas dans leurs démarches pour regagner les parts de marché que des exportateurs dynamiques avaient conquises de haute lutte à l"étranger, dans les années 1 960. "Les banques algériennes, c'est connu, ne prennent aucun risque et pire encore n'accordent aucun crédit à l'export" affirme un autre exportateur. Par ailleurs la Banque d'Algérie qui a le pouvoir de contrôler et de suivre les rapatriements de fonds liés à l'exportation, s'arroge le droit de ne restituer en devises fortes que 50% des recettes à l'exportateur, l'autre moitié, il l'a touchera… en DA quand la banque veut bien…
Il ne faut pas désespérer les fellahs
Avec l'aide de l'état, les jeunes exploitants agricoles de la région de Biskra, qui aiment à relever les défis, ont fait fleurir le désert, n'en déplaise à tous les contradicteurs du PNDA. Leurs 4 millions de palmiers dattiers dont la moitié a été plantée ces dernières années est une réalité incontournable. Ces dattiers entreront tous en production dans un proche avenir, un palmier mature produisant jusqu'à un quintal de dattes. Et bien qu'ils continuent à faire confiance aux pouvoirs publics pour résoudre les problèmes liés, maintenant à la… surproduction des dattes, ces jeunes qui ont investi une part d'eux même dans la plantation de l'arbre à vie ont cependant "quelques raisons d'être inquiets quant à l'avenir du palmier dattier dans la région des Ziban". Beaucoup d'entre eux ne jurent aujourd'hui que par les serres sous plastiques qui contrairement à la phœniciculture assure au minimum 2 récoltes par an à leurs propriétaires.


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