, Le panorama, vu du haut de la digue du barrage géant de Béni-Haroun, au nord du chef-lieu de la wilaya de Mila, se transforme au printemps, en tableau «ensorcelant» que l'on compare volontiers à une tapisserie de fleurs sauvages formant un collier de long de dizaines de km, entre le ciel limpide et un magnifique lac artificiel. C'est à l'occasion du 2e salon des arts plastiques, «Milev», que les artistes de la wilaya de Mila ont choisi de consacrer, mercredi, une sortie champêtre au site de cet imposant ouvrage, se proposant de le peindre selon leur inspiration, à partir des angles de vues que chacun aura choisi. L'idée consistait à participer à la «construction» de traditions culturelles qui se tissent naturellement autour de cet important ouvrage hydraulique au bord duquel il sera tout à fait familier de voir un pêcheur à la ligne côtoyer un peintre besogneux, fronçant les sourcils devant un chevalet, les trépieds plantés au milieu des pâquerettes. Aussi, souligne un artiste participant à ces joutes plastiques, «peu importe que l'on opte pour le pinceau et la peinture à l'huile, le crayon à mine, la gouache ou l'aquarelle, pourvu que l'on contribue par l'art, à dégager les meilleures images qui feront la promotion la plus large possible, que mérite le barrage de Beni Haroun». L'artiste Chafia Bendali-Hocine, chef de service au Musée national Cirta de Constantine, trouve «magnifiques» les couleurs qu'offre le paysage à Béni-Haroun, dans un décor qui allie de façon saisissante, l'eau et la montagne. Face à ce spectacle fascinant, dit-elle, «nul besoin d'imagination pour créer, il faut seulement de l'adresse pour copier». La plupart des artistes ont choisi spontanément de mettre en scène le pont de oued Dib qui met en valeur le plan d'eau, à l'exemple d'El-Hacène Souiad dont le «coup de crayon» est sûr, compte tenu de sa longue expérience de plasticien. Quant à l'artiste Meriem Bouard, animatrice d'un atelier d'arts plastiques à la maison de la culture, elle a eu l'idée de traduire la finesse des dégradés des couleurs, pendant que son voisin, Hassane Boudraâ achève une vue sur le versant de la montagne qui s'achève au bord du lac. Autre artiste participant à cette célébration picturale de la nature dans les environ du barrage de Béni-Haroun, Yaya Balout, a participé à plus de 60 expositions en Algérie et à l'étranger, notamment à Sharjah (Emirats arabes unis) en 2001, choisissant simplement de faire le portrait d'artistes travaillant sur les berges du barrage. Rachid Bara est, lui, spécialisé dans la miniature. Il constate qu'une telle manifestation permet avant tout, de mieux enraciner l'art et les artistes dans la société et de «sortir les arts plastiques des musées et des seules galeries spécialisées». La même opinion est défendue par Ali Benhafedh, un autre peintre du coin, qui souhaite que des rencontres comme celle-ci «se multiplient entre artistes afin de les amener à se confronter avec la société et de «sentir» l'art en tant que «besoin» et «demande sociale». La plupart des participants préfèrent les heures matinales ou l'heure du coucher du soleil pour saisir toute la splendeur de la lumière sur le paysage fabuleux gracieusement offert par le site du barrage de Béni-Haroun. Les enfants inscrits aux ateliers d'arts plastiques de la maison de la culture de Mila, ont également pris part à cette vivifiante manifestation de plein air. Ils étaient heureux de pouvoir de se frotter aux «grands», ce qui n'a pas manqué de les encourager à aller de l'avant dans leur apprentissage. Visiblement heureux du succès de cette sortie champêtre, entièrement dédiée à l'art, le directeur de la maison de la culture de Mila, M. Ammar Aziz, promet de consacrer une exposition pour mettre en valeur les toiles et les dessins réalisés par les artistes dont la muse aura été, l'espace d'une journée, le barrage de Béni-Haroun.