Habitants et équipes de sauveteurs tentent d'extraire des corps prisonniers de la boue qui a détruit nombre d'habitations au Guatemala lors du passage de la tempête Agatha, dont le bilan en Amérique centrale atteint, désormais, 146 morts. Les sauveteurs s'efforçaient, lundi, d'atteindre les zones rurales les plus affectées par les pluies diluviennes qui sont tombées durant le week-end sur la région. Malgré les appels des autorités à gagner les abris et abandonner les maisons en ruines recouvertes d'une boue dont se dégage une odeur nauséabonde, les sinistrés tentent de retrouver leurs proches portés disparus. Première grande tempête tropicale de la saison cyclonique du Pacifique, Agatha s'est abattue, samedi sur le Guatemala, avec une pluviométrie de plus d'un mètre dans la zone montagneuse de l'ouest du pays, ainsi que sur le Salvador, laissant craindre de gros dégâts pour la récolte caféière des deux pays. Une soixantaine de personnes étaient encore portées disparues, lundi au Guatemala, où, à la faveur d'une accalmie, des centaines de familles tentaient de retrouver leurs parents et de récupérer leurs biens. «Je n'ai personne pour m'aider. J'ai regardé l'eau tout emporter», raconte devant sa maison de briques entièrement détruite Carlota Ramos, une habitante d'Amatiltan, près de la capitale Ciudad de Guatemala. Les sauveteurs, épuisés, dégagent des pierres et des troncs d'arbres des ruines pour tenter de retrouver des survivants. «Nous n'avons que des pelles et des pioches. On n'a pas d'engin pour creuser», se lamente Mario Cruz, un pompier à l'oeuvre sans relâche depuis vendredi soir. D'autres ont marché plusieurs heures sur des chemins boueux pour atteindre les villageois piégés dans leurs maisons. Encore des jours de pluie Des hélicoptères ont acheminé des tentes et des fournitures médicales jusqu'aux localités reculées de la côte Pacifique et l'aide étrangère commence à arriver. Le gouvernement américain a donné 113 000 dollars pour des approvisionnements d'urgence et affréter les hélicoptères. Les autorités guatémaltèques devaient appeler formellement la communauté internationale à les aider hier. Le pays est le plus durement touché avec 123 décès et 59 personnes portées disparues, selon le dernier bilan communiqué par le gouvernement. Neuf décès ont été signalés au Salvador et 14 au Honduras. Si la tempête a faibli dans la nuit de samedi à dimanche en franchissant les montagnes de l'ouest du Guatemala, des pluies diluviennes sont encore prévues pendant plusieurs jours. Plus de 94 000 personnes ont été évacuées de leurs habitations menacées par des coulées de boue. L'Amérique centrale est particulièrement vulnérable aux fortes pluies en raison de son relief montagneux et de la faiblesse des réseaux de communication. Les secouristes craignent, en outre, des inondations plus graves que d'habitude en raison des cendres du volcan Pacaya, entré en éruption jeudi au Guatemala, qui obstruent le système d'évacuation des eaux. L'éruption du Pacaya, 40 km au sud de Ciudad de Guatemala, semblait toutefois marquer le pas dimanche, selon les services de la défense civile. Ce volcan est en activité depuis les années 1960 mais n'avait pas craché de roches et de cendres depuis 1998.