La visite du Commissaire européen et responsable de l'élargissement et de la politique européenne de voisinage (PEV), Stefan Füle, à Alger jusqu'à demain, sera l'opportunité d'aborder les perspectives des relations bilatérales. La visite de Stefan Füle intervient dix jours avant la tenue de la 5e session du Conseil d'association Algérie-UE prévue le 15 juin à Luxembourg. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la préparation de ce rendez-vous, en plus de la signature du Mémorandum d'entente pour le financement du programme de coopération de 2011 à 2013, d'un montant estimé à 172 millions d'euros en direction de six projets. L'accord d'association entre Alger et l'UE date du 22 avril 2002, signé à Valence sous la présidence espagnole après avoir été conclu le 19 décembre 2001 ; il est entré en vigueur en septembre 2005. Il est le fruit d'un marathon de pourparlers et négociations entamés durant les années 1990. Si les deux parties s'accordent à dire qu'elles portent un intérêt particulier au renforcement de leurs relations, il n'en demeure pas moins que des divergences subsistent, d'autant plus que des observateurs et des experts économiques ont mis en exergue les effets induits par ces accords profitent plus à l'Union européenne qu'à Alger. Il s'agit des facilitations accordées aux entreprises européennes en matière d'exportation de biens vers le marché algérien, perçu plus comme un espace d'écoulement de marchandises au moment où le produit algérien trouve des difficultés à accéder au marché européen. La rude concurrence et les pratiques en cours dans le marché européen défavorise amplement les produits en provenance du Sud. Mme Laura Baeza, ambassadrice, chef de la délégation de l'UE à Alger, avait déclaré à une rencontre tenue à l'APN autour des accords avec l'UE à Alger qu'«il y a eu un vrai effet dans l'afflux des investissement européens en Algérie après la signature des accords». Et de reconnaître qu'«entre la signature (des accords) et l'année 2008, les investissements européens ont décuplé, car l'accord d'association offre une protection aux investisseurs européens». Ne manquant pas de reconnaître que «pour les entreprises européennes, il était très difficile de venir en Algérie. Tout le monde avait peur». Un rappel de la responsable européenne qui n'est pas fortuit, donnant l'impression que le grand pas a été fait du côté des investisseurs européens, «oubliant» que les accords ont été plus profitables à l'UE. Nul n'ignore que dans tout processus de négociation politique ou économique, le tracé du contenu est le reflet du partenaire indemne des pressions, et ce ne fut pas le cas d'Alger qui faisait face toute seule au terrorisme, souffrant d'isolement dans le monde. Le ministre des Affaires étrangères, M. Medelci, a eu à déclarer pour sa part qu'«au bout de cinq années de mise en œuvre de cet accord, nous découvrons, chemin faisant, certaines de ses subtilités qui ne sont pas correctement perçues de part et d'autre». Indiquant que «nous avons le sentiment qu'il faut pourtant que cet accord soit non seulement bien compris, mais respecté», M. Medelci a soutenu que «telle est la volonté de l'Algérie». Des propos tenus par le responsable de la diplomatie algérienne au terme de l'audience qu'il a accordée au directeur Proche et Moyen-Orient, Méditerranée du Sud à la Commission européenne, Thomas Dupla del Moral, en visite dernièrement à Alger. Pour la partie algérienne «le plus important c'est que cette accord ne soit pas géré comme un acte juridique» mais sur la base «d'abord d'une volonté politique de l'Algérie et de l'UE de promouvoir une coopération globale». Ce qui est une façon pertinente au vu des effets de la crise économique mondiale et les choix économiques d'Alger traduits par sa loi de finances complémentaire 2009.