Société Générale, qui s'efforce de rassurer les marchés sur sa stratégie, a prévu, mardi, de doubler ses bénéfices d'ici deux ans en dépit d'une conjoncture économique déprimée, ce qui a fait monter le titre en Bourse. A l'occasion d'une journée de rencontre avec les investisseurs, organisée en plein milieu du procès de l'ex-trader Jérôme Kerviel, la banque française a dit tabler sur un bénéfice net de six milliards d'euros en 2012 contre trois milliards visés cette année. Pour accompagner ces objectifs de développement, Frédéric Oudéa, le p-dg de la SocGen, envisage de réaliser des acquisitions, notamment en Europe de l'Est, mais a exclu de procéder à une augmentation de capital pour financer de telles opérations. A la Bourse de Paris, l'action Société Générale, qui avait ouvert en baisse à l'image de tout le secteur bancaire, a clôturé en hausse de 3,87 % à 36,40 euros, surperformant l'indice sectoriel Stoxx 600 des banques européennes qui a terminé sur une progression de 1,5 %. Depuis le début de l'année, l'action SocGen, une nouvelle fois victime de rumeurs de pertes dans les dérivés actions début juin, abandonne près de 26 %. Ses concurrents français BNP Paribas et Crédit agricole reculent respectivement de 11,9% et de 24,4%. «Il s'agit incontestablement d'un programme ambitieux et de sortie quasi complète de crise d'ici 2012», souligne Pierre Chedeville, analyste financier chez CM CIC Securities. Les analystes de Citigroup relèvent de leur côté que la banque est plus optimiste sur l'évolution de ses provisions pour pertes sur le crédit. Le consensus Thomson Reuters I/B/E/S tablait d'ailleurs sur un bénéfice net de 5,4 milliards d'euros pour 2012. Pas d'augmentation de capital La banque s'est aussi fixée comme objectifs financiers d'atteindre un coefficient d'exploitation inférieur à 60 % et un retour sur fonds propres (RoE) avant impôts de l'ordre de 14 % à 15 % d'ici 2012 inférieur au RoE qui prévalait dans le secteur bancaire avant la crise financière. Elle axe, désormais, son développement sur trois grands métiers, à savoir la banque de financement et d'investissement, la banque de détail en France et la banque de détail à l'international. «Le groupe souhaite développer son business model actuel, avec des ambitions marquées de développement en BFI et en Europe de l'Est», relève Alain Dupuis, analyste financier chez Oddo Securities, soulignant que la croissance de la Socgen sera «essentiellement organique». «A la différence d'autres banques européennes, Société Générale est moins exposée au risque de ralentissement structurel, de croissance faible de la zone euro», s'est félicité Frédéric Oudéa, évoquant une Société générale «forte» et «indépendante». Prenant le contre-pied du sentiment des investisseurs, le p-dg de SocGen a réaffirmé sa confiance dans le potentiel de croissance de la banque en Russie et dans les pays d'Europe centrale et orientale, où elle est présente via la banque russe Rosbank ou BRD en Roumanie. «Il n'est pas question de procéder à une augmentation de capital, (...) pour financer une acquisition», a insisté Frédéric Oudéa dont la banque s'apprête à racheter la Société marseillaise de crédit (SMC) en France. Il a expliqué que la banque financerait des acquisitions en procédant à des «arbitrages» dans son portefeuille d'activités, c'est-à-dire en procédant à des cessions d'actifs. «Je ne vous donnerai pas la liste des cessions», a dit Frédéric Oudéa aux analystes. C'est déjà du passé Plusieurs observateurs estiment que ses activités dans les métiers titres de Société Générale Securities Services (SGSS) pourraient faire partie de la liste des cessions potentielles . «Nous participerons à une éventuelle consolidation du métier titres, mais pas à court terme», a dit Séverin Cabannes, directeur général délégué de la Socgen, écartant du coup l'hypothèse d'une cession de SGSS. Pour tourner la page de la crise, la banque veut aussi réduire ses actifs toxiques de 60 % d'ici 2015. Ces derniers s'élèvent encore à près de 35 milliards d'euros. D'après les valorisations, son portefeuille d'actifs toxiques devrait dégager «à maturité» un gain de 1,5 milliard d'euros. Interrogé sur le procès de Jérôme Kerviel, Frédéric Oudéa a estimé que l'affaire de la perte de trading de janvier 2008 était «déjà du passé». «Il y a un procès. Le procès apportera toute la lumière», a-t-il dit. La défense de l'ex-trader de SocGen tente depuis le début du procès de démontrer que la banque ne pouvait ignorer ni les activités ni les positions de Jérôme Kerviel qui ont abouti en janvier 2008 à une perte de 4,9 milliards d'euros.