Le P-DG de la Société Générale Frédéric Oudéa a assuré hier que l'affaire Jérôme Kerviel "c'est déjà le passé", alors que le procès de l'ancien trader de la banque se déroule actuellement devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. "Pour moi, c'est déjà le passé", a déclaré lors d'une conférence de presse le dirigeant, qui était à l'époque directeur financier de la banque. Jérôme Kerviel est jugé pour avoir causé en janvier 2008 une perte de 4,9 milliards d'euros à la banque. Pour M. Oudéa, "il n'y a aucun doute sur l'issue de ce procès", mais le dirigeant n'a pas précisé ce qu'il attendait du jugement. M. Oudéa n'a pas été cité comme témoin lors du procès. Le P-DG de l'époque, Daniel Bouton, pourrait être appelé à témoigner en fin de procès. Jérôme Kerviel, à qui la banque reproche d'avoir outrepassé ses mandats, encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende. "La Société Générale a apporté des réponses immédiates", après la révélation de l'affaire Kerviel. "Il y avait nécessité de renforcer les contrôles, nous l'avons fait", a indiqué M. Oudéa. "C'était il y a deux ans et demi. Il s'est passé tellement de choses depuis", a expliqué M. Oudéa. La banque a présenté mardi son nouveau plan stratégique à horizon 2015, qui doit concrétiser le rebond de la banque . La Société générale, qui s'efforce de rassurer les marchés sur sa stratégie, prévoit de doubler ses bénéfices d'ici deux ans en dépit d'une conjoncture économique déprimée, ce qui fait monter le titre en Bourse. A l'occasion d'une journée de rencontre avec les investisseurs, qui tombe en plein milieu du procès de l'ex-trader Jérôme Kerviel, la banque française a dit mardi tabler sur un bénéfice net de six milliards d'euros en 2012 contre trois milliards visés cette année. Pour accompagner ces objectifs de développement, Frédéric Oudéa, le PDG de la SocGen, envisage de réaliser des acquisitions mais a exclu de procéder à une augmentation de capital pour financer de telles opérations. Vers 11h20, l'action Société générale, qui avait ouvert en baisse à l'image de tout le secteur bancaire, gagnait 1,5% à 35,57 euros, surperformant l'indice sectoriel Stoxx 600 des banques européennes qui prenait 0,4% au même moment. Depuis le début de l'année, l'action SocGen, une nouvelle fois victime de rumeurs de pertes dans les dérivés actions début juin, abandonne près de 28%. "Il s'agit incontestablement d'un programme ambitieux et de sortie quasi complète de crise d'ici 2012", souligne Pierre Chedeville, analyste financier chez CM CIC Securities. "La banque doit aujourd'hui convaincre du réalisme de son ambition dans un contexte macroéconomique chahuté." La banque s'est aussi fixé comme objectifs financiers d'atteindre un coefficient d'exploitation inférieur à 60% et un retour sur fonds propres (RoE) avant impôts de l'ordre de 14% à 15% d'ici 2012. Elle entend désormais appuyer sa stratégie sur trois grands métiers, à savoir la banque de financement et d'investissement, la banque de détail en France et la banque de détail à l'international. La banque de détail en France devrait ainsi dégager un bénéfice net compris entre 1,4 et 1,6 milliard d'euros en 2012. A l'international, la banque de détail devrait dégager un résultat net compris entre 0,9 et 1,1 milliard. Dans la banque de financement et d'investissement, le résultat net devrait être de l'ordre de 2,3 à 2,8 milliards en 2012.