Invaincu depuis dix ans face au Chili, le Brésil a perpétué cette tradition en s'offrant au passage, avec brio, une qualification aux quarts de finale de la Coupe du Monde 2010. Les protégés de Dunga ont su manœuvrer devant un adversaire qu'ils connaissent sur le bout des doigts. Les camarades de Robinho qui a débloqué son compteur but à l'occasion de ce derby, ont joué intelligemment. Contrairement à leur habitude, les Brésiliens n'ont pas pris le jeu à leur compte. Ils ont laissé le monopole du ballon à leurs adversaires qu'ils ont étrillé grâce à des contres rondement menés par Kaka, Dani Alves ou encore Robinho. Cette façon d'agir, qui a eu un effet soporifique sur les Chiliens, a été payante dés la première mi-temps, paradoxale à plus d'un titre puisque les observateurs auront remarqué durant ce half que l'équipe qui avait monopolisé le ballon s'est faite surprendre par deux fois grâce à Juan(34' et Luis Fabiano (37'). Les Brésiliens très appliqués sur le plan tactique ne se sont rués pas dans le camp chilien. Ils ont laissé leur adversaire occuper le terrain, développer son jeu, monopoliser le ballon pour le rendre vulnérable quand le contre est lancé. C'est une nouvelle stratégie de jeu que les Brésiliens ont su mettre en pratique à merveille face aux coéquipiers de Suazo. Et c'est sur une avance logique de deux buts à zéro en faveur de la Seleçao que la fin de la première mi-temps fut sifflée. Au retour des vestiaires et alors qu'on croyait que le coach chilien s'était rendu compte du piège tendu par Dunga, ce furent la même disposition sur terrain et le même système de jeu qui furent reproduits malgré la rentrée de Valvidia et Pedro qui ont donné plus d'assise à la zone du milieu chilienne mais sans concrétiser la domination territoriale. Les Chiliens eurent beau faire l'étalage d'une bonne maîtrise technique, d'une bonne circulation de la balle doublée d'un travail d'abatage titanesque au milieu de terrain mais leur ascendant butera sur une défense bien articulée autour de Juan bien secondé par Bastos, Lucio et Dani Alves qui se permirent le luxe, de temps à autres, de prêter main forte à leurs attaquants. Carmona, Beauséjour, Valvidia Et Vidal multiplièrent les rushs, s'échangèrent constamment leurs postes, optèrent par des changements d'ailes et de rythme mais sans parvenir à inquiéter Paulo César qui n'eut pas à s'illustrer durant ce second half où ne furent enregistrés que trois tirs lointains et de plus non cadrés. Et au fort de la domination chilienne, les Brésiliens aggravèrent la marque par Robinho, resté muet depuis le début du Mondial. Ce joueur s'est illustré au cours de ce match par plusieurs tentatives qui ont donné un aperçu sur son immense potentiel technique. Malheureusement pour lui, poursuivi par la malchance, il ne semble pas en mesure de figurer parmi les postulants au titre de meilleur buteur de ce tournoi. Même résignés, les Chiliens ne se sont pas contentés de baisser les bras. Ils ont continué durant les minutes qui restaient à courir derrière un hypothétique but qui leur sauvera la face mais sans y parvenir. Dunga qui se savait contraint à trouver des variantes de jeu en fonction de l'adversaire a montré qu'il reste un fin tacticien qui sait puiser sa force de l'engagement de ses adversaires. Hier devant le Chili, un adversaire qu'il a l'occasion de battre durant la phase éliminatoire, il a testé une nouvelle arme, qui a marché à merveille. Son large succès est finalement un sérieux avertissement adressé aux adversaires qui pourraient se dresser devant sa marche triomphale vers une sixième couronne. Les Brésiliens ont montré, hier, qu'ils restent un sérieux prétendant au sacre final. Ça promet de belles empoignades pour la suite de la compétition. Avec un Luis Fabiano qui a retrouvé toutes son sens du but, un Kaka qui veut s'affirmer comme le nouveau leader de la Seleçao et un Paulo Cesar classé par les cariocas comme le meilleur gardien de but brésilien de tous les temps, le Brésil est paré pour terminer en beauté une campagne du Mondial tout juste ternie par un semi échec, un nul concédé devant les Portugais. Les Pays-Bas sont avertis, le Brésil cuvée 2010 a l'étoffe d'un champion. Il est un adversaire à prendre avec des pincettes. L'affiche des quarts de finale qui mettra aux prises ces deux formations promet d'être alléchante au grand bonheur des puristes qui salivent déjà à l'idée de vivre des moments de pur plaisir quand les Bataves auront à se surpasser pour mater ces Brésiliens que rien ne semble effrayer. Les paris sont ouverts et heureux celui qui misera sur le cheval gagnant.