L'Espagne a été sacrée championne du monde après un succès, acquis au forceps, devant une équipe hollandaise qui n'a pas démérité. Malgré de meilleurs arguments de jeu, les protégés de Del-bosque ont attendu les ultimes minutes des prolongations pour devenir le huitième pays à inscrire son nom parmi les vainqueurs du trophée Jules Rimet. Sneijder, Van Bommel et Robben n'ont pas réussi à faire mieux que Rijsbergen, Krol ou Cruijf en 1974 ou encore les frères Van der kerkof et Johnny Rep en 1978 face à l'Argentine. Pourtant, le jeu développé par les Espagnols durant le premier quart d'heure de la première mi-temps, laissait présager une ballade que ne pouvait contrer, théoriquement, la défense hollandaise bien regroupée autour de Mathussen et De-jong. Les premières escarmouches furent à l'avantage des coéquipiers de Sergio Ramos qui ont failli ouvrir la marque dés la 4' quand il vit sa reprise de la tête repoussée in-extremis par un défenseur hollandais. Passée cette chaude alerte, les Oranje reprirent du poil de la bête en allant contrer les Espagnols dans la zone du milieu du terrain pour les empêcher de construire leurs mouvements offensifs et d'asseoir leur domination. Ils se montrèrent même parfois menaçants quand Casillas a failli encaisser un but gag sur une remise de Sergio qu'il a difficilement détournée en corner. Ce furent alors des rushs de part et d'autre durant le temps qui restait à jouer de ce half qui vit les deux équipes user d'un jeu parfois viril et à la limite de la correction contraignant ainsi l'arbitre à brandir à plusieurs reprises son carton à jaune pour rappeler à l'ordre les 22 acteurs. La fin de la première mi-temps fut sifflée sur un jeu équilibré et un score de parité vierge. Au retour des vestiaires, le jeu s'anima côté espagnol avec une meilleure maîtrise du ballon au milieu du terrain, ce qui permit à Iniesta de mieux construire ses mouvements offensifs faits de dédoublements, de une-deux et de relais avec Xavi, Villa ou encore Sergio Ramos. Curieusement, les Hollandais procédèrent à leurs premiers changements en incorporant Van Dervaart et Ejero Elia, en remplacement de De-jong et Van Bronkhost, pour libérer Robben de la contrainte de la zone du milieu et lui permettre de se placer en pointe de l'attaque et évoluer en contre. Cette tactique s'avérera d'ailleurs très dangereuse pour la défense espagnole qui se vit à deux reprises, trompée par le piège du hors-jeu aux 51' et 61' quand Robben par deux fois s'est présenté, seul, face à Casillas qui s'est montré intraitable en faisant des sorties avec cran et sang-froid pour préserver la virginité de sa cage. Piqués dans leur amour propre, les Espagnols réorganisèrent leur schéma tactique en incorporant Jesus Navas et Fabregas pour peser encore plus sur la défense hollandaise qui commençait à montrer des signes d'affolement au fil du temps qui s'écoulait. La fin de la partie fut d'ailleurs sifflée sur un score vierge et l'épilogue devait passer par l'épreuve des prolongations qui s'avérera harassante pour les protégés de Van Marwijk, émoussés par les énormes efforts consentis pour bloquer au milieu de terrain les nombreux projets d'actions offensives espagnoles. Durant le premier quart de cette épreuve supplémentaire, les coéquipiers de Sneijder eurent toutes les peines du monde pour tenir les attaquants espagnols revigorés par un jeu plus aéré et mieux orienté par Iniesta et Xavi et par l'entrée de Torres à la place de David Villa. Ce furent des minutes très pénibles pour les Hollandais qui perdirent Heitinga expulsé lors de la deuxième prolongation pour cumul de cartons. Et alors que les coéquipiers de Van Bommel tentaient d'exercer un pressing haut pour aller sans bobo vers l'épreuve des tirs aux buts, Iniesta en conclusion d'une action anodine parviendra à tromper Stekelemburg et à libérer les cris de joie de toute l'Espagne qui vivra une angoisse lancinante avant de pouvoir exulter et crier «Espana campione del mundo !». Ce fut une finale de Coupe du Monde inédite mais qui n'a pas tenu toutes ses promesses. Elle fut jouée avec beaucoup d'appréhension de part et d'autre. Après une Coupe d'Europe acquise en 2008, l'Espagne peut se targuer d'être enfin championne du monde comme l'avait prédit Paul le poulpe. Hollande – Espagne ne restera dans les esprits des nombreux sportifs du monde que par le souvenir des ratages monumentaux de Robben, des sauvetages miraculeux de Casillas, véritable héros de cette finale et du nombre incalculable généreusement distribués par un arbitre parfois dépassé par les événements. L'Espagne a mérité son titre mais la Hollande n'a pas à rougir de cette défaite, même si elle restera, à jamais, au travers de la gorge de Robben, l'héros malheureux de la première édition africaine de la Coupe du Monde.