L'homme est-il anthropophage par nature ? Certes non ! Evidemment. L'homme ne mange pas ses congénères, il mange simplement les animaux, ces êtres d'un rang inférieur, du règne d'en dessous (je le rappelle). L'homme est donc indéniablement humain, il n'appartient aucunement à la gente animale, je vais vous le prouver. Tout d'abord l'animal est bête par définition, n'est pas doué de conscience et enfin ne possède pas la fameuse «pince» procurée par la main qui peut tout s'accaparer sous couvert de quelques textes de lois, signe de son évolution. Mais surtout, l'animal est gouverné en l'état par ses instincts alors que l'homme l'est par l'Etat en ses instincts… Enumérons quelques cas d'instinct permettant de proclamer l'indubitable supériorité humaine et ne riez pas s'il vous plaît. Commençons par celui du territoire, jalousement gardé, conquis, défendu avec bec, ongles, griffes et autre canines par les bébêtes. L'homme quant à lui, se veut nomade par nature, il partage volontiers son foyer itinérant dès qu'il en a l'occasion, une expression sensible de son talon d'Achille en somme. Il ne lui viendrait pas à l'esprit, brillant du reste, d'attaquer son voisin pour lui spolier son bien ; non ! Où allons-nous là ! Pas davantage, contracterait-il un crédit auprès d'un organisme caritatif bancaire en s'endettant jusqu'à mi-vie pour la quête stérile de la sédentarité. Pas un homme non plus, n'aurait recours à un chien de garde pour dissuader toute intrusion dans la propriété. Premier bilan donc, l'instinct du territoire ne prévaut pas chez l'homme contrairement à l'animal ; les frontières n'existent qu'à des fins décoratives et artistiques. Passons à la reproduction qui, chez l'animal prend une place saisonnière bien marquée. Le mâle, en général, parade, se bat contre ses rivaux, en attendant le bon gré de la femelle, très sélective façon jury de reality-show. Droits de l'homme obligent, la saison des amours est abolie depuis que l'homme est homme, c'est dorénavant tout le temps la saison ! De 7 à 77 ans, le mâle humain arpente la société dans une tenue décontractée peu ostentatoire faite de vêtements, de lunettes, et…et…et… juste pour le goût… La reproduction dans sa désuétude est avantageusement remplacée par la sexualité débridée et hédoniste sauf peut-être chez les croyants. Comme les aliments, l'homme est conditionné sous vide (de son âme). Il est conditionné par son désir de pouvoir et sa sexualité contrairement aux animaux qui agissent parcimonieusement de même sans toutefois faire autant de dégâts. A propos de « pouvoir ». Ce verbe, nominalisé selon les circonstances, je trouve qu'il sent le «pu» dès qu'il s'agit de le transformer en participe passé. Autant dire qu'il vaut mieux « pouvoir » à l'instant présent afin d'éviter le «pu» d'un passé infectieux. Quand le roi noue le pagne du pouvoir et s'installe sur le trône de sa royauté, il sait qu'il devra ruser aussi avec le... pouvoir du pagne pour régner tranquille. Sinon, le harem pourrait bien déclencher une grève du pagne pour désigner le sexe fort. Il ne resterait plus au roi, nu, qu'à aller chercher lui-même ses condiments et à piler le mil pour reprendre des forces... Finalement l'homme se différencie clairement de l'animal : il est inférieur ! Il ne peut donc pas être anthropophage et d'ailleurs il va finir par se faire bouffer…