Dans la littérature occidentale, le Graal représente le mystère du christianisme, où le fait de partir à sa recherche aboutit à une révélation personnelle de la vérité en remplacement du chaos initial. On ignore son origine, mais le Graal a fait l'objet de nombreuses interprétations symboliques ou ésotériques et a donné lieu à de multiples illustrations artistiques. Signification A l'origine le mot «Graal» désignait un plat large et assez profond, un récipient creux. Une origine supposée est que le mot «Graal» viendrait du latin médiéval «cratella» (vase) qui désigne, en ancien français, une coupe ou un plat creux. Le Graal au Moyen-Age Plus spécialement, le Graal est, dans la tradition médiévale chrétienne, une mystérieuse coupe aux pouvoirs magiques, et l'objet d'une quête menée par les Chevaliers de la Table Ronde. La première mention écrite est donnée à la fin du XIIe siècle par le romancier Chrétien de Troyes dans son roman Perceval ou le Conte du Graal. Chrétien de Troyes mourut avant d'avoir pu terminer cet ouvrage que lui avait commandé le Comte de Flandres Philippe d'Alsace. Plusieurs auteurs reprirent et continuèrent l'histoire de Perceval et du Graal, ce qui finit par donner un ensemble de plus de cinquante mille vers. La première continuation a été attribuée à un certain Wauchier de Denain, viennent ensuite celles de Gauvain, Manessier, Gerbert (probablement de Montreuil). En réalité, le nom des continuateurs est inconnu, on leur a donné un nom par commodité. Robert de Boron écrivit sur le même thème Joseph ou l'Estoire dou Graal, puis parut en franco-picard Perlesvaus ou Haut livre du Graal... Il faut noter que curieusement et assez subitement vers 1230 le thème du Graal ne donnera plus lieu à de nouveaux développements littéraires. Pour le chercheur Michel Roquebert, tous les développements autour de la quête du Graal coïncident avec la croisade contre les Cathares du Languedoc, et constituent de la sorte une machine de guerre idéologique. Sa nature La nature du Graal, cet objet légendaire, a connu de nombreuses évolutions : pierre, coupe, etc. Sa forme de coupe résulterait initialement d'une évolution de la figure du chaudron du Dagda de la mythologie celtique. Ce chaudron, plein de sang bouillant, servait à conserver la «lance vengeresse», une arme capable de dévaster à elle seule des armées entières. Ce n'est qu'au début du XIIIe siècle que le récipient évoqué par Chrétien de Troyes se christianise : Robert de Boron l'assimile au Saint Calice des Evangiles (la coupe utilisée par le Christ lors de la Cène), donnant ainsi naissance au Saint Graal. Ancré dans la culture populaire, le Graal inspirera pléthore d'œuvres. La lance vengeresse, elle aussi christianisée, est devenue la lance de Longin, le soldat qui a percé le flanc du Christ. Un symbole énigmatique Le Graal, que certains considèrent comme un avatar christianisé du talisman antique de la mythologie celtique, apparaît pour la première fois sous forme littéraire dans Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (XIIe siècle). Perceval, dans le château du Roi Pêcheur voit un valet tenant une lance blanche avec une goutte de sang qui perlait de sa pointe de fer, deux autres jeunes hommes tenant des chandeliers d'or fin incrustés de nielles, une belle demoiselle tenant un graal (qui répandit une telle clarté que les chandelles en perdirent leur éclat), d'or fin très pur enchâssé de pierres précieuses. Perceval échoue à l'épreuve du Graal puisqu'il garde le silence devant cette apparition, au lieu de demander pourquoi la lance saigne et à qui on apporte ce récipient. Aucune signification de cette énigme symbolique n'est avancée par Chrétien de Troyes. Ses continuateurs interpréteront chacun à leur façon, en rattachant généralement ce récipient au sacré chrétien. Dans ce conte, lorsque Perceval se rend au château du Roi pêcheur, un valet d'une chambre vint, qui : «Une blanche lance tint... la lance blanche et le fer blanc, s'assoit une gote de sang ... I. graal antre ses .ii. mains une dameisele tenoit....» Perceval relate, ensuite, cet épisode à la cour du roi Arthur : «Chiés le roi Pescheor alas, si veïs la lance qui sainne, et si te fu lors si grant painne d'ovrir ta boche et de parler que tu ne poïs demander por coi cele gote de sanc saut par la pointe del fer blanc ! Et le graal que tu veïs, ne demandas ne anqueïs quel riche home l'an an servoit., puis chez un ermite : Sire, chiés le Roi Pescheor fui une foiz, et vi la lance don li fers sainne sanz dotance, et del graal que ge i vi ge ne sai cui l'an an servi.» Une continuation du texte, la Rédaction courte de Denain, explique que le Graal donne à chacun les nourritures qu'il désire. Pour le chercheur Wolfram von Eschenbach, le Graal est une pierre dont le nom ne se traduit pas. Certains auteurs ont voulu le traduire par «émeraude tombée», selon la légende, du front de Lucifer. Le vase d'émeraude, c'est l'être humain, la psyché, arrachée du chaos de l'absurdité de l'existence profane, qui revêt la couleur verte de la nature en croissance pour que s'y prépare le liquide pourpre, l'abondance vitale, chaude, débordante, la force d'expansion de l'amour. Emporté en terres lointaines le Graal devient le centre d'un mystère (car l'objet est d'abord caché puis perdu) auquel certains élus participent autour d'une table ronde - d'où l'intégration dans les récits de la Table ronde. Cette christianisation de la légende du Graal est parachevée par la Queste del Saint-Graal, roman anonyme écrit vers 1220, probablement par un moine. Effectivement selon la légende, celui qui boit dans cette coupe accède à la vie éternelle. (A suivre)