Le président du comité d'organisation des Jeux de Londres-2012, Sebastian Coe informe, «plus de 5,5 millions de téléspectateurs ont regardé la dernière soirée des championnats d'Europe d'athlétisme dimanche soir sur France 2, permettant ainsi à la chaîne d'être leader avec 26,6% de part d'audience, selon les chiffres Médiamétrie donnés dimanche en direct par le directeur général du pôle sport de France Télévisions». Le pic de la soirée et de l'ensemble des championnats d'Europe a été enregistré à 20H42 lors du concours du saut en longueur avec 6,3 millions de téléspectateurs, soit 30,5% de pda. Au total, plus de 25 millions de Français ont regardé les championnats d'Europe d'athlétisme sur France Télévisions, au moins 5 minutes. Un record et surtout un style de communication engageant les chaînes de télévisons pour accrocher et donner du jus à leurs émissions. Outre cet événement de folie, de joie, de démonstration et d'émotion, il y a ces multi couleurs qui ont porté sur la boîte les différentes catégories de disciplines sportives françaises. Ils avaient donné des couleurs à la France parce qu'ils gardent quelque part dans leur fiche génétique leurs origines que l'on peut effacer. Nous l'avions écrit dans notre édition d'hier, ils ont à l'instar de Mahiédine Mekhissi et Bob Tahri, qui ont décroché l'or et l'argent du 3000 m steeple, tous une ascendance algérienne, le Maghreb abreuvant ainsi de longue date le demi-fond tricolore. Le premier nommé est le fils d'une famille modeste originaire d'Algérie, composée de dix enfants, il rejoint en 2006, l'INSEP à Paris, avant de revenir début 2008 à l'EFS Reims Athlétique et auprès de son entraîneur Zouhir Foughali. Tahri, quant à lui, spécialiste des courses de fond et particulièrement du 3 000 mètres steeple est aussi d'origine algérienne. Noureddine Smaïl, né en 1987 en Algérie, Noureddine Smaïl obtient la nationalité française en 2005, Ladji Doucouré, né le 28 mars 1983 à Juvisy-sur-Orge, de père malien et de mère sénégalaise, Héni Kechi, né le 31 août 1980 à Djerba, est un athlète franco-tunisien. Concourant sous les couleurs de la Tunisie, il remporte la médaille de bronze du 400 mètres haies des championnats d'Afrique d'athlétisme 2002 à Radès, avec le temps de 50 s 44. Il obtient la nationalité française en 2004. Bouabdellah «Bob» Tahri, né le 20 décembre 1978 à Metz, est un athlète français d'origine algérienne, spécialiste des courses de fond et particulièrement du 3 000 mètres steeple. Le tout sous le contrôle du DTN marocain Ghani Yalouz ou Abdelghani Yalouz, né le 28 décembre 1967 à Casablanca, devenu lutteur français champion de lutte gréco-romaine. Ainsi les championnats d'Europe qui se sont déroulés du 27 juillet au 2 août à Barcelone ont remercié le vieux continent africain pour ce qu'il a offert à l'Europe en l'occurrence, des athlètes de haut niveau pour battre les records et en faire bénéficier ses continents, et ce, grâce aux courants migratoires et aux changements de nationalités. C'est avec leur concours et leur force que la France a tiré, elle aussi, profit de cette émigration ancienne, conséquence de de son passé colonial et de sa politique d'intégration. Une politique qui semble s'effacer devant celle qui veut être mise sur le podium des gyrophares. Pourtant, c'est bien grâce à cette émigration qu'elle a réalisé en Catalogne, la meilleure moisson de son histoire (18 médailles, dont 8 en or), ce qui fait d'elle à juste titre un cas d'école. «Le pays a ainsi tiré profit d'une immigration plus ancienne, conséquence de son passé colonial et de sa politique d'intégration. Ceux de la «2e génération», le plus souvent nés dans l'Hexagone, se sentent «Français à plus de 100%». «Un cœur camerounais» bat aussi chez Véronique Mang, double médaillée sur la colline de Montjuic (100/relais 4x100 m), et le triple sauteur Teddy Tamgho (bronze) d'origine mauritanienne, Myriam Soumaré, heureuse de chanter tout en dansant la Marseillaise sur le podium du 200 m. «La jeune femme a croqué de chaque métal en Catalogne, avec également l'argent du relais 4x100 m et le bronze du 100 m. Autre triple médaillé du sprint, Martial Mbandjock qui assume plus douloureusement l'esclavage de ses ancêtres.» Pour le compte de la grande Bretagne, nous avons vu le jeune athlète, le Somalien Mo Farah réaliser pour la GB, le doublé 5 000/10 000 avec le Nigeria. Phillips Idowu, le sage du triple saut. L'Espagne et l'Italie bénéficient aussi de cette émigration. Franco Arese, président de la Fédération italienne d'athlétisme (FIDAL), ne disait-il pas autrefois pays à forte émigration, l'Italie et l'Espagne sont désormais devenus des pays d'accueil notamment à cause de leur position géographique. «Sport de base, l'athlétisme se nourrit de cette réalité sociale et économique.» Le phénomène va s'intensifier. «Les réservoirs d'Afrique de l'Est attirent aussi la convoitise. Riche de son pétrole, l'Azerbaïdjan s'approvisionne désormais en jeunes fondeurs éthiopiens, qu'il naturalise.» La Turquie a également remporté trois de ses quatre médailles avec des jeunes femmes nées du côté d'Adis-Abeba, Elvan Abeylegesse et Alemitu Bekele. «La mobilité des gens est un fait au XXIe siècle. Mais les changements plus ou moins forcés de nationalités, ce n'est pas bon», déplore le Suisse Hansjorg Wirz, président de l'Association européenne d'athlétisme (AEA). Le Britannique président du comité d'organisation des Jeux de Londres-2012, Sébastian Coe, lui ne mâche pas ses mots, s'agissant des championnats d'Europe. Il dira, «les spectateurs veulent voir des coureurs européens, pas des Mondiaux déguisés», estime le Britannique. «Il n'y a pas de raison pour que les Européens ne puissent pas rivaliser avec les Africains en demi-fond, c'est une question de volonté.» Une volonté que l'on retrouve et surtout qui renseigne sur la capacité des nationaux à continuer de surprendre par leur performance, leur combativité, leur présence et par l'amour qu'ils portent aux couleurs nationales. Ils continueront à démontrer leur capacité de décrocher des records lors des prochains championnats internationaux d'où à chaque réussite, une page d'histoire est écrite et un flambeau se prépare pour la génération future. Par ailleurs, le jeune Megdoud Rédha-Arezki qui décroche la 2e place au meeting de Palafrugell en Espagne, 3e place au meeting d'Albertville en France et champion d'Algérie de saut en longueur, son objectif est réussir les minima des championnats du monde 2011 et les jeux Olympiques 2012.