Les enquêteurs de différents services de sécurité sont sur le terrain. Ils ont pour mission de déterminer avec exactitude les responsabilités dans ce qui s'apparente à une cession bradée du patrimoine économique de l'ex Entreprise Algérienne des Détergents (ENAD). La mise en action de la machine judiciaire est due aux deux dernières tentatives, dont une aurait réussi, de l'investisseur allemand de vendre les assiettes de terrain implantées dans ses unités de Sour El Ghozlane et de Reghaïa. Deux opérations qui selon nos sources, ne sont pas prévues par les dispositions du cahier de charge portant cession de ces unités. En effet, ce groupe étranger installé en Algérie en 2001, bien avant l'indien de la sidérurgie, est un spécialiste de la production et de la commercialisation des détergents. Il a certainement réussi l'un des ses meilleurs engagements financiers en s'accaparant dés son arrivée, il y a 10 ans, des 60% d'actifs des 3 unités de production de produits d'entretien, de nettoyage, colles bâtiment… anciennement propriétés de l'Entreprise Nationale des Détergents (ENAD). Depuis, il fait cavalier seul en Algérie dans une activité industrielle et un marché national qui lui donnent bien des satisfactions. Et comment ne le serait il pas avec un écoulement régulier des produits fabriqués par ses unités de Chelghoum Laïd, Reghaïa et Sour El Ghozlane. Il active en roue libre après avoir laissé au bord de la route ses partenaires algériens de l'ENAD. Il les a éjectés quelques mois après son arrivée en rachetant la totalité de leurs parts d'actifs (40%). Contrairement à ses vis à vis algériens de cette entreprise algérienne des détergents, Henkel s'était bien préparé aux négociations de 2001 et celles du rachat des actifs restants. Ce qui lui avait valu de disposer de tout ce qu'il avait voulu aux conditions financières qu'il avait imposées. Y compris la mise à niveau des 3 unités et les importants stocks de pièces de rechange le tout payé par l'ENAD à coups de monnaies convertibles. Des cessions qu'aujourd'hui encore, les travailleurs et leurs représentants syndicaux n'arrivent pas à expliquer. La liquidation planifiée en deux phases des deux unités lesquelles, pourtant, tournaient à plein régime de rentabilité, prêtaient à un grand nombre de questions. D'autant qu'après sa mainmise totale sur le marché national des détergents, l'allemand a pénétré avec force le marché tunisien et ceux des pays subsahariens. Démontrant toujours une voracité extrême face à ses interlocuteurs algériens, étrangement passifs, Henkel apparemment bien conseiller sur l'incompétence des décideurs algériens s'est accaparé de tout ce qu'il a voulu du patrimoine de l'ENAD. Et si sa production en Algérie a atteint des niveaux impensables du temps de la gestion algérienne, la commercialisation de ses produits le met au rang de leader des détergents sur le continent africain. Peut lui chaut que ses clients se présentent dans ses usines avec de faux registres de commerce pour s'approvisionner. Il faut préciser que l'Allemand n'est pas concerné par l'évasion fiscale dont ces faux commerçants se rendent auteurs. Cette mission relève des prérogatives des directions des impôts des régions concernées. Comme il n'a que faire des intrants comme l'urée et autres de production locale pour la fabrication des détergents. A ce niveau et en important la totalité de ses besoins, Henkel se serait mis en porte à faux avec les dispositions du cahier de charge qu'il avait signé en 2001. Celles-ci lui imposeraient l'utilisation en toute priorité de la matière première disponible en Algérie pour faire tourner les machines de production de ses trois unités. Cette même voracité serait à l'origine de sa dernière sortie. Elle consiste en une tentative de vendre les importantes assiettes de terrain de Chelghoum Laïd et Sour El Ghozlane. Si la première a échoué, celle de Reghaïa a été conclue par l'allemand sur de son droit de propriétaire légal de ces terrains. Selon la loi algérienne, cette opération entre dans la catégorie de la promotion foncière. Elle n'est pas permise au regard des dispositions du cahier de charge relatives à la cession des 3 unités ENAD. L'information a fait l'effet d'une bombe dans le monde algérien des affaires où l'on s'interroge sur les dispositions ayant présidé à l'établissement de l'acte notarié. La surprise est générale à ce niveau où l'on s'étonne de l'absence d'acte notarié. «Dans cette opération, il faut reconnaître que Henkel a agit dans la légalité. On ne peut rien lui reprocher si ce n'est la vente des terrains d'assiette. Bien qu'il en soit le propriétaire, cette démarche lui est interdite du fait que le contrat qu'il a signé pour l'acquisition des actifs ENAD, lui impose de se limiter aux activités production et commercialisation des détergents», dira Nourredine S économiste. Pour le moment, cette affaire, si elle ne fait pas encore la une de la presse, n'est pas la préoccupation quotidienne des salariés de Henkel Algérie. Ils accordent leurs priorités à la sauvegarde des emplois et des contrats. Le flottement marqué au lendemain de la cession s'est rapidement dissipé. Si du côté des 3 unités Henkel Algérie l'on s'est refusé à tout commentaire, il était impossible de toucher un des responsables de l'ENAD.