Les handicapés en Algérie sont livrés à eux-mêmes. Tel est le constat fait hier au forum d'El Moudjahid par la présidente de la Fédération des personnes handicapées (FAHM), Mme Atika Mameri. Selon elle, malgré la signature par l'Algérie de la convention internationale visant à promouvoir, protéger et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales par les personnes handicapées , mais la traduction de ces droits sur le terrain laisse à désirer. «Nous nous sommes réunis aujourd'hui pour tirer la sonnette d'alarme et dénoncer l'inertie des autorités quant à la prise en charge de cette frange de la société qu'on veut marginaliser à tout prix». Et d'ajouter qu'«apparemment dans notre pays tous les moyens sont disponibles pour que nos mamans mettent au monde des bébés IMS(infirmité motrice cérébrale ) puisque selon un médecin que j'ai rencontré dernièrement, le nombre d'accouchements par césarienne est très important et en un mois cinq bébés IMS sont nés». Mme Mameri a dénoncé, par ailleurs, le manque de dispositif d'accompagnement, «ce qui rend plus difficile, selon toujours elle, leur insertion en milieu scolaire». Des propos que les parents, présents au forum en compagnie de leurs enfants, ont confirmés. Une fois la parole donnée, ils voulaient tous crier leur rage devant le manque de considération affichée par, entre autres,ceux censés transmettre le savoir aux futures générations. Fatah est un enfant scolarisé en 3e année primaire. Loin d'avoir un quelconque retard mental, son tort c'est de ne pas pouvoir écrire en classe ;il faudrait une présence permanente pour lui écrire les cours. Vous l'aurez compris, c'est un enfant handicapé moteur. Sa maîtresse qui s'occupe de trente élèves à elle seule n'y peut rien faire. Sa maman a affirmé que même dans les centres spécialisés, son enfant n'est pas admis puisqu'il ne présente aucun retard mental. «Pour le moment, je fais avec en attendant des jours meilleurs», a-t-elle avoué. Si Fatah, avec tous les problèmes qu'il rencontre, est scolarisé, d'autres enfants n'ont pas eu ce «privilège». A l'instar de ce jeune enfant de 14 ans, handicapé moteur, qui n'a jamais fréquenté l'école parce qu'il habite au quatorzième étage. Sa maman qui a pris la parole a affirmé que son enfant, au fil des années est devenu très agressif : «Il regarde par la fenêtre les enfants partir à l'école, cela lui fait mal au cœur. Enfant, on payait les jeunes du quartier pour qu'il le fasse descendre, mais ce n'est plus possible aujourd'hui. J'ai pris mon courage à deux mains et je l'ai inscrit au niveau d'une association pour rattraper le retard. Nous avons sollicité un logement mais nous attendons toujours. Je saisis cette occasion pour demander au président de la République d'intervenir et mettre un terme à cette situation d'abandon qui ne fait que durer». D'autres parents, également présents,ont dénoncé l'inexistence de moyens de transport et d'accès pour handicapés dans les écoles normales, en plus de l'exclusion affichée au sein même des établissements scolaires. Par ailleurs, la présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs a rappelé enfin, l'impératif «d'intégration des enfants handicapés moteurs dans des écoles ordinaires en mettant à leur disposition tous les moyens nécessaires, comme par exemple, garantir les ressources humaines pour les accompagner en leur écrivant les cours et en les aidant à se déplacer». Dépitée, elle avouera : «Des propositions sont faites dans ce sens, mais on ne voit rien venir».