Déclaré recevable par le gouvernement, il vient d'être soumis au Conseil des participations de l'Etat (CPE) appelé à siéger dans les prochains jours. Une procédure de principe que Amar Tou, le ministre des Transports, souhaiterait rapide pour permettre la matérialisation du projet dans les délais initialement fixés à savoir le début de l'année 2011. Ce partenariat arrive à point pour Alstom qui semble éprouver des difficultés à se relever du récent échec essuyé dans sa tentative de décrocher le projet Eurostar d'un montant de 600 millions d'euros au profit de son concurrent l'allemand Siemens. C'est pourquoi, Alsthom a mis le paquet en Algérie pour éviter de passer à côté des différents et nombreux projets algériens prévus dans le cadre de la mise en route du programme quinquennal 2009/2014 portant modernisation du réseau rail. Pour Alstom, il s'agit d'un jackpot qui se chiffre à plus de 50 milliards de dollars et non de 20 comme annoncé le mois de février 2010 par le ministre des Transports. Cette enveloppe financière est destinée à la réalisation de 10 400 km de rail, la réhabilitation de 3 500 autres et l'électrification graduelle de l'ensemble du réseau ferroviaire à travers le pays. Ce qui justifierait, selon nos sources, le coup d'accélérateur donné ces derniers jours pour permettre à Alstom de finaliser ses bonnes intentions d'investissement en Algérie. En fait, en donnant son accord pour un partenariat avec l'entreprise publique économique Ferrovial pour la création d'une société mixte algéro-française d'entretien et de maintenance des tramways et de production de wagons et matériels ferroviaires, le groupe français a avancé un pion sur l'échiquier. Il veut consolider sa position de partenaire privilégié dans la concrétisation du programme quinquennal. Un accord clé s'il en est, compte tenu des bonnes dispositions affichées par le gouvernement algérien. Ce dernier a déclaré recevable l'accord Ferrovial-Alstom après la levée des réserves qu'il avait initialement émises quant à sa formulation. Cette décision marque de fait l'épilogue d'un dossier qui a débuté officiellement plusieurs mois auparavant. En février 2009 précisément, lorsqu'en visite de travail de son secteur dans la wilaya d'Annaba, Amar Tou avait annoncé la mise en route du programme quinquennal 2009/2014. «On a beaucoup cafouillé dans ce dossier Alstom-Ferrovial. L'accouchement de la nouvelle entité ne se fera pas sans douleur», avait affirmé un des responsables proches du cabinet du ministre. Apparemment, ça cafouille encore quelque peu. «Pas pour longtemps, le partenariat Ferrovial-Alstom devra entrer dans sa phase active dès janvier 2011», ont estimé des cadres proches du dossier à la Société de gestion des participations Construmet. Il faut dire que, de 2004 à 2008, ces cadres avaient vécu les reculades et les tergiversations des décideurs sur le dossier portant assainissement de Ferrovial. Ce qui avait valu à cette EPE de verser annuellement aux banques 350 millions de dinars pour régler d'anciennes créances. L'assainissement obtenu en 2009 a permis aux cadres gestionnaires d'avoir, à nouveau, les mains libres. Ils n'avaient plus à subir les pressions des décideurs à quelque niveau que ce soit. Ce sont ces mêmes hésitations qui, en 1988, n'avaient pas permis à Ferrovial de matérialiser un projet de partenariat avec les Autrichiens. Ce projet a été récemment remis sur rail. Portant sur la modernisation des installations de l'actuelle EPE Ferrovial (sans relation avec la future société mixte Ferrovial-Aslt-om), il a pour objectif la production des équipements et matériels ferroviaires dont les rames de tramway. Ces mêmes rames que l'on a importées et que l'on continuera à importer. Ce que confirme du reste la course entreprise ces dernières semaines par le P-DG de Ferrovial pour convaincre sa tutelle de la pertinence du projet en question. Et pour aussi accélérer la procédure de transfert de Ferrovial du ministère de l'Industrie vers celui des Transports. Dans cette partie où se joue l'avenir de toute une entreprise, une des rares en Algérie spécialisées dans la construction métallurgique et ferroviaire, il y a comme une volonté du gouvernement algérien d'imprimer sa méthode de travail et de gestion et de casser des clans. Volonté aussi d'accélérer des changements que, pendant plusieurs mois, l'incertitude de leur renouvellement a laissés en suspens. Du côté du groupe français Alstom, l'on a bon espoir de voir le gouvernement algérien appliquer à son profit le principe de la préférence pour l'acquisition des neuf autres tramways à réaliser en Algérie. Préférence aussi pour l'octroi de marchés de réhabilitation, rénovation, réalisation et électrification de tout le réseau rail en Algérie. Rappelons qu'aussitôt matérialisé, le projet de création de la société mixte Ferrovial-Alstom créera 300 nouveaux postes de travail. Ils s'ajouteront aux 260 autres permanents employés par Ferrovial qui en comptait 1 600 à la fin des années 1990. Dans ce dossier, le Conseil des participations de l'Etat ne devrait pas tarder à se prononcer définitivement sur le contrat de partenariat entre les deux entités économiques algérienne et française. Là est le souhait des gestionnaires et également des travailleurs.