Que s'est-il réellement passé le 12 octobre en Iran? Les services de renseignements israéliens viennent de divulguer une version totalement différente de l'incident qui a touché une base iranienne de missiles. Ils révèlent qu'une triple explosion a eu lieu dans une installation secrète iranienne la veille du voyage d'Ahmadinejad au Liban. Selon ces sources, le site concerné stockait en majorité des fusées Shahab-3, lanceurs à moyenne portée destinés à frapper, en représailles, les forces américaines basées en Irak ou les cibles civiles israéliennes. Ogives triconiques Cette base secrète contiendrait aussi des missiles configurés pour porter des ogives triples (pointes de fusées dites triconiques). Téhéran avait déjà fait des tirs d'essai d'une version améliorée du Shahab en utilisant cette technologie. Les experts en missile avaient noté que ces têtes triconiques avaient une grande portée, une précision et une stabilité dans leur vol, mais disposaient de moins de place pour leur charge. Ces missiles avaient été spécialement conçus pour transporter des armes nucléaires. Les 18 soldats morts et les 14 blessés, qui ont été dénombrés dans l'explosion, appartenaient aux brigades Al-Hadid responsables du programme des missiles et affiliés aux Gardiens de la Révolution. Leur quartier général se trouve à Khorramchah, dans les hautes montagnes Zagros. Ces installations avaient été activement développées depuis 2008 puisque ces brigades disposaient d'au moins cinq batteries de trois lanceurs. Devant les risques d'une frappe israélienne, Téhéran avait entrepris d'importants travaux visant à disperser et à enterrer ses sites de lancement. Ainsi donc, ces complexes de stockage avaient été creusés à même la montagne et disposaient de larges entrées qui laissaient présumer que le site pouvait abriter des lanceurs balistiques. Cette solution avait été retenue par les ingénieurs iraniens pour permettre le remplissage des réservoirs des Shahab-3 et des Shahab-3M, à l'abri des moyens de détection américains et israéliens. La faille des missiles à combustible liquide réside, en effet, dans la durée de remplissage des deux réservoirs, entraînant une détection électronique et satellitaire immédiate qui les rend d'une grande vulnérabilité. Des zones dégagées à proximité des tunnels permettent une mise en batterie rapide des lanceurs. Ces installations sont situées à 1 200 kms des centres urbains israéliens, donc à la portée des Shahab-3M. Israël avait évalué le stock de Shahab-3 détenu par l'Iran à une centaine avec une quarantaine de lanceurs. Les explosions ont eu lieu sous la base Imam-Ali construite dans des souterrains enfouis à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Cependant, les services de renseignements ne sont pas explicites sur la façon dont les explosifs ont été introduits à trois endroits différents pour causer des dommages irréversibles aux installations. Le mode opératoire des saboteurs n'a pas été révélé ni d'ailleurs le groupe auquel ils appartiennent. Téhéran a bien confirmé l'existence d'un accident mais a nié une quelconque «attaque terroriste». Les Iraniens ont expliqué l'explosion par un incendie qui a été déclenché parce que des munitions étaient stockées à proximité. Il est, pourtant, difficile de croire que les experts sécuritaires militaires de la base n'avaient pas évalué ce risque.