Quatre avocats du barreau de Annaba ont déposé hier individuellement une requête par laquelle ils demandent au procureur général près la Cour de Justice de Annaba d'entamer une procédure de levée de l'immunité parlementaire dont jouit le sénateur Mohamed Salah Zitouni. Egalement mouhafadh du FLN dans la wilaya d'Annaba, Zitouni est accusé d'avoir dégainé une arme de poing, menacé et agressé ses opposants dans le même parti politique. L'incident a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans les locaux de la mouhafada de Annaba. Accompagné d'une centaine de personnes munies d'armes blanches, barres de fer gourdins et bombes à gaz lacrymogène, le sénateur s'y était présenté pour déloger par la force ses opposants. S'en suivront des échauffourées au cours desquelles les assaillants agressèrent plusieurs militants. Huit de ces derniers, gravement blessés par des coups de couteau, furent admis aux urgences du Centre hospitalier universitaire de Annaba. Invité par le directeur de la sûreté de wilaya, arrivé entre-temps, a rengainé l'arme avec laquelle il continuait à menacer ses vis-à-vis, le sénateur aurait refusé d'obtempérer. «Je suis sénateur. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de quiconque» avait t-il répondu au premier responsable de la sûreté de wilaya. C'est parce qu'il avait été débouté par le tribunal correctionnel de Annaba auquel il s'était adressé pour tenter de déloger ses opposants que Zitouni a fait appel à plusieurs dizaines de ses proches. Les militants agressés ont appuyé leur plainte par des séquences filmées des agressions dont ils ont été victimes. Elu FLN plusieurs fois à l'Assemblée populaire communale, celle de wilaya, député puis, à l'occasion des dernières élections, sénateur Mohamed Zitouni ne s'est jamais intéressé, ni de près ni de loin, aux problèmes de la wilaya. Et encore moins à ceux de la population qu'il est censé représenter auprès des différentes institutions de la République. N'ayant jamais participé à une quelconque activité et encore moins marqué de sa présence une réunion portant sur la situation économique et sociale de la wilaya, Zitouni a constamment boycotté la célébration d'un quelconque événement national ou historique. Durant les années 1990, il avait été directement cité dans une affaire de faux et usage de faux en sa qualité de chef du service des cartes grises à la daïra d'Annaba. Il s'en était sorti avec un non-lieu, l'administration de wilaya victime du préjudice n'ayant étrangement pas jugé utile de déposer plainte. La demande de levée de l'immunité parlementaire qui le concerne est la 2e du genre. Elle avait été précédée il y a quelques jours par celle du député indépendant Aïssa Menadi. Celui-ci est directement impliqué dans un dossier de malversations aux œuvres sociales de la société ArcelorMittal. C'était à l'époque où il assurait la qualité de secrétaire général du conseil syndical de la Société algéro-indienne de sidérurgie, qualité qui lui avait permis de signer de gré à gré des marchés s'élevant à plusieurs centaines de millions DA pour l'acquisition d'équipements électroménagers auprès d'un fournisseur privé.