Si le titre nous amuse de prime abord, il nous renseigne quand même sur les ampleurs d'un tel rififi commercial au niveau régional la où une communauté d'intéressés semble ameutée par toute sorte de sonneries. Du Wall Street Journal jusqu'au Financial Times en passant par Bloomberg sans parler des revues spécialisées dans le cellulaire (Al khalaoui en arabe ), on rapporte fidèlement les informations sans vouloir s'adonner à des diagnostics précis. Il reste ainsi évident pour dire que l'Algérie ne pouvait aussi se soustraire à cette conjoncture cruciale en matière de débats internationaux et relatifs à l'investissement étranger. En Pologne, par exemple, on se trouve face à une véritable sanction nationale lorsqu'on parle de l'argent extra-muros, c'est comme si la planète s'est tapée un intermède pour pouvoir voir au clair ce concubinage Etats-capitaux extérieurs. Or, le cas de l'opérateur égyptien Orascom reste unique dans la mesure où ces istithmarat al masriya (les investissements égyptiens) d'un capital misérable de 700 millions de dollars payé par facilités sont devenues, au fil des jours, un véritable cauchemar. Du jamais vu comme premier épithète. Un conseil d'administration d'une société ramassant des fortunes du pays où elle exerce ne comprend aucun citoyen de ce même pays. Avec un nombre d'abonnés de 14 millions, Djezzy, devint, au fil des jours, le symbole d'un effondrement économique national. Ici, même si l'on souffre de manque de statistiques en matière de consommation et de dettes des ménages, on peut estimer à un minimum de 10 à 15 % du salaire qu'un ménage débourse pour la facture du téléphone mobile dans un pays où l'Etat se trouve à 80 % pourvoyeur de ce même salaire. Durant huit ans, la machine à sous Djezzy a fait découvrir à l'Algérie un modèle d'investissement unique au monde. Ne servant donc qu'à d'infimes retombées à l'échelle nationale, en dehors d'Alhan oua chabab, l'argent récolté est vite couplé à des fraudes fiscales gravissimes et combiné à des transferts illégaux. Entorsant les règles bancaires sur son chemin, il part créer des postes d'emploi en Egypte ou servir pour graver le nom d'un Sawaris dans la cour de téléphonie internationale. L'Algérie est devenue un marche-pied surtout lors de la vente de la cimenterie par ce même Orascom au francais Lafarge. L'affaire est devenue grave qu'elle nécessite aujourd'hui une réplique nationale appropriée. Dans ce contexte, il faut mentionner que ce qui était correct dans la première démarche d'Alger, c'est ce mépris affiché aux déclarations du patron de VimpelCom, Alexander Izosimov, qui avait tenu un langage menaçant n'excluant pas d'ester en justice le gouvernement algérien au cas où il déciderait de nationaliser l'entreprise Djezzy. Certes, la deuxième lecture du plan algérien visant à s'approprier la filiale Orascom pourrait aussi dire que le gouvernement ne veut pas de Vimpelcom chez nous. Or, cela n'autorise en aucune manière le patron de cette société russe à verser dans l'insolence. C'est comme vous dites : lorsqu'en octobre 2005 la Committee on Foreign Investment in United States (CFIUS) avait refusé au Dubai Ports Word (DPW) de prendre le contrôle des ports de New York (Newark, Philadelphie, Baltimore, Miami et New Orléans), des ports gérés par la Filiale Britannique P&O, la DPW avait menacé le gouvernement américain de poursuite car son argument résidait dans le fait d'avoir racheté ladite société britannique pour la somme de 3,5 milliards de livres et, par voie de conséquence, elle avait le droit de gérer les ports. La suite est connue. Le gouvernement américain avait exercé son autorité sous le vocable American Ports for American Compagnies, et ce n'est pas la globalisation qui allait l'empêcher. Il avait considéré jusqu'à la dernière minute P&O comme interlocuteur en matière fiscale, juridique, administrative et bancaire. La filiale P&O des six ports américains fut alors rachetée par l'entreprise américaine AIG Global Investment Group. Mais le cas de DPW n'est pas le seul cas où les Etats-Unis, premier pays libéral de la planète, avait mis à exécution son droit de bloquer des acquisitions partielles ou totales dans des entreprises américaine surtout par le biais des capitaux étrangers. En août 2005, la pétrolière chinoise CNOOC a dû rebrousser chemin suite au niet politique de l'administration Bush voulant à sa manière protéger la société américaine UNOCAL contre toute tentative d'acquisition asiatique. Un autre conflit ayant opposé le Japon aux Etats-Unis suite au premier refus de la CFIUS de laisser la société Toshiba acheter l'américaine Westinghouse. Mais, dans le domaine de la téléphonie et de l'informatique, la Maison-Blanche avait banni la japonaise NTT Docomo de tout achat d'opérateur de téléphonie américain, à commencer par Guam Wireless. Tout cela sans parler des cas de Lenovo et IBM en 2005, VSNL et Tyco Global toujours en 2005, Singapore Technologies Telemedia et Global Crossing en 2003 et les valses de NTT et son achat de Verio du Colorado. Analogie utile lorsque certaines plumes de la presse américaine n'hésitent pas à parler de la brutalité de l'investissement russe en évoquant le cas de ces wagons d'argent qui surgissent du côté de Moscou pour sauter sur des pays faibles d'Afrique et d'Asie . Le Dezal Izosimov-Sawaris L'investissement type square Port Saïd à Alger aurait probablement donné aux patrons d'Orascom d'autres idées en signant illico une fusion avec Vimpelcom et en cherchant une autre victoire sur le Trésor public algérien. Comme si l'on était frappé d'une naïveté collective, celle qui risque de nous faire tomber encore dans le jeu des propriétaires de Djezzy. Ceux-là, sans avoir épuré toutes les clauses de leurs transactions avec Vimpelcom, commencèrent à claironner. Maintenant, l'affaire est entre les Algériens et les Russes, disaient-ils. Ya salam ya douctour ! Puis ce fut le tour des Russes de Vimpelcom, en manque de cash selon l'agence Standard & Poor's, qui complètent… Si vous voulez Djezzy ce sera pour 7,8 milliards de dollars… Oh davarich ! Un véritable théâtre de maquignons dans une ère narquoise de globalisation. Se déchaîne alors une multitude de réactions dans la presse algérienne. Bien sûr, il faut toujours prendre ce dynamisme du bon côté même si quelques plumes semblent emprunter la globalisation en sens interdit. Mais un gouvernement doit écouter tout le monde, faire preuve de modestie en ne jouant pas à Lavoisier, et ce en donnant la chances à tous les Algériens de faire partie du débat comme de la solution. En matière de maîtrise de tels dossiers, il faut bien admettre que ce n'est pas uniquement notre pays qui se trouve jeté parfois dans des situations de ce genre ; même les gouvernements les plus avertis avaient traversé les pires situations. L'Egypte comme les pays du Golfe ont payé beaucoup pour des erreurs. Dans le monde occidental, le gouvernement canadien s'est doté d'un groupe de travail pour éclairer ses visibilités en matière d'investissement, surtout avec la montée en puissance de la Chine. Toutefois, ce qui manque chez nous c'est le traitement médiatique concernant les actions menées contre l'opérateur Orascom, à commencer par le premier redressement fiscal de 597 millions de dollars. ce serait gravissime de laisser le patron de Djezzy parler dans des forums sans pouvoir lui placer la réplique qu'il faut. Si la position du silence était justifiée dans le cas des délires du patron Vimpelcom même en termes de vision d'avenir, toutes les entorses causées à la loi par Orascom Algérie doivent être expliquées et amplement médiatisées sans oublier la part qui revient aux poursuites légales, en matière d'image et de parole. Il est judicieux de ne pas revenir à ce vocable des années 1980 : l'Algérie travaille en silence. C'était du n'importe quoi. La Bourse d'aujourd'hui est, à des millions de fois, reproduite en sonore. Nous écrivons cet article au moment où une information arrivant d'Athênes (Grèce) et qui annonçait que le patron d'Orascom va perdre Wind Hellas. Il aurait essuyé un revers où des créanciers ont été désignés comme repreneurs de filiale grecque d'Orascom. Les créanciers, détenteurs d'obligations de Wind Hellas, ont réussi à imposer un échange de créances contre des participations, ce qui constitue un coup dur pour Sawiris, qui avait conservé le contrôle du groupe lors d'une première restructuration l'an dernier. Cette fois-ci, il a échoué à obtenir le soutien après que son groupe ait été frappé une fois de plus cette année par les turbulences de l'économie grecque et une guerre des prix dans le secteur. Sawiris avait déposé une offre pour l'entreprise aux côtés de cinq autres soumissionnaires. Le groupe de détenteurs d'obligations (1,2 milliard d'euros) va injecter 420 millions d'euros en échange d'une prise de contrôle de Wind Hellas (source Reuters). Pour le devenir de sa filiale algérienne, Alger a la ferme intention de se l'approprier. La valeur de la transaction reste le point d'orgue de la question, mais les estimations tablent sur quelque 2,5 a 3 milliards comme offre des évaluateurs du gouvernement. Quelle sera la somme médiane ? On attendra. En toute vraisemblance ce serait un retour à la valeur émise par la Deuthch Bank. Quant à la gestion après nationalisation, la situation serait périlleuse pour un statut public. En Algérie, le syndicat est avant le travail, à moins que le sud-africain MTN se profile à l'horizon pour une autre reprise. Et ce sera vraiment la meilleure cette fois-ci.