Et pour celui qui ne le sait pas, la sagesse ou «hiklma» est synonyme en arabe de philosophie. Donc, où est le mal si nous parlons de concepts philosophiques enseignés en situation au fil des années de formation à l'école primaire ? Autrement dit, comme M. Jourdain, personnage de comédie de Molière, fait de la poésie sans le savoir, les écoliers acquièrent en les renforçant à la faveur d'un réel suivi pédagogique, les concepts fondamentaux de la philosophie que l'on croit accessibles seulement aux seuls élèves de terminale. Il s'agit en réalité de valeurs déterminantes Ces valeurs se concrétisent par des faits quotidiens que des principes de moralité empêchent d'aller au-delà de leurs limites. Si vous parlez aux enfants et de manière abstraite de l'amour du travail, ils n'y comprennent rien même si vous leur donnez les meilleures explications possibles par contre, si vous vous appuyez sur des objets connus, des anecdotes vécues, vous pouvez être certain que le message passe. «Je me souviens bien d'une récitation que nous a donné à apprendre un vrai maître d'école conscient des images que le texte poétique peut susciter auprès des enfants et qui nous a marqués à vie, dit un homme de culture d'aujourd'hui, heureux d'avoir suivi une formation épanouissante. Il nous dit que c'est un texte de cinq vers destinés aux petits écoliers et qui parlent en les personnifiant de deux socs de charrue traditionnelle : l'un qui va au champ chaque jour pour labourer, est devenu brillant, alors que l'autre reste suspendu dans un coin de l'écurie, s'est rouillé. Ce dernier dit au brillant : «Où as-tu pris cet éclat, mon frère ?» C'est en travaillant, lui répond-il. Il s'agit-là d'une pédagogie personnalisée qui prépare à la compétition mondialiste, en usant des convictions qui mettent chacun devant ses responsabilités de citoyen arrivé à mâturité. Mû par un esprit d'émulation et de créativité, et conscient d'un amour du travail qui s'accompagne du respect d'autrui, l'enfant apprend à aimer spontanément ses camarades tout en acquérant aussi le sens de la liberté. Cette liberté, définie comme un état d'esprit, s'installe d'elle-même en entraînant dans son sillage la compassion et l'altruisme comme fondamentaux essentiels de cet enseignement dont les objectifs à court et à long terme sont précis. Pas d'incompatibilité avec l'Islam Bien au contraire, la préparation au discours philosophique ne peut qu'être favorable à la valorisation de la pratique religieuse et des musulmans. L'esprit scientifique et le développement des concepts philosophiques menés avec un esprit de critique constructive ne sont nullement en contradiction avec les principes de l'Islam. L'enseignement moderniste que nous avons le devoir de choisir pour l'épanouissement de nos petits apprenants qui seront la société de demain, prépare à l'amour du travail en tant que valeur universelle perçue non pas seulement comme un moyen de vivre ou de faire vivre les siens, mais aussi comme une école, un espace de rencontre idéal pour mieux se connaître, s'autoévaluer par rapport aux autres compagnons de travail. Ce qui contredit la citation : «Connaîs-toi, toi-même» de Socrate. Le travail est une valeur, dans la mesure où chacun apprend à devenir meilleur, compétitif, honnête, respectueux d'autrui, et des sentiments humains et de la différence qui fait la richesse. «Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin», dit un ancien philosophe. Et c'est par le travail qu'on apprend aussi à connaître les limites de sa propre liberté. Celui qui a appris à gagner sa vie au mérite, honnêtement, dans le respect des règles de la moralité est-il en contradiction avec l'Islam ? Continuons à enseigner les principes de conduite moyennant des concepts philosophiques même si on doit les faire chanter comme cela se fait un peu partout. On fait chanter des textes qui inculquent des valeurs morales indispensables à une vie bien organisée où chacun peut bien se sentir dans sa peau et avoir de l'espoir en l'avenir.