En effet, il a annoncé, dans un communiqué, s'être associé, via sa filiale koweïtienne Wataniya, avec un consortium tunisien conduit par Princesse Holding de l'homme d'affaire Sakher El Matri pour acquérir le restant des 50 % de Tunisiana détenus par son coactionnaire, Orascom Telecom Holding (OTH) de l'Ingénieur Naguib Sawiris. Le montant de cette opération a été évalué à 1,2 milliards de dollars US, soit 800 000 euros. La transaction se terminera le 2 janvier 2011, date à la quelle OTH cèdera officiellement ses parts aux nouveaux propriétaires. Créée en 2002, Tunisiana est le deuxième opérateur de téléphonie derrière l'opérateur historique Tunisie Telecom et devant le nouvel arrivant, Orange Tunisie, qui a lancé ses services fixe, mobile et Internet en mai dernier. Il compte 5,7 millions d'abonnés. Qtel est le groupe le plus important du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Il est présent en Algérie à travers Wataniya Telecom Algérie (WTA) et dans seize autres pays. Côté abonnés, il en compte plus de 68 millions. Aux côtés d'une filiale du géant britannique Vodafone, il est le fournisseur des services de télécommunications du Qatar. Ses principaux services sont la téléphonie fixe locale et internationale, la téléphonie mobile dont la 3G, solution Blackberry, l'Internet fixe et mobile, le «e-payement» et la télévision par câble. Cet opérateur a remporté le «Gulf Excellence Award» 2005 (prix d'excellence de la région du Golfe). Le président de Qtel, Cheikh Abdullah Ben Mohamed Ben Saoud Al-Thani a affirmé, lors de sa visite à Tunis le 22 octobre dernier, que sa compagnie lancera les services de la quatrième génération de l'Internet mobile de type «LTE», et fera de Tunisiana le premier opérateur 4G en Tunisie. ‘Cette acquisition conforte Qtel dans sa vision pour 2020 qui consiste à se placer parmi les 20 premières compagnies de télécommunications dans le monde ; nous avons toujours réussi à travailler avec des partenaires locaux bien établis et très respectés et nous sommes heureux d'avoir obtenu les actions supplémentaires de Tunisiana à un bon prix», a-t-il indiqué dans le communiqué. En dépit du fait que le montant de cette cession des parts représente 7 fois l'Ebitda de l'opérateur tunisien pour l'année 2009, des analystes en économie des télécommunications mobiles n'hésitent pas à qualifier cette opération d'une bonne affaire. Ils estiment que la prise de contrôle de Tunisiana, avec un consortium local, fera de un opérateur important en Tunisie et au Maghreb. De son côté, OTH a publié un communiqué de presse le jour même indiquant que l'abandon de ses intérêts en Tunisie ne signifie nullement un renoncement à vendre ses actifs à VimpelCom ! «Vendre les actifs non essentiels afin de renforcer la liquidité financière de l'entreprise et son assise financière», lit-on dans le communiqué. Certes, l'argent provenant de cette vente peut servir à réduire les dettes devant être supportées par VimpelCom, d'où la précipitation de ce dernier à soutenir cette transaction. Cependant, d'autres observateurs estiment que ce rachat ne peut qu'être inscrit dans la perspective d'un abandon du projet d'association avec l'opérateur russe. Et ce, en raison de l'impasse dans laquelle se trouve le dossier de la filiale algérienne d'OTH, Orascom Telecom Algérie (OTA). Le gouvernement algérien continue à afficher sa volonté de nationaliser l'opérateur mobile malgré les menaces de Naguib Sawiris de recourir à une cour d'arbitrage internationale pour imposer son projet de vente. D'ailleurs, Qtel semble réussir son coup en exploitant ce blocage : aucune cohérence ne peut être notée dans les différentes démarches de Sawiris. Au départ, il annonçait vouloir vendre ses activités télécoms à l'opérateur sud-africain MTN. Le «Niet catégorique» de l'Algérie a fait échouer cette option. Dans les jours qui suivaient, il projette une fusion avec le groupe russo-norvégien VimpelCom. Mais quelques jours plus tard, il cède ses parts, dans le capital de Tunisiana, à son coactionnaire le consortium «Qatar Telecom-Princesse Holding». Décidément, la fermeté du gouvernement algérien dans ce qui est devenu «l'affaire Orascom-Algérie» déboussole Sawiris et pousse à chercher de l'argent liquide pour payer, dans la précipitation, ses dettes pour, au moins, lever l'asphyxie financière dans la quelle se trouve OTA. Reste à savoir que fera Sawiris si jamais l'accord conclu avec Vimpelcom sera officiellement abandonné. Sans doutes, il attendra la finalisation, par le gouvernement algérien, de l'évaluation financière d'OTA. Pendant ce temps, il commencera à rembourser ses crédits…