Pas moins de neuf musiciens, donc, et pas des moindres, s'il vous plaît ! Sous la houlette du maestro Nasreddine Dalli en l'occurrence : Patrick Plaza, Hervé Le Bouche, Bouabdallah, Amar Chaoui, Rafik Kortbi, Hafidh Djemaî, Mehdi Dallil, Khelif Mizialaoui respectivement à la basse, batterie, violon, percussion plus flûte, clavier, mandole, banjo et guitare ont majestueusement accompagnés des ténors de la chanson algérienne à l'image d'Amazigh Kateb ex-Gnawa Diffusion, Hocine Boukella (Cheikh Sidi Bémol), Laoufi Abdellatif de Gaâda Diwane de Béchar, Akli D., Karim Abranis, Kamel El Harrachi, les frères Djemaî, Samira Brahmia, Khaled et autres cylindrées comme le poète Kamel Hammadi et ce, sous les youyous nourris de nombreuses femmes algériennes, voire françaises présentes dans la salle. Les chanteuses et chanteurs, quant à eux, n'on eu aucun mal à faire vibrer le nombreux public du Cabaret Sauvage venu rendre un grand hommage à l'un des pionniers du métissage culturel algérien qui, pour la circonstance faut-il le souligner, s'est déplacé ce soir là en bravant le froid et la pluie… Ils sont venus de Lyon, Bordeaux, Montpellier, Grenoble, voire de Londres, Genève… Cheb Khaled, par exemple, est venu du Luxembourg spécialement pour l'auteur de Yemma Gouraya et Amazigh Kateb de Grenoble alors que la veille il venait, d'être papa d'un joli poupon… Djamel nous dira en substance : «C'est vraiment magnifique de leur part et surtout de ce qu'ils ont donné sur scène. Je n'oublierai pas ce geste… Cela m'a beaucoup touché…» La soirée dédiée à la chanson algérienne et à ses différents rythmes où le karkabou, banjo, bendir ont savamment accompagné les voix des artistes du magnifique plateau proposé, s'est ainsi, prolongée jusqu'à une heure tardive de la nuit. Pour satisfaire ses fans et revivre ses quatre décennies de carrière artistique, Djamel Allam a repris pratiquement avec l'art et la manière toutes ses chansons ce soir-là, de Gatlatou à Ourastrou en passant par Djawhara , parfois en duo comme la chanson El Hachemi, extrait de son dernier album en hommage au maître de la chanson chaâbie, feu El Hachemi Guerouabi, interprétée magistralement avec Khaled, sans oublier «Ptit Moh» en duo cette foi-ci avec le fils de son ami, feu Kateb Yacine en l'occurrence Amazigh. Des moments, en somme inoubliables et émouvants. Par ailleurs, du côté fausses notes, on citera l'absence des Sid Ahmed Aggoumi, Idir, Takfarinas et Fellag lors de cette soirées ô combien exceptionnelles. Djamel nous dira par la suite comme nous l'avions annoncé dans notre édition du mardi : «Le hasard a voulu qu'ils étaient déjà programmés ailleurs ce soir-là, et à la même heure, j'espère qu'ils seront présents à Alger où je compte renouveler l'expérience pour mes fans là-bas… Je suis en tous cas très heureux de cette soirée et je remercie tous ceux qui, de près ou de loin, ont apporté quelque chose pour sa réussite…» Djamel Allam, 63 ans avait quitté l'Algérie en 1970 pour s'installer à Marseille. Il chante en arabe, en berbère et en français, car notre artiste est polyvalent. Il est à la fois auteur de musiques de films et acteur. Il a toujours fait le lien entre les deux rives de la Méditerranée et été toujours aussi contre les frontières, la faim, la misère, le racisme, le communautarisme… Il le confirme, d'ailleurs, encore une fois lors de la conférence de presse qu'il a donnée après le spectacle devant les journalistes de RFI Berbère Tv et la Nouvelle République : «En 2010, les Haïtiens meurent du choléra et le monde regarde ; c'est vraiment absurde et je suis scandalisé par cette situation. Ils ont eu tout, ces pauvres gens : choléra, tremblement de terre et guerre civile. C'est une honte aux politiques, pourquoi ce mépris ? Les Américains ne peuvent pas les aider ?...» Ces derniers temps, il mène d'ailleurs un combat pour que le statut de l'artiste en Algérie voit le jour. Ces opus Mawlud,Gouraya, Salimou, les Rêves du vent, Si Slimane ou encore son tout dernier bébé, le Youyou des anges, resteront à jamais un régal textuellement et bien entendu musicalement. Merci, l'artiste, et bonne continuation pour le reste !