Dans notre édition d'hier, nous avions évoqué sur la base des écrits des reporters suisses que la FIFA se noie presque dans des dossiers qui remettent en cause sa crédibilité. Assommée par le reportage diffusé par la BBC, cette institution footballistique a du mal à convaincre de son innocence. Ce n'est pas facile de fermer une porte bloquée par des dossiers qui «vomissent» des faits pas faciles, à contre dire trois membres du comité exécutif de la FIFA, dont l'actuel président camerounais de la Confédération africaine de football Issa Hayatou, ont été corrompus entre 1989 et 1999. Des dates dont les accusés croyaient à tout jamais effacées, voire oubliées, mais l'histoire rattrape très souvent les auteurs. C'est la FIFA qui ne sait plus vers quelle direction s'orienter pour se faire une image. Le président de la CAF, Issa Hayatou, disent certains, ce poste qu'il ne lâche pas depuis 1999 se justifie aujourd'hui à la lumière de cette accusation. Nous comprenons pourquoi défend-il son fauteuil, il y a à boire et à manger. A-t-il reçu 100 000 francs français de la société de marketing International Sports and Leisure (ISL) en 1995 ? International Sports and Leisure, faut-il le rappeler, avait obtenu l'exclusivité des droits pendant plusieurs Coupes du monde avant d'être liquidée en 2001. Si Issa Hayatou est innocent, pourquoi alors une telle accusation ? Pourquoi ce chiffre, pourquoi cette société ? Le reporter serait-il le concurrent de Hayatou pour afficher des chiffres aussi précis que l'eau de roche ? 175 versements illégaux représentant 100 millions de dollars (76 400 000 euros) et servant à corrompre plusieurs hauts responsables de la FIFA auraient eu lieu entre 1989 et 1999. Dans le reportage, d'autres informations donnent du poids à ce dossier et enfoncent un peu plus, non seulement le président de la CAF mais toute l'institution. Comment et pourquoi cette tentation alors que sa mission et de faire éviter de pareilles glissements au monde africain de football qu'il représente ? Les maillons de la chaîne s'élargissent et accrochent aussi le patron du football brésilien, Ricardo Teixeira et le président de la Confédération sud-américaine (Conmebol) Nicolas Leoz. Le premier, en l'occurrence Ricardo Teixeira aurait bénéficié de virements via une société écran, la Sanud, tandis que Nicolas Leoz aurait reçu 730 000 dollars d'ISL. Mise à mal par ce dossier enflammé par des informations qui tombent de partout, sentant la crédibilité blessée, l'institution mondiale se fragilise. Le président de la FIFA, ne pouvant rester les bras croisés, a réagi mardi passé dans un communiqué qui, du reste, a du mal à convaincre «les autorités suisses compétentes qui sont en train d'y enquêter.» «Dans un verdict du 28 juin 2008, la Cour criminelle de Zoug n'a condamné aucun membre de la FIFA. [...] L'enquête et l'affaire sont définitivement closes.» Mais voilà que le reportage de la BBC n'était pas vide, ce n'est pas un reportage touristique, au contraire, il pousse caméras et micros jusqu'à accuser en outre «un des vice-présidents de la FIFA, Jack Warner, d'avoir tenté- en vain d'acheter pour 84 240 dollars de billets pour le Mondial-2010 afin de les revendre». Une accusation dont il avait déjà été l'objet dans le passé. A la lumière de cette accusation «l'ONG Transparency International Suisse» a réclamé le report du vote prévu jeudi «jusqu'à ce que toute la lumière soit faite sur les allégations diffusées par la presse». Le responsable de la candidature de l'Angleterre pour le Mondial-2018, Andy Anson, a qualifié la diffusion de ce magazine de la série «Panorama», trois jours avant le vote, «d'anti-patriotique».