A l'image au départ pour l'Europe, les entreprenants et les intellectuels peuvent constituer une dynamique. Aussi, cette présente contribution pose la problématique de l'urgence d'une nouvelle politique économique au Maghreb au sein d'une économie mondialisée si l'on veut attirer des investisseurs potentiels, intéressés non par des micro- espaces mais par un marché de plus de 100 millions d'habitants. Situation du Maghreb Le Maghreb correspond à l'Afrique du Nord-Ouest, délimitée au nord par la Méditerranée et au sud par le Sahara. Sa superficie totale est de 5,8 millions de kilomètres carrés représentant 4,3 % de la superficie mondiale et dépassant de près de 80 % la superficie de l'Union européenne. Durant les cinquante dernières années, la population des pays de l'UMA a augmenté à un taux d'accroissement moyen de 3,2 % par an passant de moins de 30 millions en 1960 à 60 millions en 1989 et environ 90 millions en 2010 et les Nations unies l'estiment à 150 millions d'habitants à l'horizon 2050, encore qu'au cours des deux dernières décennies, les femmes du Maghreb ont vu leur fécondité chuter considérablement. Cette baisse de la fécondité a surpris par sa rapidité nombre de spécialistes des problèmes de population. Si le poids démographique de l'UMA est en légère augmentation, son poids économique est en régression. L'UMA a perdu plus de la moitié de son poids économique dans le monde entre 1980 et 2010. Ses exportations, qui représentaient environ 2 % des exportations mondiales en 1980, représentent moins de 0,50 % en 2010. Cela n'est pas propre au Maghreb puisque la part de l'Afrique dans le commerce international représentait 12 % il y a 20 ans, étant passé à 8 % dans les années 1990 et, actuellement, elle atteint à peine 2 %. Cette région est frappée actuellement par une récession économique avec un écart croissant, les pays de l'UMA ayant un PNB par tête qui représente moins de 15 % de ceux de la CEE. Cette récession s'explique par différents facteurs dont le manque d'homogénéisation économique pour des raisons essentiellement politiques qui fait fuir les capitaux vers d'autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, la Chine accaparant plus de 50 % pour la zone Sud. Mais la raison essentielle est le retard pris dans les réformes micro-économiques et institutionnelles bien que certains pays du Maghreb aient réussi la stabilisation du cadre macro-économique. Cette situation s'explique également, outre les données politiques, par l'extension de la sphère informelle résultante du poids de la bureaucratie centrale et locale et qu'au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de Maghrébins de contourner la myopie des bureaucraties nationales.
Un produit intérieur global loin des potentialités Pour la région du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie), le FMI prévoit dans son rapport d'octobre 2010 sur les deux années 2010 et 2011 une moyenne de taux de croissance de +5 % en 2010 et de +4,6 % en 2011 contre +2,4 % en 2009, et ce bien entendu sous réserve d'une reprise de l'économie mondiale. En ce qui concerne les réalisations pour 2009, le Maroc arrive en tête du Maghreb pour les indicateurs de performance économique, selon un rapport de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (UNECA) du 18 mai 2010 avec une croissance du PIB de 5,3 %, l'Egypte (4,7 %), la Tunisie (3 %), la Mauritanie (2,3 %), l'Algérie (2,1 %) et la Libye (1,8 %). L'étude intitulée ERA 2010 souligne que le PIB régional est passé de 4,1 % en 2008 à 3,5 % en 2009 et que «les perspectives africaines de croissance à long terme, de création d'emplois soutenue et de développement social dépendront de l'étendue de la diversification économique en fait de l'intégration économique de l'Afrique du Nord». Selon le FMI, le PIB en Algérie par habitant en 2008 est de 4.041 dollars (8.649 dollars en parité de pouvoir d'achat). En Tunisie, le PIB par habitant en 2008 est de 3.759 dollars (7.938 dollars en parité de pouvoir d'achat). Au Maroc, le PIB par habitant en 2008 est de 2.720 dollars (4.385 dollars en parité de pouvoir d'achat), la Libye a un PIB par tête d'habitants de 14.200 dollars, alors que le pays le plus pauvre, la Mauritanie, avec environ 1.012 dollars par tête d'habitants, se retrouve vers la fin classement. Selon le vingtième rapport 2010 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié le 05 novembre 2010, pour l'indice du développement humain (IDH), l'Algérie avait perdu 4 places, passant de la 100e place en 2008 à la 104e en 2009 et est à la 84e place avec un indice de 0,677, améliorant son classement de vingt places. La Libye est le pays maghrébin le mieux classé mondialement (53e position) avec un indice de 0,755, suivie de la Tunisie (81e) avec un indice de 0,683. Le Maroc est à la 114e place avec un indice de 0,567 et la Mauritanie en 136e position, avec un indice 0,433. Encore que pour l'Algérie et la Libye l'indicateur doit être replacé dans son contexte car fortement irrigué par la rente des hydrocarbures. Quant au produit intérieur brut(PIB), en moyenne en 2008/2009, en Algérie, il est estimé à 160 milliards de dollars pour une population de 33,1 millions d'habitants, dont 45/50 % d'hydrocarbures. Quant au Maroc, le PIB est de 87 milliards de dollars pour une population de 31,2 millions d'habitants, la Tunisie 41 milliards de dollars pour une population de 10,4 millions d'habitants, la Libye 87 milliards de dollars en majorité d'hydrocarbures, car étant le deuxième producteur de pétrole en Afrique derrière le Nigeria et devant l'Algérie, avec plus de 1,7 millions de barils par jour et devant passer à la fin de 2011 à 3 millions de barils jour pour une population en 2008/2009 de 6,3 millions d'habitants et, enfin, la Mauritanie avec 3,16 milliards de dollars pour une population de 3,37 millions d'habitants. Le total du PIB du Maghreb en 2008 est en moyenne de 380 milliards de dollars, ayant peu évolué entre 2009 en 2010, montant dérisoire comparé pour la même période au PIB d'un petit pays comme la Corée du Sud dont le PIB a dépassé 1.100 milliards de dollars, représentant 80 % du PIB de la Belgique, dont la population ne dépasse pas 10 millions d' habitants, du PIB du Japon de plus de 4.900 milliards de dollars pour une population un peu supérieure à celle du Maghreb de 127 millions d'habitants, sans compter le PIB des Etats-Unis de 14.545 milliards de dollars, du PIB de la Communauté économique européenne, première puissance économique mondiale avec 18.285 milliards de dollars et des exportations annuelles de L'Allemagne de 1.500 milliards de dollars.
Des échanges intra-maghrébins insignifiants Le volume global des échanges entre les Etats membres du Maghreb est très faible, ne dépassant pas 3 % en moyenne en 2008/2009, celui entre les pays arabes 6 % et le commerce intra-africain ne dépassant pas 10 % dont pour l'Algérie 1 % de ses échanges. Aussi, entre les discours et la réalité existe un large fossé. Pour 2008 l'Algérie a exporté pour 78,23 milliards de dollars dont 98 % d'hydrocarbures et importé pour 39,16 milliards de dollars avec le montant presque équivalent pour 2009 ((baisse de 0,95 % par rapport à 2008). Pour le Maroc, les exportations ont atteint 20,60 milliards de dollars et 23,23 millions pour les importations et la Tunisie 19,22 milliards de dollars d'importations et des importation de 23,23. Quant à la destination, l'Algérie exporte sur le marché européen environ 62 % et importe environ 60 %, le Maroc exporte également 60 % de ses échanges avec l'Europe, et la Tunisie l78 %. Le Maroc et la Tunisie importent plus de 72 % à partir de ce même marché. Ces relations commerciales de l'Europe avec le Maghreb, selon le réseau Anima, a été renforcé durant la crise d'octobre 2008 avec le retour des investisseurs européens dans la région. (A suivre)