, L'obole de «Lalla Halima», ancrée dans la vie sociale et l'imaginaire populaire d'Oran, est une tradition que les femmes de la région se sont habituées à célébrer chaque année. Ce rituel, à la préparation duquel, contrairement aux autres «waadas», les hommes ne participent pas, s'est établi, au fil des années, comme patrimoine populaire. Il véhicule plus d'une signification sociale et est considéré comme tradition liée fortement à la réalité sociale de la famille oranaise qui renoue chaque année avec cette «kermesse». Appelée également «maârouf», cette offrande diffère pour ce qui est du lieu et du moment de sa célébration par rapport aux autres waadas célèbres à Oran et ses environs, à l'image des waâdas de «Sidi El Hasni», «Sidi El Bachir», «Sidi Abdelkader» et «Sidi El Khiar». Les ancêtres célébraient «Lalla Halima», connue dans différentes régions de l'ouest du pays (Oran, Aïn Témouchent, Sidi Bel-Abbes et Tlemcen) en automne, pour implorer une bonne pluviométrie, selon une vielle femme attachée à cette tradition. Cette année, elle a coïncidé avec la célébration de l'Aïd El Fitr, l'Aïd Al Adha, le début de la nouvelle année hégirienne et l'Achoura. «Lalla Halima» est organisée deux fois par an, sans référence à un saint patron ou à des légendes et croyances populaires. Les familles oranaises la considèrent comme une «charité» perpétuant la mémoire de la nourrisse du Prophète (QSSSL), Halima Essaâdya, qui a connu, avec sa tribu, la «baraka» après la naissance de Mohamed (QSSSL). Lorsque le moment de ce «maârouf» arrive, des petits regroupements se forment. Les femmes se regroupent en absence des hommes et entament la préparation de la fête en choisissant une femme âgée, à laquelle sera confiée la tâche d'un travail de proximité consistant en la collecte de denrées alimentaires (épices, morceaux de viande séchée, sucre, café, thé et lait) destinées à la préparation de deux plats: le couscous et le «berkoukes» . Il n'y a pas si longtemps, la proclamation «officielle» de la date de ce rendez-vous se faisait par des filles en âge de se marier qui, de porte à porte, annonçaient la bonne nouvelle au petit matin. Rançon de la modernité, atuellement cette fête est annoncée par «textos» SMS par le biais du téléphone mobile, a expliqué Mme Fatiha, résidente au quartier de Medioni qui s'est accoutumée, depuis sa jeunesse, à participer à cette kermesse. Pour elle, les nouvelles technologies de communication ont facilité la tâche de ces jeunes filles. Les quartiers populaires d'Oran restent fidèles à cette tradition, à l'instar de haï Sidi El Houari, haï Es-sanawbar, haï Abdelmoumen et haï Emir Khaled, qui disposent de grands haouchs faisant office d'espaces de regroupement des femmes à la «zerda» de «Lalla Halima». Généralement, l'organisation de ce «maarouf» se fait dans un espace fermé et choisi par une vieille femme chargée de la préparation, contrairement aux waadas où des terrasses et places sont choisies pour dresser les tentes, organiser des fantasias et des chants folkloriques. Les rites de l'obole «Lalla Halima» sont caractérisés par des louanges religieuses prononcées par des «fakirates» marquant le début de la fête dans une ambiance conviviale où sont narrés des contes populaires louant les mérites des saints patrons. «A l'occasion de cette fête, s'est offusquée une adepte de la tradition de «Lalla Halima», des «opportunistes» profitent de l'aubaine pour s'adonner à la mendicité, s'en allant frapper aux portes des maisons en quête d'argent.»