A la vérité, les peuples de Gumaras et de Houaras n'ont jamais fourni de souverains en titre. Ils ont cependant exercé des seigneuries dans certaines régions particulières, comme on le lit dans les chroniques des Africains. L'époque à laquelle ils exercèrent ce pouvoir ce place après l'entrée des Musulmans en Afrique ». Après l'arrivée de l'Islam, entre le VIIIe et le XVe siècles, les Gumaras (Gomaras...) ont exercé des seigneuries dans le Rif du Maroc et dans l'Al-Andalus, comme le précise El-Bekri. Mais aussi, dans les XVe et XVIe siècles en Espagne dans la période de la Renaissance, pour ceux qui sont restés sur place et ont embrassé la religion chrétienne catholique. Moussa Ibn Noussaïr et les Ghomaras En 704, Ceuta (Septem) ville d'une haute Antiquité, était la résidence du comte Julien, gouverneur du pays des Ghomaras. Ce chef ayant appris que Moussa Ibn Noussaïr marchait vers Ceuta, gagna sa bienveillance en lui offrant des cadeaux et en payant la capitation. Moussa Ibn Noussaïr le confirma dans le commandement de Ceuta, après avoir retenu comme otage, son fils et les fils de son peuple, c'est-à-dire des Ghomaras. Il établit aussi Tarik Ibn Ziyad Al-Oulhaçi à Tanger et y plaça en garnison un corps de troupes que les Ghomaras s'étaient obligés à lui fournir. Tarik Ibn Ziyad passa ensuite en Espagne et frappa les Ghomaras de nouvelles réquisitions en hommes, jusqu'à ce qu'il eu effectué la conquête... Après la mort du comte Julien, les Arabes s'installèrent à Ceuta, après avoir obtenu un accord à l'amiable de la part des Ghomaras. 4/ Les Kharijites et l'insurrection des Ghomaras Selon l'historien Charles-André Julien, le calife Omeyyade Hicham voulait renforcer le système de taxation. Les gouverneurs de Tanger et du Sous lui étaient si dévoués qu'ils provoquèrent le soulèvement des habitants de ces régions et surtout une très grande révolte à Tanger, au printemps de l'an 740. Ce furent les Kharijites qui menèrent la danse. A la tête des rebelles, parmi lesquels on trouvait les Ghomaras, les Berghwatas et les Miknasas, était un porteur d'eau nommé Maïssara El-Madughari, plus connu sous le nom d'El-Hakir. Il était un partisan des Kharijites. Défenseur des opprimés, brave et en pleine force physique, Maïssara était un homme de tête. Aidé par le mouvement de l'inssurection et sous l'impulsion des Kharijites, il porta son attaque sur le gouverneur de Tanger. Par une habile offensive, il réussit à s'emparer de Tanger et à tuer le gouverneur, l'émir Omar Ibn Obeïd-Allah. Malgré l'intervention du gouverneur d'Al-Andalus, ils devinrent les maîtres de Tanger. Ayant reçu des renforts de partout, Maïssara envahit le pays du Sous où il fit tuer le gouverneur, l'émir Ismail Ibn Obeïd-Allah, le fils du gouverneur de Kairouan. Maïssara fut reconnu comme chef et nommé calife. Ceci n'a pas empêché ces tribus de le déposer et de l'exécuter, le jour où il fut suspect de tiédeur. Leur nouveau chef Khalid Ibn Hamid, a vaincu l'armée arabe sur le Chélif à la bataille des Nobles où le commandant des armées arabes, Khalid Ibn Habib Al-Fihri et tous les héros qui l'entouraient périrent. L'échec subi à la bataille des Nobles, plonge l'empereur Hicham dans la consternation : Comment sauver le Maghreb (Kairouan) du péril kharijite ? Le calife omeyyade Hicham jugea alors nécessaire de réagir et envoya sous le commandement l'émir Kolthoum Ibn Eïd, les meilleures troupes de Syrie (12 000 hommes) qui connurent le même sort à Bakdoura, sur le Sebou, en l'an 742. La situation du calife omeyyade était devenue très délicate à Damas : sa réputation et son autorité étaient sérieusement menacées. De nouvelles mesures plus fortes et plus efficaces s'imposaient de toute urgence... Enfin, la même année le nouveau gouverneur d'Egypte, Handhala Ibn Safwan, est intervenu juste à temps pour mettre fin à cette situation, qui menaçait sérieusement Kairouan, par la double victoire d'El-Karn dans la banlieue de Kairouan et d'El-Asnam. D'autres insurrections kharijites ont eu lieu à Oufedjouma en l'an 757, à Tlemcen et Mazouna en l'an 765... Jusqu'à l'arrivé de la dynastie des Aghlabides au Maghreb. 5/ La dynastie des Salihides chez les Ghomaras Saleh Ibn Mansour est le fondateur de la dynastie des Salihides, dès le début du VIIIe siècle, au niveau du territoire de Nokour, sur la côte des Ghomaras, dans le Rif Oriental au nord du Maroc. Ceci s'est déroulé bien sûr, avant l'arrivée des Berbères zénatas, vivant de nos jours dans cette région. Lors de la conquête musulmane, les vainqueurs se partagèrent quelques terres dans les cantons et les provinces du Maghreb. Dans les périodes de crise, ils obtinrent des renforts afin de faire face aux Berbères rebelles. Dans le premier corps de ces renforts, nous raconte l'historien Ibn Khaldoun, se trouva Saleh Ibn Mansour, un chef himyerite, appartenant aux Arabes du Yémen et ancien compagnon de Oqba Ibn Nafi', nous confirme l'historien Lévi-Provençal. Ce guerrier connu par le surnom d'El Abd Es-Saleh (le bon serviteur de Dieu) s'installa dans le territoire de Nokour. Ce territoire est délimité à l'est par celui des Zouaghas et des Djeraouas ; à l'ouest par celui des Béni-Merouan et des Béni-Hamid, toutes les deux des sous-branches des Ghomaras ; enfin, au nord par la Méditerranée à une distance de cinq milles, nous raconte Ibn Khaldoun. La ville de Nokour va devenir plus tard, un port maritime en relation commerciale avec Al-Andalus,… Saleh Ibn Mansour, s'installa dans le pays des Ghomaras et commença par rassembler autour de lui les tribus des Ghomaras et celles des Senhadjas, toutes les deux païennes, pour leur apprendre l'Islam. Les devoirs et les obligations de cette nouvelle religion, leur étant ensuite devenus à charge, ces tribus renoncèrent à l'Islam et forcèrent Saleh Ibn Mansour à quitter le pays des Ghomaras, pour aller s'installer ailleurs... Ces tribus prirent un nouveau chef de la tribu 0berbère des Nefzas, surnommé Er-Rondi, pour leur apprendre la religion païenne de leurs ancêtres… Et peu de temps après, ces mêmes tribus revinrent à la foi de la nouvelle religion et rappelèrent Saleh Ibn Mansour au commandement... Il s'y établit et maintint son autorité dans le pays des Ghomaras avec leur appui. Il eut une nombreuse postérité et régna sur ces tribus jusqu'à sa mort en 749-750. Sa succession fût assurée par son fils El-Motacem et, ensuite, par Idriss sont petit-fils. Ce dernier posa le fondement de la ville de Nokour sur le bord de la rivière et mourut en 760-761. Le prince Saïd, le fils d'Idriss hérita de l'autorité souveraine et atteignit une grande puissance. Il termina la construction de la ville de Nokour et de son port en 761 et alla s'y établir. La ville de Nokour devint un port très actif grâce à un échange maritime important avec l'Al-Andalus. En l'an 858, nous raconte l'historien Lévi-Provençal, les Vikings du Nord arrivèrent avec une flotte et s'emparèrent de la ville de Nokour... Mais, huit jours plus tard, les tribus berbères de la branche des Branès ont réussi à récupérer la ville. Quelques temps après, les Ghomaras déposèrent Saïd Ibn Idriss et mirent sur le trône un homme de leur tribu, nommé Sogguen ; mais Saïd Ibn Idriss a remporté la guerre contre les Ghomaras et leur chef Sogguen. Saïd Ibn Idriss mourut en l'an 803-804, après un règne de 37 ans. Quelques temps après, soutenu par les Ghomaras, le nouveau chef idrisside attaqua les Boutouïas, les Mernissas, les Béni Ourtendi et fit venir vivre à Nokour son beau-frère, Ahmed Ibn Idriss Ibn Mohammed Ibn Soliman, le prince des Djeraouas. A partir de cette période, les conflits et les guerres avec les Fatimides vont commencer, reprendre et reprendre jusqu'à la prise d'Oran (Algérie) par la tribu des Azdadjas. (A suivre)