La FAO met en garde contre une crise alimentaire majeure. Il faut noter que cette crise n'est pas due à une pénurie, mais est aussi une conséquence de l'essor des biocarburants, comme le souligne Olivier de Schutter (dans un entretien accordé au quotidien économique les Echos du 11/01/11) : «Aux Etats-Unis, la part de la production de maïs destinée à l'éthanol sera cette année de 38,3%, contre 30,7% en 2008. Dans le contexte actuel, c'est complètement irresponsable de continuer ainsi ! Les stocks mondiaux de céréales - toutes céréales confondues -seront en 2011 de 427 millions de tonnes, contre 489,8 en 2009. Cette perte de près de 63 millions de tonnes est imputable pour plus des deux tiers aux Etats-Unis et à l'Union européenne. C'est là que les stocks sont les plus restreints. Et c'est notamment dû à la diversification des productions de céréales vers les agrocarburants… » Rien, donc, dans la révolte tunisienne ne semble être le fruit du hasard. Ce qui n'enlève rien bien sûr au courage et au mérite des Tunisiens qui semblent d'ailleurs bien partis pour ne pas se laisser voler leur révolution. Assange déblaie le terrain, chauffe le peuple, Wall Street l'affame et le régime vermoulu et crapuleux de Ben Ali, grand allié de l'Occident s'écroule, avec un coup de pouce de la diplomatie US. (voir : Les USA derrière la fuite de Ben Ali). A ce sujet, un article du Figaro, «Dans les coulisses du départ précipité de Ben Ali », est plus qu'instructif. Notamment ce passage : «Les Américains ont-ils joué un rôle actif dans cette exfiltration ? Selon un diplomate tunisien, interviewé par le Figaro, l'ambassade américaine à Tunis aurait appelé le général Ammar, lui donnant son feu vert pour renverser le régime.» L'hebdomadaire le Canard Enchaîné relaie lui aussi l'info, soulignant encore plus le rôle servile et soumis des français face aux américains, «les Américains n'ont pas pris la peine de nous tenir au courant», se lamentent les diplomates français. Cette intervention américaine est contestée par ceux qui pensent que l'Empire n'a pas intérêt à renverser son propre pion. Pourtant, être «pion» de l'Empire n'est pas une situation durable, même quand on est un «rempart contre l'islamisme» qui a rendu des services du temps où il suffisait de prononcer le mot terrorisme pour bénéficier des faveurs et de la bienveillance des Etats Unis… Mais il est vrai que la «menace terroriste» a maintenant du plomb dans l'aile et peine à effrayer les foules. Ainsi, ces jolies «révolutions colorées» aux fruits de mer fleuris (jasmin pour la Tunisie, tulipes au Kirghizstan, roses en Géorgie, cèdre au Liban…) sont sensées amener une nouvelle «tarte démocratique» dans leur sillage. (Suite et fin)