Une chose est sûre : plus d'un million de personnes se sont rassemblées, hier, à la place Tahrir (place de la Libération), au Caire, pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak. Il y a lieu de signaler l'engagement, la veille au soir, d'un porte-parole de la muette égyptienne de ne pas faire usage de la force. Une attitude qui semble avoir revigoré les manifestants dont les revendications sont considérées, à présent, comme «légitimes». D'aucuns assimilent cette position à un lâchage pur et simple du raïs par l'armée égyptienne. Et pas seulement ! Sur la scène internationale, Moubarak perd ses alliés un à un. Toujours est-il que la journée d'hier a été riche en péripéties. Les voyagistes européens ont passé toute la journée de mardi à évacuer leurs touristes. Les Etats-Unis ont ordonné le départ du personnel non essentiel de leur ambassade au Caire. L'ambassadrice des Etats-Unis au Caire, Margaret Scobey, a confirmé s'être entretenue au téléphone avec Mohamed El-Baradeï, l'opposant numéro 1 de Hosni Moubarak. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté le régime égyptien de Hosni Moubarak à «satisfaire sans hésitations la volonté de changement» de son peuple. Tout autant que l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix qui s'est rangée, elle aussi, du côté des manifestants égyptiens. Le célèbre acteur égyptien Omar Sharif a pris position lui aussi en déclarant à la chaîne britannique d'informations en continu BBC que la population «veut des têtes nouvelles, une vraie démocratie». L'Unesco lancé un appel à la sauvegarde du patrimoine de l'Egypte, réclamant des mesures pour protéger «les trésors» du pays, «au Caire, à Louxor et sur tous les autres site culturels ou touristiques». Quelques citoyens égyptiens sont sortis pour appeler, pour leur part, au calme. A l'heure où nous mettons sous presse, la situation continue d'évoluer. Malgré le couvre-feu en vigueur, les manifestants étaient encore réunis sur la place Tahrir, lieu de ralliement de la contestation, scandant des slogans hostiles au régime de Moubarak notamment «Ech Châab yourid iskat en nidham ! », un leitmotiv doublé d'un véritable programme.