« La Russie rachète 24 chasseurs «algériens». Il y a de l'humour décalé dans l'intitulé de la dépêche de l'agence « Novosti » au sujet d'un contrat avec l'Algérie qui a été annulé et qui semble définitivement clos. Les chasseurs Mig-29 SMT et MiG-29 UBT sont bien russes et faisaient partie d'un contrat signé en mars 2006, pour l'achat d'équipements militaires russes, où figuraient 34 MiG-29 pour un montant de 1,28 milliard de dollars (987 millions d'euros). Alger, qui en a reçu un lot rendu par la suite, n'en voulait plus. Aucune communication officielle algérienne n'a donné les raisons de cette annulation du contrat, les médias russes, eux, indiquant que l'Algérie avait reçu des appareils d'une qualité inférieure aux attentes. Une thèse que les journaux russes, citant le constructeur russe, ont rejeté en imputant la décision algérienne à des « considérations politiques ». Le président de l'Agence fédérale russe de l'Industrie (Rosprom), Andreï Doutov, avait déclaré à l'époque, au journal « Vedomosti » que l'annulation du contrat n'était pas due à la qualité des Mig-29 mais obéissait à des considérations politiques propres à Alger. « Les raisons du refus en ce qui concerne le contrat algérien sont plutôt d'ordre politique ». Même lors de la visite de Bouteflika à Moscou, dans les derniers jours de la présidence de Poutine, « l'affaire des MiG » n'a pas fait l'objet d'une communication officielle. Mais à l'évidence, l'affaire a été soldée. Affaire soldée Apparemment, pour rester dans la logique contractuelle, les Mig vendus à l'Algérie sont rachetés par la Russie qui les affectera à son armée. Il semble bien qu'il s'agisse d'un accord ad-hoc. Les machines ayant été en partie payées, le fournisseur les rachète, la partie algérienne achetant à son tour des matériels similaires ou supérieurs. Sukoï de la série 30 ou des Mig-35. On se souvient qu'en mars dernier, le P-DG du constructeur russe MiG, Anatoli Belov, avait indiqué que la Russie pourrait proposer de nouveaux chasseurs MiG-35. « Nous sommes en négociations sur d'éventuelles livraisons à l'Algérie de chasseurs MIG, dont des MiG-35, c'est maintenant à l'Algérie de décider » avait-il déclaré. C'est sans doute dans le cadre de ce type d'arrangement qu'il faut comprendre de la déclaration faite hier par le vice-Premier ministre russe, Sergueï Ivanov, indiquant que le gouvernement a décidé de racheter à l'Algérie vingt-quatre chasseurs livrés entre 2006 et 2007, pour le montant de 25 milliards de roubles (plus de 535 millions d'euros). « La question relative au rachat d'un lot de chasseurs dans le cadre du «contrat algérien» a été réglée. Il s'agit de 24 appareils pour 25 milliards de roubles (535 millions d'euros) », a-t-il indiqué en précisant que l'opération avait été conclue. Il y a un mois, le journal Vedemosti, citant une source au ministère de la Défense russe, avait indiqué qu'un contrat avait été signé avec le constructeur MiG pour la livraison à l'Armée de l'air russe des chasseurs MiG retournés par l'Algérie. Le constructeur russe, qui connaît des difficultés financières, sauve ainsi un contrat dont l'annulation risquait d'aggraver une situation déjà difficile. Reconversion Le journal précisait que cette reconversion du contrat algérien permettait à l'armée de renouveler, pour la première fois en quinze ans, une partie de ses avions. « Le paradoxe réside dans le fait que grâce à cette commande, l'Armée de l'air russe recevra pour la première fois depuis 15 ans des avions modernes, dont les qualités dépassent celles de tous les chasseurs actuellement en service », a déclaré Konstantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies, cité par Vedemosti. L'information est à prendre avec circonspection, l'aviation et l'aéronavale russe disposent en effet de Sukhoi 35 de dernière génération. Mais le message est clair : les chasseurs MiG «algériens» sont de bonne qualité. Encore faut-il nuancer. Vendredi dernier, le journal Kommersant indiquait que 200 chasseurs MiG-29 de l'Armée de l'air étaient incapables « non seulement d'accomplir des missions de combat, mais aussi tout simplement de décoller ». Dans ces conditions, les « chasseurs algériens » revendus ne peuvent qu'être supérieurs, mais cela n'annule pas l'argument des Algériens sur la qualité des équipements attendus.