Le gouvernement vient de décider de la création de directions de l'Industrie et de l'Investissement dans les différentes wilayas et ce, en conformité avec les recommandations de la stratégie industrielle, que les services de Hamid Temmar ont élaborée. Alors que la polémique fait rage sur la stratégie industrielle et que les plus hautes instances de l'Etat se relaient pour s'attaquer au ministre de l'Industrie et de la promotion des investissements (MIPI), un décret exécutif vient d'être publié dans le Journal officiel annonçant la création dans les wilayas, de directions de l'Industrie et de l'Investissement en remplacement de celles en charge de l'Industrie et des Mines. Elles en héritent d'ailleurs les attributions et les personnels. Les directions de l'Industrie et de l'Investissement viennent en appoint du schéma organisationnel que le ministère de Temmar a mis au point pour redéfinir les missions de ses services, conformément à un texte réglementaire signé en mars 2008. Elles viennent surtout confirmer que la stratégie industrielle conçue sous l'autorité de Temmar est, comme l'ont souligné ses collaborateurs, véritablement en phase de mise en oeuvre. «Elle se met en place progressivement», soutiennent-ils pour reprendre les propos de leur ministre. Ces nouvelles directions auront pour mission «d'assister les entreprises du secteur industriel dans la formalisation de leur action en matière de compétitivité industrielle, de proposer toute action visant la préservation, le développement du tissu industriel et la promotion de l'investissement, et de suivre toutes les opérations de privatisation». Ces directions de l'Industrie et de l'Investissement, dont la création se fera «en tant que de besoin dans chaque wilaya», sont interprétées par les experts comme étant le début de la construction d'un modèle institutionnel dont a nécessairement besoin la stratégie industrielle pour être mise en oeuvre. Pour rappel, dans les travaux qui ont été organisés pour l'élaboration de la stratégie de Temmar, les experts lui ont fixé, comme objectifs premiers, la consécration d'un consensus entre les institutions et les agents économiques à même de permettre l'instauration d'une sorte de partenariat entre l'Etat et le marché, et la mise en place d'un modèle institutionnel au niveau local et régional pour crédibiliser et rendre cohérentes, les démarches devant être entreprises en faveur de la mise en oeuvre de cette nouvelle «économie». En fait, les experts ont fait de ces deux points des exigences pour la réalisation de l'ensemble des objectifs assignés à la stratégie industrielle. Ces nouvelles directions de l'Industrie et de l'Investissement sont considérées, aujourd'hui, comme étant «une des briques» de ce modèle institutionnel tant recherché et revendiqué. Entre autres missions que leur assigne le décret exécutif, le suivi des mesures relatives à la normalisation et la métrologie légale, la mise en oeuvre des mesures légales et réglementaires relatives à la sécurité industrielle et l'examen et la diffusion des informations et données statistiques sur les activités industrielles. Elles doivent aussi, par ailleurs, contribuer à la promotion et au développement de l'attractivité économique de la wilaya, en participant à la régulation du foncier industriel et en évaluant périodiquement l'application des dispositifs de promotion de l'investissement. Elles se doivent à cet effet, en outre, de contribuer au développement des espaces régionaux de développement industriel et des zones d'activités et à la réhabilitation des zones industrielles. En clair, et pour reprendre les experts, ces nouvelles directions, en tant que démembrements du MIPI, seront chargées au niveau local et régional, d'animer économiquement les territoires. Elles constituent ainsi un des aspects institutionnels pour accueillir les futurs pôles de compétitivité et zones industrielles. Autre rôle que leur confère le décret, elles devront contribuer au recensement du patrimoine industriel au niveau des collectivités locales et participer au suivi des engagements de l'acquéreur dans le cadre des privatisations. L'une dans l'autre, la stratégie industrielle est quelque part rattrapée par les recommandations qui ont été retenues au titre de la réforme des structures et des missions de l'Etat, dont l'une d'elles prévoient la classification économique des territoires selon les spécificités, les atouts, les avantages comparatifs propres à chaque région du pays. C'est ce que les réformateurs appellent la régionalisation économique des territoires. Au-delà des recentrages et des correctifs que nécessiteraient ces travaux à chaque fois que les réalités du terrain l'exigeraient, l'on s'interroge sur les raisons qui ont poussé le chef de l'Etat à désigner un ministre de la République comme canard boiteux de l'Exécutif, et de permettre à son Premier ministre et au ministre de la PME de dénigrer son action publiquement. A moins que ni Bouteflika ni Ouyahia ne savaient que Temmar avait déposé auprès du Secrétariat général du Gouvernement (SGG) des textes réglementaires pour soutenir la mise en oeuvre de sa stratégie industrielle. Ce qui fait très décousu et désordonné et rappelle, en même temps, que Temmar n'est pas le seul haut responsable de l'Etat à faire l'objet de «scènes de ménages» officielles, où l'éthique est sacrifiée sur l'autel de l'indécence.