Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a rencontré, jeudi, les chefs d'entreprise et les présidents des organisations patronales à l'Hôtel Hilton, à Alger. Cette rencontre avait comme principal objectif d'entamer des consultations sur le projet portant sur la stratégie industrielle. Dans une brève intervention à l'ouverture des travaux, qui se sont tenus à huis clos, le ministre a souligné l'intérêt de cette rencontre qui intervient avant l'adoption de la nouvelle stratégie industrielle par le Conseil de gouvernement. Pour le ministre, cette stratégie "ne peut se faire sans le partenaire social ; la première mouture du document étant une base sur laquelle peuvent discuter les différents partenaires sociaux". Aussi, le ministre a abordé la nécessité des grandes réformes industrielles et cela se fera en partenariat avec les opérateurs économiques. "Pour élaborer une stratégie industrielle, il faut que les chefs d'entreprise et les présidents des organisations patronales apportent leur contribution" soulignera le ministre. Expliquant la nouvelle démarche gouvernementale, M. Temmar a dit qu'"elle vise à avoir une vision à moyen terme pour pouvoir opérer une coupure totale avec ce qui a été fait" dans le domaine industriel. Le projet sera présenté au Conseil des ministres, fin février ou début mars, après son adoption par le Conseil de gouvernement et la tenue des premières assises sur la stratégie industrielle prévues entre le 15 et le 25 février, a indiqué le ministre. M. Temmar a rappelé que le Conseil de gouvernement a déjà consacré six séances à l'étude de la première mouture du document portant stratégie industrielle. Pôles de croissance et branches prioritaires Le ministre avouera également que la mise en oeuvre de la stratégie industrielle devrait débuter fin 2007, précisant que cela nécessiterait entre 10 et 15 ans. M. Temmar a indiqué que le document relatif à cette stratégie doit être encore débattu lors d'une deuxième rencontre avec le patronat, prévue dans 15 jours. Des assises nationales sur ce thème "se tiendront au plus tard le 25 du mois en cours pour déterminer le texte final de cette stratégie incluant les contributions du patronat" et devant être soumis au Conseil de gouvernement dans les dix jours qui suivront, a expliqué M. Temmar. Après son adoption par le Conseil de gouvernement, ce sera au tour du Conseil des ministres d'étudier et d'adopter ce document auquel succèdera l'élaboration des textes régissant la mise en oeuvre de cette stratégie, a-t-il ajouté. Abordant les grandes lignes de cette stratégie, qui intervient après celle des grandes réformes initiées par l'Etat, notamment en matière d'investissement, de foncier, de l'information et du système bancaire, le ministre a précisé aux journalistes qu'elle s'articule autour de l'analyse de la situation du secteur industriel existant déjà, en dégageant les filières prioritaires. Il s'agit, selon M. Temmar, des filières de la pétrochimie, les engrais, l'agroalimentaire, les matériaux de construction, l'industrie électronique, l'industrie pharmaceutique, les industries alimentaires et mécaniques pour finir avec l'industrie automobile et celle des technologies de l'information et de la communication (TIC) que l'Algérie ne possède pas. Ces filières prioritaires ne sont toutefois "pas exclusives", a noté M. Temmar précisant que ce choix était motivé par "le besoin de croissance" économique pour le pays. Le ministre a relevé également qu'un certain nombre de régions dites "zones candidates" et prédisposées en matières d'infrastructures et de services ont été retenues dans un premier temps pour la mise en place de cette stratégie. Il a notamment cité les régions d'Alger, Blida, Oran, Mostaganem, Annaba, Sétif, Tizi Ouzou, Ghardaïa et Hassi R'mel ainsi que les trois grandes technopoles: Sidi Abdellah pour les TIC, Béjaïa pour l'agroalimentaire et Sidi Bel Abbès pour l'industrie électronique. S'agissant des politiques accompagnant cette stratégie, le ministre a énuméré entre autres les politiques d'appui à l'innovation, celles à la promotion des nouvelles technologies, la création d'une capacité d'intelligence économique, l'utilisation des investissements directs étrangers (installations d'entreprises étrangères), la promotion des ressources humaines, et de l'investissement industriel prioritaire et les politiques de mise à niveau des entreprises. M. Temmar a insisté sur le fait que cette stratégie était l'oeuvre d'experts nationaux encadrés par lui-même. A une question concernant la privatisation, M. Temmar s'est contenté de répondre qu'elle est "un élément de cette stratégie", précisant qu'actuellement 440 entreprises avaient été privatisées, dont la moitié fait l'objet d'un partenariat privé-public où le privé est majoritaire. Il a par ailleurs affirmé que la discussion entamée ce jeudi, dans la matinée avec les hommes d'affaires a montré que ce choix du contenu de la stratégie industrielle est "judicieux" mais chacun d'entre eux "doit apporter sa contribution concrète" en vue de rassembler toutes les propositions qui seront prises en compte dans la mouture finale du document sur cette stratégie.
" On a perdu beaucoup de temps " Pour sa part, Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (CGEOA), a abordé la question de la stratégie industrielle dans le sens de l'implication de tous les acteurs économiques dans le débat. "Il se trouve qu'on a perdu beaucoup de temps. On a centré sur les besoins immédiats de la population au détriment de la stratégie industrielle", dira-t-il, tout en précisant que la production industrielle a chuté de 17 % a 6 %. Avec la stratégie industrielle, on ne règle plus les problèmes dans l'urgence mais sur "la base d'une décision réfléchie en allant vers le développement durable qui porte sur le long terme", relève M Yousfi Il ajoute que l'implication de tous les acteurs économiques jouera en faveur d'un système économique réussi et concurrentielle. Il a également insisté sur la nécessité de bâtir cette stratégie sur les suggestions et les propositions des opérateurs économiques et les représentants d'organisations patronales. Soulignons que le document de 240 pages résumant les grandes lignes de ladite stratégie et identifiant les branches d'activité présentant des avantages pour l'économie nationale a été envoyé aux associations patronales, au cours de la semaine précédente, pour leur permettre d'avoir une idée sur le projet avant de le soumettre à débat. Un débat, qui, intervient deux jours après l'installation du comité de suivi de la mise en application du pacte économique et social.