«Rien, absolument rien, ne présage d'une stabilité des prix de la pomme de terre dans une fourchette raisonnable pour les prochains mois, ou même pour la prochaine année, au vu de la pénurie de semence de la pomme de terre qui sévit dans le Constantinois et dans toutes les régions du pays », estiment, à l'unanimité, plusieurs agriculteurs constantinois. Ils expliquent, dans ce sillage, que «les causes qui ont provoqué l'envolée des prix de la pomme de terre sur les marchés sont toujours de vigueur dans les circuits de production, à l'image d'un investissement dans le créneau de la pomme de terre faussé à la case de départ avec cet effet repoussant initialisé chez les agriculteurs, qui se détournent de cette filière, pour aller chercher ailleurs leur profit, faisant ainsi fléchir la demande sur la semence de pomme de terre, et poussant les importateurs à ne plus ramener de graines qui ne trouveront pas preneurs». Très rares sont, en effet, les fellahs qui s'aventureront dans les sillons de ce féculent pour des raisons «liées principalement au coût de l'investissement, jugé trop lourd, qui revient au bas mot à 50 millions de centimes l'hectare, et au manque, ou aux difficultés rencontrées par les professionnels pour s'approvisionner en engrais», nous a-t-on confié. Le contrôle rigoureux, très sévère, de la circulation des engrais, a créé une sorte «de blocage de la machine productive agricole» d'une façon générale, car les agriculteurs sans exception souffrent de l'approvisionnement en engrais, soumis à des mesures de sécurité draconiennes. Ajoutons à cela, les surfaces considérablement réduites réservées par les fellahs de Constantine, à la production de la semence de pomme de terre, où seulement 250 hectares y ont été dégagés au niveau de la wilaya de Constantine, et l'on aura un tableau qui ne peut que perpétuer la flambée des prix. Les nombreux spéculateurs qui sévissent dans ce créneau ont de beaux jours devant eux. Peut-on s'attendre à une baisse des prix de la pomme de terre dans les prochains jours avec l'arrivée sur le marché de la production saisonnière ? «Une légère baisse est possible, mais la tendance à la hausse reprendra assez vite le dessus», préviennent plusieurs professionnels adhérents à la Chambre de l'Agriculture de Constantine. Ces derniers «n'écartent pas la possibilité de voir le prix du kilo de pomme de terre grimper à 140 dinars lors du mois de Ramadan prochain». Le fonctionnement du circuit de production de la pomme de terre «est à revoir entièrement», et le ministère du Commerce «doit s'impliquer» avec le ministère de l'Agriculture pour imposer un contrôle rigoureux sur les marchés, préconisent nos interlocuteurs. Et prendre en charge les marchés de gros où le mandataire a complètement perdu sa vocation.