Selon les observateurs qui sont sur place pour couvrir la visite qu'effectuera le pape Benoît XVI en terre sainte, celle-ci aura des retombées positives aux plans touristique et commercial pour la ville de Jérusalem et les autres lieux saints dans lesquels il se rendra. Ceci pour la raison que des milliers de pèlerins chrétiens auraient afflué en ces lieux pour l'occasion. Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, ces mêmes observateurs se montrent dubitatifs sur les résultats de la visite pontificale en cette terre sainte, dont les populations juive, musulmane et même chrétienne cultivent pour des raisons diverses du ressentiment et de la méfiance à l'égard du successeur de Jean-Paul II. Côté musulman, l'on voit en Benoît XVI l'auteur de l'accusation formulée en 2006 à Ratisbonne, en Allemagne, présentant l'islam comme une religion de violence, et le chef suprême de l'église catholique qui s'est tu devant les massacres perpétrés par l'armée israélienne durant son agression contre la bande de Ghaza. Ce dont les juifs ne lui sont pas reconnaissants, car ne retenant de lui que le fait d'avoir réhabilité des évêques intégristes sympathisants de la théorie négationniste de la Shoah, et celui de ne pas avoir exprimé une position claire sur cet évènement historique. Quant aux chrétiens, en majorité orthodoxes, ils lui font le reproche de peu se soucier de leur situation, rendue aussi dramatique que celle des musulmans pour cause d'occupation et de répression de la part de l'Etat hébreu. Chacune des communautés ne verra par conséquent d'utilité dans la visite du pape Benoît XVI que s'il prononce des mots «de repentance» sur ce qu'il a antérieurement dit ou fait concernant sa religion, ou exprime sa solidarité à l'égard de ses aspirations. Il n'est jusqu'au contexte dans lequel le pape effectue sa visite en terre sainte, de prémices qui plaident en faveur de l'aboutissement positif de celle-ci. C'est en effet avec un gouvernement d'Israël avec lequel il s'entretiendra, qui est déterminé à obtenir qu'il mette son autorité morale au service de la cause sioniste, en réparation de ses supposées tiédeurs à l'égard de la religion juive et des souffrances et menaces endurées par son peuple. De même, les Palestiniens musulmans et chrétiens voudront que cette autorité morale s'élève pour condamner leurs propres souffrances et l'injustice historique dont ils sont les victimes. Mais c'est l'évidence que toute prise de position tranchée du souverain pontife en faveur de l'une ou l'autre attente rendra moins audible son message et ses gestes oecuméniques. Cela d'autant que Benoît XVI est, selon ceux qui le connaissent bien, un grand théologien mais un piètre politique. Raison qui fait craindre aux observateurs qu'au final, sa visite risque d'embrouiller encore un peu plus les efforts de la communauté internationale dans la mise en oeuvre de la solution de paix au conflit israélo-palestinien.