L'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) vient d'épingler la France, pour les traitements «inhumains» infligés aux étrangers au niveau de l'aéroport de Roissy. L'Anafé dénonce dans son rapport 2008 une «inhumanité» du traitement des étrangers dans la zone d'attente de l'aéroport parisien, insistant particulièrement sur le sort des mineurs. «En 2008, l'Anafé a encore recueilli un nombre important de témoignages concordants : trop souvent, les droits ne sont pas notifiés aux personnes maintenues. Pourtant, tout étranger maintenu en zone d'attente, qu'il soit non-admis, en transit interrompu ou demandeur d'asile, doit se voir reconnaître des droits (avertir ou faire avertir la personne chez laquelle il a indiqué qu'il devait se rendre, son consulat ou le conseil de son choix ; refuser d'être rapatrié avant l'expiration du délai d'un jour franc ; bénéficier de l'assistance d'un interprète et d'un médecin ; communiquer avec un conseil, quitter à tout moment la zone d'attente pour toute destination située hors de France). Ces droits doivent lui être notifiés par la police aux frontières», lit-on dans ce rapport. L'association assure en outre, que «le non-respect des droits fondamentaux se constate chaque jour» dans ce lieu d'enfermement, où les étrangers sont «souvent perdus et épuisés». Ses intervenants sont «confrontés à des demandeurs d'asile dont les droits sont bafoués, à des personnes malades qui ne reçoivent pas les traitements adéquats, à des personnes ayant fait l'objet de violences policières, à des séparations de famille, à des mineurs isolés qui se retrouvent perdus au milieu d'adultes...». L'Anafé note que les conditions de leur maintien en zone d'attente «constituent en elles-mêmes une mise en danger des mineurs isolés» qui sont dans les mêmes lieux que des adultes, subissant «la menace de renvoi» mais aussi des «violences policières». Ainsi, les mineurs âgés de plus de 13 ans ne sont pas séparés des adultes, «en violation» de la Convention internationale des droits de l'enfant, et les mineurs âgés de moins de 13 ans sont hébergés dans un hôtel éloigné «dans des conditions opaques», selon l'association. Cette dernière relève que les mineurs sont souvent refoulés avant d'avoir pu voir un juge des libertés, qui intervient seulement après quatre jours de maintien en zone d'attente. Elle note que la loi française prohibe pourtant toutes les formes d'éloignement forcé à l'égard de mineurs et assure que ces jeunes étrangers sont renvoyés sans «aucune garantie qu'ils n'y soient pas livrés à eux-mêmes, une fois arrivés à destination» et alors qu'ils peuvent être victimes de réseaux criminels. L'Anafé signale enfin que chaque année, environ 15.000 personnes sont placées en zones d'attente de Roissy. La durée moyenne de maintien est brève, soit moins de 3 jours. En 2008, quelque 5.100 personnes ont demandé l'asile à la frontière. En 2007, ajoute l'association, 822 étrangers se sont déclarés mineurs isolés. 680 d'entre eux ont été reconnus mineurs après le test de détermination de l'âge et 275 ont été refoulés. En janvier dernier, l'Anafé avait déjà dénoncé le traitement réservé aux étrangers dans la zone d'attente de cet aéroport. «Face à un afflux de demandeurs d'asiles, notamment des Tchétchènes, Somaliens, Palestiniens, Irakiens... les autorités françaises ont choisi délibérément l'enfermement prolongé, quitte à sacrifier la dignité des personnes», avait indiqué l'association. Dans son compte rendu sur la situation des demandeurs d'asile, l'Anafé a indiqué qu'à l'instar de ce qui se passe dans d'autres pays européens et dans les centres de rétention administratifs français, l'enfermement massif d'étrangers réduit à néant leurs droits fondamentaux et nie leur humanité. En décembre 2007, l'Anafé avait déjà tiré la sonnette d'alarme après le maintien de quelque 150 Tchétchènes dans les aérogares dans des conditions qu'elle avait qualifiées d'inhumaines. L'association avait dénoncé «vigoureusement» le maintien dans ces conditions d'environ 150 personnes dans les salles de maintien des aérogares de l'aéroport de Roissy. «Du fait de la saturation du lieu d'hébergement dit hôtelier, ils passent jour et nuit dans des salles de transit des aérogares dans des conditions d'hébergement qui ne sont pas conformes à la législation...», avait souligné un communiqué de l'association rendu public.