A quelques encablures des premiers départs en vacances, les familles oranaises «moyennes » s'organisent en perspective de séjours balnéaires, mais en évitant au maximum les grosses dépenses. Un souci rendu nécessaire par la proximité, dans le temps, du Ramadan célébré cette année, en plein mois d'août. Le rendez-vous estival donc est placé sous le sceau de l'économie et de la gestion des dépenses, et pour cela, les Oranais ont un éventail de choix comprenant plusieurs formules. Si, pour les «nantis », le problème ne se pose pas en termes de factures, le reste de la population n'en revient toujours pas des tarifs pratiqués par les complexes touristiques, privés ou étatiques. «Une semaine te revient à quelque 100 mille balles, sans compter la bouffe ni les divertissements », s'inquiète Kader, fonctionnaire et père de famille. Pour lui, et certainement pour des milliers de familles algériennes, le choix est douloureux entre des vacances forcement coûteuses ou faire l'impasse pour mieux gérer les prochaines échéances. Pour d'autres, l'été est synonyme de débrouille et de manne d'argent bonne à prendre. En effet, elles sont de plus en plus nombreuses les familles habitants les villages côtiers à abandonner, l'espace de six voire huit semaines, leurs toits pour les louer à des vacanciers tout heureux de passer quelques jours au bord de la mer, sans pour autant débourser les sommes «astronomiques » demandées par les hôteliers. A Aïn El-Turck, Bousfer ou encore Kristel, la mode est, depuis quelques années, à la location des demeures particulières, en totalité ou fractionnée en pièces pour une famille ou plusieurs plaisanciers. Les petites annonces fleurissent sur les journaux locaux et à même les devantures des magasins pour proposer sa maison à la location. On y retrouve l'adresse et le numéro de téléphone pour être contacté. A Kristel, par exemple, et comme chaque année, de nombreuses familles se préparent à quitter leurs demeures pour les louer, durant la période des vacances, à l'armée des estivants qui s'y rendent à pareille époque. En effet, les habitants de cette localité balnéaire, qui proposent à la location même le plus petit réduit, louent à leur tour un appartement pour la circonstance, dans l'une des nombreuses cités de cette agglomération. Ainsi, et pour mieux se préparer, ils ne lésinent sur aucun moyen pour faire connaître leurs intentions en portant des annonces sur les vitrines des locaux commerciaux ou même sur les murs. Ce phénomène, vieux de dix ans, aurait permis aux familles d'accueil d'engranger des dividendes d'un grand apport pour le reste de l'année. En moyenne, les prix proposés par les propriétaires de ces maisons ne dépassent pas les 1.500 dinars la journée pour une habitation meublée. Ce prix peut varier selon le standing de la demeure et de son emplacement. Et même les garages et autres taudis construits en tôle ont vu, l'année passée, leurs prix augmenter et concurrencer les habituelles habitations en location. Ces nouvelles moeurs sont également à chercher du côté d'Aïn El-Turck où des familles se font héberger chez des proches pour louer leurs maisons. Cette chasse au touriste national ne fait pas que des heureux, puisque les locataires à l'année au niveau de la station balnéaire font les frais de cette surenchère estivale. Nabila, qui loue un petit F2 plus kitchenette à Trouville est sommée par le propriétaire des lieux à une rallonge sinon elle débarrasse le plancher. «Les autres mois de l'année, je loue pour 17 mille dinars mais pendant les trois mois de l'été, on nous exige de payer 5 millions par mois, ce qui est fondamentalement impossible à faire ». Un deal est pourtant trouvé entre les locataires et le propriétaire, puisque, l'espace d'un été, ils iront chercher ailleurs pour reprendre leurs baux à partir de septembre. Nabila n'est pas seule dans son cas à pâtir de cette nouvelle forme de tourisme, puisque la majorité des locataires sont obligés de faire face à cette importante demande de toits estivaux.