Le président Obama se rend à Moscou le 6 juillet pour ranimer des relations avec la Russie, qui avaient atteint un stade de détérioration avancé à la fin de l'ère néoconservatrice. Pour Bush et ses conseillers, Moscou ne figurait pas dans l'axe du mal mais en était vraiment très proche. L'installation de systèmes avancés de missiles dans les pays russophobes de la nouvelle Europe, Tchéquie et Pologne, ainsi que les révolutions «colorées» sponsorisées par les Américains en Ukraine et en Géorgie ont provoqué un net raidissement des positions russes. Moscou voyait ces manoeuvres comme la mise en place d'un encerclement programmé. L'élargissement de l'OTAN et le jeu à triple-bande autour des réserves d'hydrocarbures d'Asie centrale alimentent également une très vive suspicion dans une classe politique qui a vécu dans la douleur l'effondrement de l'URSS et la mise à l'encan du pays sous le règne de Eltsine. Le rôle des think-tanks de Washington et le soutien aux oligarques n'ont pas laissé aussi de très bons souvenirs à Moscou. Le bilan des relations russo-américaines n'est pas donc brillant. Il l'est d'autant moins que les deux pays ont des vues divergentes sur nombre de questions internationales, et au premier rang le programme nucléaire iranien et la volonté occidentale de «punir» le pays des ayatollahs. La visite d'Obama est d'ailleurs précédée d'une passe d'armes assez révélatrice du climat qui caractérise les relations russo-américaines. Le locataire de la Maison-Blanche a estimé que le Premier ministre Poutine «a un pied sur les vieilles méthodes de gestion et l'autre sur des procédés nouveaux». L'allusion est claire au discours et aux méthodes parfois expéditives de l'ancien colonel des services secrets soviétiques. La réplique de Poutine a été à la hauteur du personnage : «Nous ne savons pas faire le grand écart, nous sommes fermement debout sur nos deux jambes et regardons toujours vers l'avenir ». L'intention prêtée à Barack Obama est de jouer sur des divergences supposées entre le président Dmitri Medvedev, réputé plus libéral, et son Premier ministre à la poigne de fer. Au-delà de l'anecdote, le programme officiel est centré sur la finalisation d'un accord de réduction des arsenaux nucléaires devant remplacer le traité Start-1 qui arrive à échéance le 5 décembre 2009. Or, les Russes rechignent à avancer sur ce terrain tant que la décision d'installer le système de missiles américains en Europe de l'Est est maintenue. La Russie est d'autant plus prudente qu'elle accepte très mal l'intégration dans l'OTAN de la Géorgie de Mikhaïl Saakachvili. D'importantes manoeuvres militaires russes ont été récemment organisées à proximité immédiate des frontières de la république caucasienne que doit visiter le vice-président américain, Joe Biden, à la fin du mois de juillet. La remise à zéro des compteurs entre les deux pays est donc bien moins simple que l'on voudrait la présenter.