Victime d'un assassinat en Allemagne le 1er juillet dernier, Marwa Sherbini, une Egyptienne de 33 ans, a été inhumée à Alexandrie, lundi dernier, dans des obsèques émouvantes. Les autorités locales d'Alexandrie ont décidé de débaptiser une des artères de la ville au nom de la «martyre du Hidjab», comme l'a surnommée la presse égyptienne. Aux côtés des centaines d'Egyptiens venus jeter un dernier regard sur la victime, des hautes autorités de l'Etat, notamment des ministres ont participé aux obsèques. Dans une déclaration à la chaîne de télévision «El Arabiya», l'ambassadeur d'Egypte en Allemagne a indiqué que les résultats de l'enquête seront connus incessamment, affirmant que les autorités égyptiennes tiennent à ce que le meurtrier soit condamné à perpétuité. De son côté, Saïd Mohamed Tantaoui, le cheikh d'El Azhar, dans une déclaration à l'agence Chark El Awsat, a qualifié l'assassin de Marwa de «terroriste» qui mérite la peine capitale, précisant au passage que cet acte «isolé» ne reflète en aucun cas l'image de l'Europe envers l'islam. Selon des hauts responsables égyptiens, l'enquête se poursuit toujours pour faire toute la lumière sur ce crime odieux. Les autorités égyptiennes ont déjà reçu les condoléances de leurs pairs allemands qui ont dénoncé cet acte ignoble et qui leur ont affirmé que le ministère public a retenu, officiellement, contre l'accusé le chef d'inculpation «d'homicide volontaire». Hier, le procureur général égyptien Abdelmadjid Mahmoud a insisté auprès du ministère des Affaires étrangères, pour permettre aux enquêteurs égyptiens de participer aux enquêtes aux côtés de leurs homologues allemands. Du côté de la famille de la victime, Tarek Sherbini, le frère de Marwa, a affirmé que sa soeur a été victime d'un acte raciste, et qu'elle a été assassinée pour la seule raison qu'elle portait le voile. «Nous demandons à ce que justice soit faite. Ma soeur n'était pas une intégriste, mais simplement une musulmane pratiquante, respectueuse de sa religion», dira Tarek. Pour sa part, la mère de la victime a rappelé, dans une déclaration à un journal égyptien, que sa fille jouissait du respect de tous ses voisins lorsqu'elle vivait à Berlin. «C'est lorsqu'elle a déménagé à Dresde qu'elle s'est souvent plainte de certains comportements racistes et xénophobes de la part d'habitants de cette ville. Lors de son dernier appel téléphonique, elle m'a confié qu'elle avait peur de toute cette affaire», affirme la mère de la victime. Le mari de Marwa, Ali Akaz, gravement blessé, a pour sa part rappelé les circonstances de la mort de son épouse, se disant consterné et très en colère. «Après un coma de trois jours, j'ai appris que ma femme est décédée. Marwa est morte et je n'ai pas pu la secourir», dira Ali Akaz en pleurs. Le premier juillet dernier, la jeune maman avait été assassinée en plein tribunal, par un allemand d'origine russe. L'histoire a commencé l'année dernière, Marwa est insultée et agressée par un homme alors qu'elle jouait avec son bébé de 2 ans dans un terrain de jeu. L'homme lui a lancé les injures de «terroriste», «islamiste» et a tenté à plusieurs reprises de lui retirer son voile. Après qu'une plainte eut été déposée, l'homme fut condamné à une amende de 780 euros. La peine ayant été jugée trop légère, un appel fut déposé et c'est à la cour d'appel de Dresde que l'affaire devait être rejugée mercredi dernier, le 1er juillet. Ali, le mari de Marwa, et leur fils étaient aussi présents dans le tribunal. C'est là que tout a dégénéré, l'accusé s'est précipité sur Marwa et lui a assené 18 coups de couteau en moins de 30 secondes. Son mari a essayé de s'interposer pour protéger sa femme, mais fut poignardé lui aussi. Deux policiers accourent en urgence sur les lieux de l'agression, mais ont pris son époux pour l'agresseur, et lui ont tiré une balle dans la jambe. Après la confusion, l'agresseur fut maîtrisé. Mais Marwa est morte de ses blessures dans la cour du tribunal. Elle était enceinte au moment de sa mort. L'enfant d'Ali et Marwa fut aussi blessé. De leur côté, les responsables du centre islamique allemand et le centre juif ont dénoncé ce crime, qualifié d'acte raciste et xénophobe.