Dès les premières heures de la matinée d'hier, l'atmosphère s'annonçait déjà suffocante avec un air sec et très chaud. A neuf heures à peine, le soleil était déjà à portée de main avec une température de 29 degrés Celsius, du jamais vu, ou presque, de mémoire de Tiareti. Au sud de la ville, du côté des populeux quartiers comme la cité «Volani» ou «Sonatiba», on avait l'impression que le soleil rasait le sol, tapait encore plus fort qu'ailleurs. Contrairement à leurs habitudes, les enfants en bas âge n'ont pas été autorisés par leurs parents à mettre le nez dehors, tant la chaleur était suffocante. Les «choses sérieuses» ont commencé vers midi quand la ville s'est totalement vidée de ses occupants. Tous les commerces avaient baissé rideau bien avant midi. Seules quelques rares silhouettes glissaient d'ombre en ombre, à la recherche d'un brin de fraîcheur. D'autres avaient des bouteilles d'eau minérale carrément scotchées à leurs bouches. Un jeune homme, torse nu et faisant le pied de grue en attendant l'arrivée du bus qui doit le ramener jusqu'à Karman sous 48 degrés à l'ombre, n'a rien trouvé de mieux à faire pour se rafraichir que de se «doucher» à même le macadam avec un jerrycan plein d'eau, sous l'oeil mi-amusé, mi-interdit de quelques badauds. A quatorze heures tapantes, les thermomètres des véhicules, toutes vitres fermées et la clim à fond la caisse, affichaient l'effroyable température de 48 degrés Celsius, «de quoi éclater la tête à un dromadaire», ironise un policier en faction devant un feu tricolore, près de la maison de la presse. Jusqu'à quinze heures passées, la ville était encore comme abandonnée par ses habitants. Portes et fenêtres fermées, tout le monde est resté terré chez soi, avec une longue sieste, probablement jusqu'à vers dix-huit heures. Le soleil commençait à peine à décliner, vers quinze heures, pour rejoindre sa «cache», que les douches publiques de la ville étaient prises d'assaut. Lundi, un bulletin météo spécial avait été diffusé sur les ondes de la radio locale de la station météorologique de Aïn Bouchekif, alternant de l'arrivée d'une grosse vague de chaleur sur toute la chaîne des Hauts Plateaux de l'ouest. A Frenda, comme à Sougueur, Rahouia ou encore Ksar-Chellala, les températures flirtaient avec des pics alalnt de 45 - 48 degrés Celsius. La grosse vague de chaleur devrait se poursuivre jusqu'à vendredi prochain, selon l'Office national de météorologie, ce qui devrait donner quelques bonnes idées pour le week-end à pas mal de gens, en quête d'un brin de fraîcheur, pour les moins chanceux, resteront toujours les barrages et autres oueds, avec tous les risques que cela comporte. Parce que même si Tiaret n'est pas une ville côtière, il faut croire que l'on y meurt aussi... par noyade : neuf jeunes ont péri par noyade depuis le début de l'été dans des flaques d'eau et autres retenues collinaires, selon un dernier bilan de la Protection civile. On apprendra vers quinze heures que deux personnes âgées, dont une femme de 67 ans, habitant près du marché à bestiaux au sud de la ville, ont été hospitalisées pour un «coup de chaleur aggravé par un gêne respiratoire», selon des médecins urgentistes à l'hôpital «Youcef Damardji» de Tiaret.