Le problème des eaux usées refait surface à Aïn El-Beïda, agglomération dépendant de la commune d'Es-Sénia. Des ares entiers, voire des hectares, de terres agricoles sont inondés par les eaux polluées qui se déversent d'une canalisation du réseau d'assainissement longeant l'axe routier reliant Aïn El-Beïda à Es-Sénia. Les agriculteurs voient, malgré eux, leurs champs irrigués par les eaux des égouts, même si, il est vrai, certains ne font rien pour détourner le cours du « fleuve » noirâtre. Pis encore, le passant peut constater des canaux creusés à coups de pioche pour ramener ces eaux vers le terrain cultivé. Ce qui est certain, c'est que cet endroit s'est transformé en un bourbier duquel se dégage une odeur qui agresse les narines des centaines de mètres à la ronde. D'ailleurs, c'est connu, tous les automobilistes lèvent les quatre vitres avant même d'arriver à hauteur de cet endroit. Pourtant, cette situation, qui frôle une catastrophe à l'échelle d'un village, ne date pas d'hier. Elle dure depuis bien des mois. En avril dernier, il a fallu des milliers de SOS lancés par des citoyens, pour voir une intervention des services de la commune consistant en la réfection du réseau. Mais le remède n'a pas tenu longtemps et la même conduite, le même tronçon presque, s'est remis à cracher des torrents d'eaux salies à ciel ouvert. Outre les parcelles agricoles mitoyennes, une grande partie de cet axe routier est aujourd'hui inondée, obligeant les automobilistes à avancer très lentement. La situation va de mal en pire. Des parcelles de terres d'un seul tenant, qui jadis furent des jardins potagers produisant toute sorte de fruits et de légumes, ont été intoxiquées par les égouts et risquent d'être inexploitables à jamais, si rien n'est fait dans l'immédiat. Ces terres qui offraient dans un passé proche un paysage verdoyant se sont mues en terrains incultes, arides, et les arbres fruitiers ont séché et ne pourront plus fructifier. Aujourd'hui, les habitants d'Aïn El-Beïda insistent sur la nécessité d'une intervention en urgence des services concernés pour mettre un terme au déversement des eaux usées qui risque de toucher d'autres terres agricoles. Nos interlocuteurs rappellent à l'occasion qu'il est impératif de revoir complètement le réseau, car la localité d'Aïn El-Beïda ne cesse de croître avec l'installation chaque année de dizaines de nouvelles familles qui sont connectées au même réseau. Nos sources affirment à ce titre que tout au long des parcelles de terrain longeant cette route, des centaines d'habitations ont poussé tels des champignons ces cinq dernières années.