L'Algérie a encore une fois réaffirmé à Genève le principe du pollueur-payeur lors de la 3e Conférence mondiale sur le climat. Cette conférence doit déboucher sur un cadre global et une déclaration finale devant distribuer les rôles de chaque groupe de pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. A Genève, l'Algérie a clairement montré qu'elle ne consent plus à suivre une politique des 'moutons de panurge'' dans le domaine stratégique de la météorologie, et particulièrement à l'accès aux informations de base pour prévenir les changements climatiques. L'enjeu est énorme, d'autant que ce sont toujours les pays riches, ceux qui polluent le plus et sont à l'origine des graves changements climatiques, qui veulent maintenir leur mainmise sur les organismes de contrôle de l'OMM. Ainsi, selon des experts algériens présents à la 3e conférence Genève, l'Algérie adhère au principe de mise en oeuvre du projet de Cadre global pour les services climatiques (CGSC), mais a refusé d'approuver le projet de déclaration devant être présenté au segment de haut niveau. «L'Algérie adhère au principe de mise en oeuvre du projet de cadre global pour les services climatiques (CGSC), mais elle n'a pas encore accepté de parapher le projet de déclaration qui est toujours en cours de discussion, vu l'existence de points de discorde qui sont encore en négociations», estime un membre de la délégation algérienne à cette conférence. Si l'Algérie est d'accord avec les objectifs globaux du CGSC, devant notamment provoquer la réduction de l'écart technologique entre les pays du Nord et du Sud, elle n'est pas d'accord par contre sur le projet de déclaration finale de la 3e Conférence mondiale de la météorologie, du fait de certaines incohérences qu'elle recèle. «Le texte introduit une différenciation entre les groupes des pays. Chose qui n'est pas acceptable», soulignent les mêmes experts algériens, précisant que le fait qu'il n'y 'ait pas d'entente entre les pays en développement arrange les pays riches». Pour contourner tout problème susceptible d'apparaître du fait de ces incohérences, l'Algérie a proposé en son nom et au nom du groupe africain que l'»on se réfère à l'article 4.8 et 4.9 de la convention cadre de l'ONU sur les changements climatiques, lorsqu'il s'agit des pays qui sont plus vulnérables». «Ces deux articles contiennent les listings des pays classés selon leurs vulnérabilités'', ajoutent ces experts. Bref, la conférence de Genève aura montré, encore une fois, l'énorme fossé entre les pays riches et les pays du Sud quant à la manière de lutter et de prévenir les changements climatiques. C'est dans ce cadre que l'Algérie et les représentants des pays africains avaient exigé lors de cette conférence que la composante du projet de création d'un groupe spécial chargé de la mise en oeuvre du cadre des services météorologiques soit réparti équitablement sur les pays. «Un projet de création d'un groupe spécial chargé de la mise en oeuvre du cadre des services météorologiques au niveau de l'Organisation mondiale de la météorologie est en cours d'élaboration. Cependant, les pays africains, dont l'Algérie, exigent une répartition géographique équitable dans sa composante», selon une source diplomatique citée par l'APS, en marge de la troisième Conférence mondiale sur le climat (CMC-3). En outre, les pays africains espèrent que la déclaration finale devant être adoptée par le groupe de haut niveau réponde aux «besoins des pays en développement, en matière de transfert de technologie pour faire face aux changements climatiques, à la mobilisation des ressources financières et au renforcement des services météorologiques». Plus de 2.500 experts discutent depuis lundi dans la capitale helvétique des solutions pour lutter contre les changements climatiques, les prévenir et les comprendre, ainsi qu'un meilleur accès des pays du Sud aux techniques de pointe en matière de météorologie. Les pays en développement ont besoin de recevoir 500 à 600 milliards de dollars (environ 351 à 422 milliards d'euros) par an des pays riches pour s'adapter au changement climatique tout en préservant leur croissance économique, selon le rapport 2009 sur la situation économique et sociale dans le monde publié mardi par les Nations unies. Estimée à 21 milliards de dollars, l'aide au développement actuellement consacrée au changement climatique est «lamentablement inadaptée», estime M. Kozul-Wright. Son évaluation de 500 à 600 milliards de dollars nécessaires représenterait environ 1 % du produit intérieur brut (PIB) mondiale par an. Cela équivaut à un véritable plan Marshall. Cette somme doit être investie dans les trois à cinq prochaines années, a déclaré l'auteur du rapport, après quoi, les pays en développement seront en mesure de financer leur adaptation au changement climatique. Par contre, pour les pays riches, il n'y a toujours pas d'accord global et définitif sur la réduction des émissions de CO2, responsables autant du réchauffement climatique que de la destruction de la couche d'ozone. A Copenhague, le débat sera sûrement heurté au mois de décembre, lors de la prochaine Conférence mondiale sur le Climat.