Si toutes les rentrées scolaires charrient leur lot d'inquiétudes financières et l'appréhension des nouveautés de programmes expérimentaux, cette année, une autre crainte vient se greffer au tableau déjà terni par des points noirs recensés par les parents d'élèves. Entre surcharge des classes, nouveau week-end, le sempiternel problème des livres scolaires et l'insécurité autour des établissements scolaires, des parents redoutent, plus que tout, le spectre de la grippe porcine. Une angoisse qu'on perçoit aisément dans les propos qu'ils tiennent et qui trahissent un désarroi face à un sujet dont ils n'arrivent pas à cerner les contours. «Je ne vous cache pas mon ignorance devant cette maladie, mais je sais qu'en France, plusieurs écoles ont été fermées après avoir détecté plusieurs cas d'élèves malades», dira une mère de famille rencontrée dans un magasin de prêt à porter. Pour d'autres, le danger est de ne pas prévenir à l'avance et qu'on se retrouve face à une véritable épidémie qui peut se déclarer à partir d'un seul cas contaminant tout un CEM par exemple. Slimane, la cinquantaine bien entamée revient sur des inquiétudes. «Mon fils est en deuxième année du moyen et croyez-moi c'est avec la peur au ventre que sa mère et moi le verrons partir chaque jour étudier». Pourtant, les pouvoirs publics, devançant tout risque de contamination «scolaire», ont convoqué les coordinateurs de l'hygiène scolaire de toutes les wilayas du pays à Alger pour une formation de deux jours concernant la prévention contre la grippe porcine. Parmi les consignes préventives à appliquer, le nettoyage systématique des classes en deux étapes. La première avec un détergent « grésil » et ensuite avec l'eau de javel. Aussi, sont préconisées les habitudes d'hygiène corporelle qui manquent cruellement chez nos élèves ainsi que dans les établissements scolaires. Selon les recommandations, universellement appliquées, si un cas confirmé est détecté dans une classe, alors, cette dernière est fermée. Si trois cas sont décelés, alors, c'est tout l'établissement scolaire qui est fermé pour une semaine, selon toute vraisemblance, période d'incubation du virus. La priorité des prélèvements est donnée aux scolarisés qui ont séjourné à l'étranger. Malgré ces mesures dictées, les parents d'élèves ne sont pas pour autant rassurés. Certains versent même dans l'alarmisme à l'image de Abdelkader, la quarantaine, papa d'un enfant de 7 ans et enseignant dans un lycée d'un quartier périphérique. «Les écoles n'ont même pas l'eau courante alors comment voulez-vous inciter des enfants qui n'ont pas l'habitude de l'hygiène corporelle à aller se laver les mains plusieurs fois par jour». «Il faudra mettre les moyens avant de décréter n'importe quoi», ajoutera-t-il excédé. Youcef, 45 ans, infirmier, craint également pour sa fille, scolarisée dans un CEM à Es-Sedikia, à Oran. «Mais que voulez-vous qu'on y fasse, j'espère simplement qu'ils savent ce qu'ils ont à faire», lâchera-t-il fataliste. La promiscuité, le nombre exagéré d'élèves par classe, l'absence d'hygiène dans certains établissements scolaires ou tout autour sont autant d'ingrédients qui inquiètent les parents d'élèves. La pandémie de la grippe porcine fait craindre le pire surtout à la lisière de la période hivernale. Afin de parer à toute mauvaise surprise, rappelons que les responsables du ministère de la Santé et de la Population avaient mis en place un programme de prévention et de veille sanitaire dans certains secteurs jugés sensibles. En collaboration avec la direction de la Santé et de la population, les services de l'Education comptent lancer, dès cette rentrée scolaire, une campagne de sensibilisation des élèves au sujet de la maladie du virus A/H1N1. Les premiers cours de cette rentrée scolaire seront réservés à la définition de la maladie, les voies de sa contraction et comment éviter de la choper. Les mesures préventives à prendre en cas de suspicion de foyers de la maladie seront également enseignées aux enfants, afin de les communiquer à leur tour à leurs parents. De son côté, la direction de la Santé a annoncé la mise en marche d'un programme de formation accélérée au profit des médecins autour de la maladie de la grippe porcine. Des cycles courts seront dispensés à ces médecins qui auront à intervenir dans les écoles, en vue de fournir les explications justes et nécessaires au profit des écoliers et lycéens.