Fixée au 13 septembre prochain, à six jours de l'Aïd El Fitr, la rentrée scolaire suscite déjà l'inquiétude des parents. Cet évènement, qui concerne cette année plus de huit millions d'élèves, risque de grever les bourses moyennes, qui seraient lourdement affectées durant les trois premières semaines de mois de Ramadhan. Une crainte justifiée, sachant qu'un lot de manuels scolaires pour un élève du cycle primaire est cédé à plus de 1200 DA. Et à cela s'ajoutent les dépenses pour l'acquisition de fournitures scolaires. «C'est une rentrée qui fait vraiment peur», confient unanimement Chahra, Karima et Dalila. Les deux premières sont femmes au foyer, la troisième est fonctionnaire au ministère des Finances. «C'est la première fois que nous insistions sur le report de la rentrée scolaire. Une rentrée scolaire se prépare. Elle nécessite à elle seule un budget, minutieusement épargné, surtout lorsque la famille compte plusieurs enfants scolarisés dans différents paliers», avoue Nabila, mère de trois enfants. Pour elle, septembre prochain sera certainement le mois de toutes les dépenses, avec ou sans report de la rentrée. Mais elle estime, qu'en optant pour le report de la rentrée pour après l'Aïd, cela aiderait énormément les familles à se préparer financièrement. «Dans ce cas, mes enfants mettront, le jour de la rentrée scolaire, leurs nouveaux habits de l'Aïd», note Karima, faisant allusion aux caprices de sa progéniture. Pour sa part, Mustapha, père de trois garçons, reconnaît que, coïncidant ou non avec le Ramadhan, la rentrée des classes nécessite d'importante dépenses. «Mais que peut-on faire ? Nous n'avons qu'à donner la priorité aux dépenses pour les affaires scolaires», admet-il. Mahmoud Hadji, membre de la fédération nationale des associations des parents d'élèves, fait écho à toutes ces appréhensions. «Nous ne pouvons pas proposer d'alternative pour soulager les parents, mais nous comptons soumettre la question du report de la rentrée ministre lors de la réunion avec les directeurs d'éducation et les différentes associations des parents d'élèves, prévue vers la fin de ce mois», assure-t-il. Tout en pressentant les difficultés financières auxquelles feront face les fonctionnaires d'une manière générale, le coordonnateur du Cnapest, Nouar Larbi, estime que le report de quelques jours de la rentrée ne constituera nullement une solution financière. «La meilleure solution consiste à trouver une réponse aux inquiétudes et aux soucis des citoyens», estime-t-il. «La programmation de la reprise des cours à une semaine de l'Aïd n'est en réalité qu'une opportunité pour mesurer le malaise d'une large catégorie de notre société et relancer le débat sur la revalorisation des salaires. Autant augmenter les salaires et améliorer le pouvoir d'achat», suggère-t-il. C'est aussi le souhait des parents d'élèves. Mais il faut retenir qu'au-delà de l'aspect financier de la rentrée scolaire, il y a un détail à ne pas négliger. Certains enseignants reconnaissent, par expérience, que bon nombre d'élèves en âge de jeûner, ont des difficultés à suivre et assimiler les cours. «Cette année, au cas où le ministère maintient la date de la rentrée scolaire, la première semaine du 13 septembre, jusqu'à la veille de l'Aïd, ne sera consacrée qu'à la prise de contact entre les élèves et leurs enseignants. Les enfants étant habitués à l'insouciance des grandes vacances», confie une enseignante dont la reprise du travail de sa corporation est fixée au 1er septembre.