Les viandes rouges ont de nouveau flambé, ces dernier jours, alors qu'on s'attendait à des prix plus abordables après le Ramadan en raison de la baisse de la demande. Même dans les wilayas pastorales, telles que Méchéria, les boucheries affichent des prix inhabituels allant de 750 à 800 DA pour un kilo d'agneau estampillé. Quant au nord du pays, la palme revient incontestablement à Oran et Alger, deux villes où un kilo de viande ovine est cédé entre 850 et 1.100 DA entre le tout-venant et les morceaux de choix. La première remarque qui ressort de cette envolée des viandes est que ce sont les wilayas de l'Ouest qui semblent avoir été touchées par cette flambée. Ainsi, durant ces deux derniers jours, à Tlemcen, Tiaret et Sidi Bel-Abbes, le kilo d'agneau a été cédé à 900 DA, alors qu'à Mostaganem, les consommateurs ont dû payer un kilo entre 850 et 900 DA. En revanche, les plus bas prix sont signalés à Constantine avec un prix entre 680 et 750 DA, alors que le prix du poulet a connu une chute vertigineuse pour atteindre 240 DA. Dans le même temps, le poulet semble encore inabordable pour les consommateurs de l'Ouest avec un prix allant de 290 à 340 DA le kilo. Aux abattoirs d'Oran, on affirme que l'offre des maquignons est moins importante en raison du retour des pèlerins de la Omra. Mais cette explication ne semble pas convaincante et la plus fiable nous vient de la wilaya de Méchéria qui affirme que les dernières pluies ont régénéré les terrains de parcours ce qui est en soi une aubaine pour les éleveurs qui préfèrent paître leurs troupeaux pour l'engraissement, en perspective du départ des hadji et de l'Aïd El-Adha, une fête à laquelle les chefs de famille n'ont d'autre alternative que de se résigner même si le prix est élevé. D'autres sources font remarquer un autre phénomène. La venue de maquignons et de chevillards des wilayas de l'Est du pays qui proposent des prix alléchants pour acheminer le cheptel vers les régions frontalières. Du coup, il est permis de spéculer sur la reprise du réseau spécialisé dans la contrebande du cheptel qui alimente notamment le marché tunisien. Cette approche semble plausible, étant donné que les régions pastorales de l'Est sont également connues tant en matière de qualité que celle de la population ovine. Les éleveurs de Méchéria sont devenus exigeants et ne cèdent un agneau de 20 kg qu'au-dessus de 17.000 DA, alors que pendant les périodes de sécheresse et devant la cherté de l'aliment, le prix a chuté jusqu'à 11.000 DA. Pourtant, la batterie de mesures prise conjointement par le ministère de l'Agriculture et du développement rural et celui du Commerce ne laissait pas présager une telle hausse des prix de la viande ovine. C'est le cas de l'exemption de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en vigueur jusqu'au 31 décembre 2009, des engrais, des produits phytosanitaires et des intrants pour la fabrication de l'aliment de bétail et des loyers portant sur les matériels agricoles, produits localement, dans un cadre de contrat de crédit bail. Cette mesure contenue dans le cadre de la LFC 2008 a été suivie par une autre de la part de l'ONAB qui a réduit les prix de ses produits à hauteur de 10 %. Aussi, l'initiative prise par les pouvoirs publics durant la période de Ramadan de cette année en proposant le poulet à 250 DA et l'agneau frais à 680 DA est également à mettre dans le même registre. Toutefois, toutes ces dispositions visant à réguler le marché semblent n'avoir pas atteint cet objectif et les réseaux de spéculateurs continuent à détenir les leviers de commande d'un secteur qui échappe à tout contrôle de l'Etat. A titre d'exemple, les bouchers du marché des Aurès (la Bastille), à Oran, affichaient 1.000 DA pour le kilo de la viande ovine, le tout-venant. Même par rapport à la période de l'Aïd, où la demande est particulièrement forte, cette envolée des prix est considérée par les bouchers comme étant un pic rarement égalé. Ceci est vérifiable au niveau des abattoirs d'Oran où les quelques maquignons habitués des lieux ne proposent que des agneaux dont le poids net n'excède pas les 15 kg et rares sont ceux qui proposent des bêtes dont le poids est en dessus de 20 kg. Ces mêmes maquignons, apparemment fixant les prix selon la demande, ne marchandent guère et un agneau de 12 à 13 kg de viande n'est pas cédé en dessous de 16.000 DA, et un petit calcul arithmétique nous donne un kg en brut de plus de 1.000 DA, certes faisant gagner notamment au boucher dans la vente de quelques organes prisés tels le foie dont le kg est cédé actuellement à plus de 1.200 DA. Sur les raisons de cette flambée inattendue des prix de la viande ovine, aussi bien les bouchers que les maquignons, qui voient leurs activité affectées, estiment qu'elle est injustifiée contrairement aux années précédentes durant lesquelles les éleveurs étaient contraints de payer cher l'aliment de bétail.