Les bouchers eux-mêmes n'arrivent pas à expliquer cette soudaine augmentation des tarifs. Les prix des viandes blanches et rouges connaissent ces derniers jours une fluctuation permanente sur les marchés. La veille du Ramadhan de cette année s'est singularisée, en effet, par une variation brutale des prix du poulet, de la dinde, des viandes de bœuf et de mouton. C'est ainsi qu'au niveau du marché Ali-Mellah de la place du 1er-Mai, des marchands de viande séparés juste par un mur affichent des prix divergents. “350 DA le kg de poulet, 750 DA le kg d'escalope de dinde, 950 DA le kg de viande ovine et 800 DA le kg de viande bovine”, chez le premier marchand et “380 DA le kg de poulet, 800 DA le kg d'escalope de dinde, 900 DA le kg de viande ovine et 750 DA le kilo de viande bovine”, chez le second marchand. D'autres prix sont affichés chez des marchands qui s'improvisent “bouchers” à l'intérieur de ce même espace commercial. “320 DA le kg de poulet, 700 DA le kg de dinde, 1 000 DA le prix de la viande ovine”. Fait nouveau au sein de ce marché : des “vendeurs de viande” se sont créé des façons propres à eux pour mieux écouler leurs produits. Les cuisses de poulet sont vendues comme un produit à part entière à raison de 450 DA le kg. Les amateurs de cuisses sont donc bien servis. Les cuisses de dinde, quant à elles, sont vendues à 350 DA le kg et les ailes de poulet coûtent 200 DA le kg. Aussi, le poulet est vendu sous deux formes : le poulet totalement éviscéré à 350 DA le kg et 250 DA le kg de poulet avec ses viscères. Ceux qui commercialisent la viande rouge ont également trouvé des astuces pour mieux vendre leur produit : différentes parties de la viande de mouton et du bœuf sont exposées isolément avec des prix variables de telle façon à ne pas faire sentir la flambée des prix des viandes rouges. “Je vous recommande la poitrine de veau qui coûte 650 DA le kg au lieu de celle qui s'affiche à 800 DA le kg”, dira le boucher à une cliente avant de noter que “si c'était moi, je choisirais la poitrine de veau, elle est moins chère”. Le marché Clauzel affiche, quant à lui, d'autres prix. L'escalope de dinde est vendue à 500 DA le kg. La veille, elle était commercialisée à 650 DA le kg. Le poulet se vend à 350 DA le kg. Le prix de la viande ovine varie entre 1 100 DA à 1 200 DA le kg et la viande bovine coûte 800 DA le kg. Il faut dire que le prix qui est resté stable est celui de la viande bovine estimé à 800 DA. À l'instar des marchands d'Ali-Mellah, ceux de Clauzel ont également trouvé des formules pour mieux commercialiser leurs produits : les cuisses de dinde sont vendues au kilo. 450 DA le kg de cuisses de dinde désossées et 350 DA le kg avec les os. Les ailes de dinde sont par endroits vendues 180 DA le kg et 150 DA le kg dans d'autres. Interrogés sur cette flambée des prix des viandes, les marchands eux-mêmes affichaient leur étonnement. À Ali-Mellah, un commerçant dira que “entre hier et aujourd'hui, les choses ont brutalement changé ; la viande ovine qu'on vendait à 650 DA a été propulsée à 950 DA le kg, moi-même je n'arrive pas à m'expliquer ce changement brutal”. Un autre dira, quant à lui, : “C'est incompréhensible cette augmentation car le mois de Ramadhan est censé être un mois de piété et non de flambée des prix.” Interrogé sur les auteurs de cette augmentation des tarifs, un autre marchand indiquera que “ce sont les gens qui nous fournissent en viandes qui ont augmenté les prix”. “Ce sont les gens de l'intérieur du pays qui nous vendent les produits à des prix exorbitants et qui provoquent cette flambée”. Les citoyens, quant à eux, subissent cette hausse des prix et encaissent. En témoigne l'attitude des citoyens aguerris de cette hausse récurrente des produits durant le mois de Ramadhan. Hadja Safia a demandé qu'on lui pèse un morceau d'escalope de dinde sans demander le prix. Interrogée sur son attitude, elle répondra : “C'est le Ramadhan, ils ont dû sûrement augmenter les prix.” La veille de Ramadhan, malgré la flambée des prix, les Algériens n'ont pas manqué d'affluer et en grand nombre dans les marchés.