La rentrée scolaire date d'à peine quinze jours que les syndicats de l'éducation affiliés à l'intersyndicale autonome de la Fonction publique ont appelé à une journée de grève nationale pour ce 5 octobre, coïncidant avec la Journée mondiale de l'enseignant. Les syndicats de l'enseignement supérieur, dont le secteur n'a fait sa rentrée qu'hier, leur ont emboîté le pas. L'action projetée a valeur de test pour la mobilisation que ces organisations sont encore en mesure de susciter parmi les corps enseignants. Sa réussite ou son échec préfigurera ce que sera le mouvement de protestation sociale dans le secteur de l'enseignement tout au long de l'année, puisque les syndicats qui l'organisent ont prévenu par avance que les débrayages feront partie du paysage scolaire dès le début de la rentrée. Dans une conférence de presse qu'ils ont organisée samedi pour annoncer la journée de grève, les principaux responsables de ces organisations syndicales ont réitéré le constat que «le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur se débat dans une situation catastrophique sur le plan pédagogique avec la surcharge des classes, les volumes horaires, la réduction des postes budgétaires et le plan social avec la non-modification du statut particulier, la non-promulgation du régime indemnitaire, la perte vertigineuse du pouvoir d'achat, la contractualisation et la précarisation de l'emploi». Ils ont par ailleurs dénoncé «le silence et la fuite en avant des pouvoirs publics et leur absence à répondre aux revendications légitimes des travailleurs de leurs secteurs». Il nous avait pourtant semblé que ces pouvoirs publics ont affiché des dispositions favorables au dialogue. C'est en tout cas ce que nous avons cru déceler dans certaines déclarations du ministre de l'Education et de hauts cadres de son département à la veille de la rentrée scolaire dont ils coordonnaient et contrôlaient les préparatifs. Benbouzid, ce qui était nouveau chez lui, a exprimé sa disponibilité à dialoguer avec les syndicats existants dans son secteur. Son collègue de l'enseignement supérieur, Harraoubia, a déclaré être dans la même intention d'esprit. Les syndicats autonomes n'accordent apparemment aucune crédibilité à la reconversion de ces deux ministres à la vertu du dialogue et de la concertation. Sachant qu'en réalité ils persistent à ne leur reconnaître aucune représentation. Ils n'ont pas tort par conséquent de continuer à faire la pression par le recours au débrayage, car même des discussions avec ces ministres seront vides de résultats. Pour la raison que c'est le plus haut niveau de l'Etat qui a seul le pouvoir de décision concernant les revendications que pose le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Durant l'année scolaire précédente, les syndicats autonomes ont organisé de multiples mouvements de protestation : certains ont connu un incontestable succès. Sauf qu'en agissant en rangs dispersés pour des considérations qui n'avaient rien à voir avec des divergences sur le fond de leur cahier de doléances, ces syndicats ont fini par semer le doute dans les rangs de leurs troupes et enlevé ainsi de l'efficacité dans la pression à leurs actions. Quitte à nous répéter donc, la journée de protestation à laquelle les syndicats autonomes ont solidairement appelé pour aujourd'hui, renseignera si les corps enseignants de l'éducation et du supérieur ont décidé de surmonter la déconvenue que leur a occasionnée la désunion de leurs représentations syndicales et sont toujours disposés à poursuivre le combat.