Une autre activité de la Laddh interdite par les autorités. La ligue de Mostefa Bouchachi proclame qu'elle continuera à «exister» malgré les interdictions. Une rencontre sur l'abolition de la peine de mort, dont l'organisation était prévue pour ce samedi à Alger par la Ligue algérienne pour la Défense des droits de l'Homme, a été interdite par les autorités. La Laddh indique, dans un communiqué de son président Mostefa Bouchachi, avoir reçu jeudi soir, une notification des services de la DRAG (Direction de la Réglementation des affaires générales) de la wilaya d'Alger lui interdisant de tenir la «rencontre nationale sur l'abolition de la peine de mort le samedi 10 octobre, à l'Hôtel El-Biar, à Alger». La Ligue des droits de l'Homme, qui a déjà essuyé plusieurs interdits d'organiser des rencontres de la part des autorités, y voit une volonté du pouvoir de l'empêcher d'exister. Le communiqué de M. Mostefa Bouchachi, intitulé «malgré les interdictions, nous continuerons d'exister», dénonce une «interdiction non justifiée (...) qui ne peut trouver sa justification que dans la gestion arbitraire des affaires de l'Algérie». La ligue dénonce un «refus paranoïaque» des autorités face «à toute initiative de la société civile qui vise à installer un débat national incluant les représentants de l'Etat sur des sujets qui concernent toute la société, notamment la question de la peine de mort». A défaut de pouvoir organiser la rencontre dans l'hôtel El-Biar, comme cela était prévu, la Laddh a décidé de la maintenir et de l'organiser au niveau de son siège, à Alger. La rencontre s'inscrit dans le cadre de la Journée mondiale de l'abolition de la peine qui se déroule chaque 10 octobre depuis 2002. Elle avait été lancée à l'initiative de la Coalition mondiale contre la peine de mort réunissant des ONG et collectivités (aujourd'hui au nombre de 96). Un moratoire salué par la LADDH L'interdiction signifiée par les autorités à l'activité de la Laddh ne semble pas liée à la thématique de la rencontre. Si les tribunaux algériens continuent de prononcer des peines de mort - plus de 200 en 2008, ce qui place l'Algérie, selon Amnesty International, au 4ème rang après la Chine (plus de 7.000 condamnations), l'Iran (285) et le Pakistan (236) -, celles-ci ne sont plus exécutées depuis 1993. En octobre 2008, à l'occasion de la 6ème Journée mondiale contre la peine de mort, la Laddh avait d'ailleurs salué la «suspension de l'exécution des peines capitales prononcées par la justice algérienne depuis ces quinze dernières années» et appelé les «pouvoirs publics (exécutifs et législatifs) à oeuvrer dans le proche avenir à l'abolition de la peine capitale dans le code pénal». Ce moratoire sur la peine fait qu'en théorie rien n'empêche un débat sur la question. Des militants de la Laddh sont d'ailleurs convaincus que c'est «l'existence» même de la ligue que les autorités ne veulent pas admettre. Ils rappellent que d'autres activités prévues par la Laddh ont été interdites par les autorités. En mai dernier, les pouvoirs publics ont interdit un séminaire de formation en matière de droits de l'Homme au profit de 25 journalistes. En octobre 2008, une rencontre de la LADDH sur les émeutes d'Octobre 1988 prévue à la Fondation Ebert a été également interdite.