Certains d'entre nous n'ont pas eu le temps de cesser de s'étonner de voir les Etats Unis, par la voix de leur président, «entreprendre de penser» changer de politique à l'égard de leur ami et allié de toujours, Israël, que déjà ils commencent à être étonnés d'y avoir cru ne serait-ce qu'un instant. Les bribes d'espoirs et les vagues illusions engendrées par le doux discours du Caire par lequel Obama a bien voulu encenser les oreilles des arabes, se sont avérées plus fausses que le mirage de nos déserts et plus éphémères que les promesses de nos propres dirigeants. Lorsqu'il avait prononcé son discours du Caire, le nouveau et jeune président des Etats Unis d'Amérique était encore sous l'ivresse de son élection et emporté par ses propres promesses. Mais, au réveil, et comme toujours, ce sont ceux d'entre-nous qui ont osé y croire qui se découvrent la gueule de bois et qui découvrent, avec la même désolation d'il y a cent ans, qu'ils ont été floués et arnaqués dans un jeu qui n'est pas le leur et par ceux qui n'ont jamais été leurs amis. Encore une fois, la réalité a été rude pour ceux d'entre nous qui se sont laissés emportés par la douceur d'un discours, par l'attrait de belles promesses ou par la perfidie des mensonges. Encore une fois, la réalité est trop dure à avaler ; mais tel un médicament de très mauvais goût, elle est nécessaire pour nous guérir de nos insuffisances naturelles, de nos hypocrisies incroyables et de nos curieux complexes à l'égard de nous-mêmes et des autres. La main mise du lobby sioniste sur la politique des Etats-Unis, et sur leur politique étrangère en particulier, est aussi vraie que notre manque d'implication, à nous arabes, dans notre propre destin. La mobilisation des sionistes autour de leurs intérêts est aussi claire que l'inconscience qui nous caractérise lorsqu'il s'agit de défendre nos intérêts et leur unité est aussi frappante que la dispersion dans nos rangs. Cette fois, la vérité est venue de la bouche d'une Hillary Clinton, bien plus ancienne en la matière qu'un Obama qui fait à peine ses premiers pas. Une Hillary dont on saisit mieux maintenant le sens de la désignation au poste qu'elle occupe dans l'administration d'Obama contre lequel elle avait pourtant engagé une guerre sans merci lors des primaires. Rien, en effet, ne laissait prédire un tel poste pour cette femme et seuls ceux qui auraient décidé, dans une stratégie bien pensée, de la repêcher de cette manière savaient ce qu'elle allait avoir comme rôle réel et, surtout, ce qu'elle allait exécuter réellement comme tâche. Cette fois, le réveil a sonné - et de Marrakech comme par hasard-pour ceux qui, d'entre-nous, se sont laissés aller aux rêves et aux utopies. Tous ceux qui se sont laissés aller à rêver d'une paix pour la Palestine, d'un Etat pour les Palestiniens, d'une capitale autour de la mosquée d'El Aqsa ont dû recevoir un choc en entendant Hillary Clinton exalter les efforts de coopération et même l'amabilité de Netanyahu. Ils ont dû ressentir un frisson d'indignation en l'entendant dire, avec sourire et grandes dents, que les concessions de l'actuel chef de gouvernement d'Israël sont inédites. Qui n'a pas sursauté en voyant La secrétaire d'Etat et envoyée d'Obama au Maroc exiger de Abbas et, à travers lui des arabes, de se départir de toutes les conditions préalables aux négociations avec les israéliens ? Qui n'a pas compris que la récréation, pour Obama lui-même, est terminée? Oui, maintenant que les choses se précisent, n'est-ce pas que le lobby sioniste a laissé à Obama le temps de se réveiller en douceur de ses naïves idées de jeunesse avant de reprendre le contrôle de la situation ? Tout le monde aurait deviné qu'Obama, et à partir du moment où il a accepté un prix Nobel de paix qu'il est loin de mériter en tant que Président d'un pays en guerre, a accepté le rôle qui lui est attribué par les faiseurs de la politique étrangère américaine. Alors? Finis les beaux discours d'un jeune noir porté à la tête de la plus grande puissance mondiale ? On a bien peur que Oui ; et même si, un jour, Barack Obama revient avec son air d'enfant parler du monde arabe et de l'Islam, il ne faut surtout pas croire que les belles paroles qu'il peut prononcer sont sincères car ce sont des mots destinés à encenser ceux qui d'entre-nous continuent à croire au miracle. Il n'y a plus de miracles depuis qu'il n'y a plus de prophètes sur terre. Tous ceux qui promettent des miracles ne sont, en fait, que des naïfs lorsqu'ils ne sont pas, tout simplement, des menteurs. Et c'est donc tout à fait normal que certains arrivent à la conclusion que « autant Bush était un menteur, autant Obama serait un naïf « (le nouvel Obs.com) mais ce qui grince cependant c'est que, autant le mensonge des uns que la naïveté des autres, ne sont vérifiables que lorsqu'il s'agit des arabes et des musulmans. Pourquoi ? Une question qu'il ne faut surtout pas demander à nos dirigeants arabes de bien méditer ! La politique étrangère des Etats Unis, surtout pour ce qui est du Proche Orient et des pays Arabes, est très claire. Assez en tout cas pour que les utopistes tirent enfin la chasse et pour que les autres, tous les autres, se taisent.