Les effondrements partiels se succèdent au niveau de plusieurs quartiers à forte concentration de vieilles bâtisses, notamment à Bel Air, Sidi El-Houari, entre autres. Heureusement, pour l'instant, aucun dégât humain n'a été enregistré, quoi que plusieurs familles vivent actuellement dans la rue. Ainsi, l'effondrement, il y a plus d'une semaine, d'une bonne partie de l'immeuble sis au 06, rue des Jardins, a contraint les onze familles y habitant à fuir leurs habitations de crainte de se retrouver sous les décombres. N'ayant d'autre choix, les locataires ont installé une tente de fortune en attendant une éventuelle intervention des autorités locales. Selon les familles sinistrées, les enfants sont toujours sous le choc et n'arrivent plus à supporter les conditions de vie sous les tentes. «Bien avant l'effondrement, nous avons lancé des appels en direction des responsables concernés, mais nos appels sont restés vains», assure une mère de famille, qui tient à lancer un énième appel au wali d'Oran, l'invitant à envoyer un émissaire pour constater l'état de l'immeuble et les conditions dans lesquelles les familles vivent. «Nous avons été sommés de quitter l'immeuble par les services de la Protection civile, car l'immeuble risque de s'effondrer complètement à tout moment», assure la même interlocutrice. Cette dernière rappelle que ces familles vivent dans cet immeuble depuis plus de quarante ans et ont déposé des demandes de relogement depuis plus de deux décennies, mais jusqu'à présent, aucun responsable n'a daigné se pencher sur leur cas. «D'autres immeubles ont été évacués et des dizaines de familles ont été relogées, alors que notre situation n'a toujours pas été prise en charge, malgré la menace constante qui pèse sur nous», ajoute la même dame. En attendant l'intervention des services concernés, les onze familles affirment qu'ils n'ont d'autre espoir qu'une intervention directe des autorités locales et à leur tête le wali d'Oran pour mettre un terme à un calvaire qui dure depuis plus d'une dizaine d'années. «En attendant, nos enfants continuent de souffrir sous les tentes et avec l'hiver, nous craignons le pire», concluent les familles sinistrées. Pour rappel, le 3 novembre dernier, 21 familles de l'immeuble vétuste situé au 27, rue Houari Belhouari, dans le quartier de Bel Air, ont été pris de panique après l'effondrement partiel survenu dans deux appartements situés au deuxième étage. Le bilan aurait pu être lourd si les enfants étaient dans la cour au moment de l'incident. Les occupants du premier et deuxième étages sont restés coincés après l'effondrement du hall donnant sur la cour et séparant les entrées. Heureusement, ils ont pu être dégagés après l'intervention des éléments de la Protection civile. Ces derniers, pour éviter d'éventuels blessés, ont demandé l'évacuation urgente des lieux. Paradoxalement, cette mesure de prévention n'a pu être appliquée car les sinistrés n'avaient pas où aller. «Tout est en ruine maintenant, nous n'avons pas où aller», avait déploré une jeune habitante. Paniquées et livrées à elles-mêmes, ces familles ont peur de revivre le drame de 2004 où un père de famille est décédé dans un effondrement partiel survenu au premier étage. Ce drame ne cesse de hanter les esprits car le danger est permanent et les doléances des sinistrés n'ont jamais été prises en considération, indique-t-on. Ainsi, et tout en s'interrogeant sur le fait qu'un immeuble en ruine ait été classé en catégorie 2 au lieu de la catégorie 1, les concernés ne trouvent pas toujours de réponse à une décision qui met en péril leur vie. «Regardez, les murs s'effritent et les toitures sont à ciel ouvert», clame un autre père de famille. Pire encore, les habitants craignent d'être ensevelis sous la bâtisse. «Nous sommes sur une grande fosse septique et les dégâts en cas d'effondrement peuvent être lourds», estiment les habitants, inquiets. Tout en dénonçant le danger qui les guette, les habitants ont précisé que toutes les démarches ont été entreprises pour faire aboutir leurs revendications, mais sans suite. D'autre part, les familles lancent un appel au wali d'Oran pour que la commission chargée du vieux bâti se rende sur les lieux et constate de visu ce qui se passe dans des appartements de deux pièces humides et abritant huit familles et réévalue le danger, ainsi que la classification de l'habitation. Par ailleurs, le relogement de la deuxième tranche des familles des Planteurs aura lieu officiellement cet été, et plus précisément durant la deuxième quinzaine du mois de juillet, rappelle-t-on. Toutefois, le nombre des familles à reloger reste tributaire du nombre de logements réalisés sur les 6.000 logements inscrits dans le cadre du programme de restructuration du quartier des Planteurs. «Les travaux de réalisation des logements sont toujours en cours», assure notre source. Pour cette seconde tranche, les responsables en charge de l'opération prévoient le relogement de 3.000 nouvelles familles, par étapes. Outre les logements, il est prévu également la réalisation d'infrastructures éducatives, administratives et de services pour une prise en charge totale des besoins des familles relogées. Au total, et dans le cadre de ce programme, 3.000 familles, représentant la première tranche, avaient été relogées ces trois dernières années au niveau des sites de Haï El-Yasmine, Haï Ennour et Haï-Essabah. Quelque 800 autres familles, sinistrées ou habitant dans des immeubles menaçant ruine, avaient aussi bénéficié de logements dans le cadre des dispositions prises par la wilaya pour la prise en charge des familles sinistrées. D'autre part, et selon nos interlocuteurs, plus de 15.000 familles habitant dans plus de 1.900 immeubles en ruine ont été recensées dernièrement à travers une quinzaine de quartiers de la ville. Contrairement aux idées reçues, la plus grande concentration d'immeubles en ruine ne se trouve pas à Sidi El-Houari ou Haï Derb, mais au quartier de St Pierre qui compte plus de 320 immeubles menaçant ruine, viennent ensuite le centre-ville avec plus de 290 immeubles, puis le quartier du Plateau avec plus de 260 immeubles, ainsi que Bel Air, entre autres. La majeure partie de ces immeubles nécessitent soit des travaux de réhabilitation, soit le relogement des familles et la démolition des vieux immeubles irrécupérables. Il est à signaler que le nombre prévisionnel de logements à expertiser au niveau de trois communes de la wilaya, à savoir les communes d'Oran, d'Arzew et de Mers El-Kébir, est estimé à 54.500 logements, quelque 50.000 logements à Oran, 4.000 logements à Arzew et 500 logements à Mers El-Kébir. Selon des sources proches de la wilaya d'Oran, à ce jour, le nombre de logements diagnostiqués est estimé à 23.963 logements. Pour la commune d'Oran, la priorité a été accordée à certains quartiers notamment Sidi El-Houari, El-Emir, St Pierre, Medina Djedida, Ras El-Aïn, entre autres.