Le ciel algérien restera encore fermé à la concurrence. La clientèle du réseau domestique devra attendre pour profiter d'une ouverture du marché. Le ministre des Transports, M. Amar Tou, n'a fait cependant que réaffirmer ce qui semble être devenu une doctrine chez le gouvernement algérien: ne plus refaire dans le secteur aérien ce qui a été fait dans les télécoms où l'opérateur historique - cas rare - s'est retrouvé rapidement supplanté par un nouveau venu. Ainsi contrairement à ce qui s'est passé pour la téléphonie mobile, le transport aérien domestique ne sera pas ouvert et Air Algérie conservera son quasi monopole, l'existence de Tassili Airlines ne pouvant être considérée, dans les circonstances actuelles, comme porteuse d'une offre substantielle pouvant dynamiser la concurrence. On est donc très loin de pays voisins, comme le Maroc, où des compagnies low-coast sont venues concurrencer la compagnie historique sur le réseau intérieur. A lire les déclarations de M. Amar Tou, lundi devant les députés, l'ouverture n'est pas pour bientôt. Elle est en effet conditionnée à l'état de préparation de la compagnie publique à affronter la venue de la concurrence. L'ouverture au secteur privé, a-t-il indiqué, n'aura lieu que lorsque seront réunies des «conditions concurrentielles nécessaires notamment pour la compagnie nationale Air Algérie qui n'a pas encore renouvelé sa flotte aérienne devant lui permettre de concurrencer les autres compagnies». L'ouverture du secteur du transport aérien est donc renvoyée «à une date indéterminée afin de permettre à Air Algérie de recouvrer sa capacité concurrentielle». Tassili ne décolle pas A l'évidence, il faudra attendre un renouvellement de la flotte de la compagnie qui vient de bénéficier de crédits à bas intérêts sur trente ans. Pour rappel, Air Algérie a commandé 7 moyen-courriers B737-800 chez le constructeur aéronautique Boeing qui s'ajoutent aux quatre moyen-courriers commandés par la compagnie de Sonatrach, Tassili Airlines. Cette dernière est de facto la seule concurrente potentielle de la compagnie Air Algérie sur le réseau domestique. Il faudra cependant du temps pour que cette concurrente potentielle ne se traduise dans les faits pour avoir une incidence significative. Tassili Airlines reste pour le moment confinée à son domaine initial, celui du transport des personnels du secteur pétrolier au sud du pays. Certains estiment qu'il y a une déperdition de moyens et qu'on gagnerait, après le retrait d'Air Algérie de Tassili Airlines, en 2005, à recréer un partenariat pour réduire les coûts. Mais en termes de concurrence, le ciel d'Algérie restera figé et partagé par les deux compagnies publiques. En matière de règlementation, le seul créneau ouvert au secteur privé reste celui des taxis aériens «d'une capacité égale ou inférieure à 20 sièges ou à 2.000 kilogrammes de fret». Deux entreprises d'avion-taxi existent déjà: Star-Aviation et Air Express. Cette activité ne concerne pas le grand public et n'a pas d'incidences sur l'offre en matière de transport aérien interne. Rien qui puisse bouleverser un espace aérien domestique rendu au monopole après le passage du météorique Khalifa Airways.