La dégradation de la fertilité des sols, le recul du couvert forestier et l'érosion des terrains de parcours réduisent la capacité des terres à supporter les cultures vivrières, fournir des produits et préserver la santé d'écosystèmes locaux qui abritent de nombreuses espèces. Les scientifiques considèrent que les terres agricoles des zones arides et des régions boisées sont les plus touchées par la dégradation des sols. Elles représentant un quart environ des terres émergées et produisent 95% des protéines animales et végétales et 99% des calories consommées par l'homme. Au cours des 50 dernières années, les deux tiers environ des terres agricoles ont subi une dégradation plus ou moins importante. Aujourd'hui, près de 40% des terres agricoles dans le monde sont gravement dégradées. Selon le Dr Mazour Mohamed de l'université de Tlemcen, la région du nord-ouest de l'Algérie est la plus productive, mais aussi une zone très fragile : les montagnes sont jeunes, les roches molles (marnes et schistes alternant avec des roches dures comme le calcaire et les grès). Le climat méditerranéen semi-aride offre des pluies fines, mais saturantes pendant l'hiver frais et des averses orageuses dangereuses durant les mois torrides de l'été. Les sols (régasols, vertisols, gris, sols bruns calcaires, sols rouges fersialitiques) sont souvent battants à la pluie, caillouteux, pauvres en matières organiques et carencés en phosphate et en azote. Selon lui, l'érosion en nappe et rigoles, en ravine et en masse, la divagation des oueds et la dégradation des berges, la destruction des routes et l'envasement accéléré des réservoirs sont les signes d'une dégradation poussée et généralisée des paysages de cette zone. D'après ce chercheur universitaire, il s'est développé, de 1940 à 1970, une stratégie d'équipement lourd du milieu rural (défense et restauration des sols) pour remédier à ces graves problèmes d'érosion, qui a comporté : la reforestation des hautes vallées et des sommets de montagnes (800.000 ha depuis 1962), la correction torrentielle dans le périmètre de protection des barrages, le terrassement des terres de culture (on a aménagé des banquettes algériennes sur plus de 350.000 hectares en 30 ans, dont plus de 30.000 ha dans les monts des Traras et plus de 72.000 ha pour la wilaya de Tlemcen). L'objectif principal était de ralentir l'envasement des barrages car le nombre de sites favorables à la construction de réservoirs d'eau est limité. Mais en 1977, l'échec de la RDS en milieu rural fut clairement constaté. Les paysans refusent le système des banquettes qui leur fait perdre 10 à 20% de surface cultivable et n'améliore guerre la productivité des terres et la vitesse d'envasement des réservoirs ne fait que croître ! Les projets de terrassement furent arrêtés pour des raisons économiques. Les forestiers ont continué leur oeuvre de reforestation et de correction torrentielle. Mais à part quelques projets d'amélioration foncière (rootage des sols bruns à croûte calcaire), on ne fit plus grand-chose pour stabiliser les terres cultivées chez les paysans. M. Mazour affirme que les premières mesures en 1989, de l'érosion et du ruissellement en parcelles dans les micro-bassins versants de Sidi Ahmed Chérif et Bounakhla Heriz, ainsi qu'à Gourari et Madjoudj, dans le bassin versant de l'Isser et l'analyse des facteurs de risque ont conforté l'hypothèse selon laquelle l'érosion en nappe des versants n'apporte qu'une faible part (0,2 à 1 t/ha/an) aux transports solides des oueds. Ceci pourrait expliquer pourquoi l'envasement des réservoirs était peu réduit, même si on avait beau aménager les versants en pentes. M. Mazour ajoute qu'aujourd'hui, le gouvernement algérien propose le retour à la terre et l'intensification de l'agriculture de montagne, mais il espère que cela peut se faire sans accélérer la dégradation des terres du montagne et l'envasement des réservoirs d'eau indispensables au développement de l'irrigation et au développement des communautés rurales. Pour intéresser le paysan à préserver sa terre et la qualité des eaux de surface, il semble indispensable, selon le Dr Mazour, de répondre d'abord aux problèmes immédiats des paysans : comment améliorer leurs revenus et leur sécurité en améliorant la gestion de l'eau et des nutriments sur les terres en production ? C'est l'objectif de la nouvelle stratégie de conservation de l'eau et des sols : GCES (Gestion conservatoire de l'eau, de la biomasse et de la fertilité des sols). Cette dernière expérimentée en Algérie (Tlemcen, Mascara et Médéa) depuis 1989 semble donner de bons résultats. Si cette érosion demeure modérée, il n'en demeure pas moins qu'elle altère fortement la mince pellicule organo-minérale de la surface du sol, qui est la source essentielle de la fertilité, d'où une diminution d'une manière importante et continue des rendements.